J’étais déjà de retour à la maison, en train de digérer notre première défaite de la saison à domicile, la semaine dernière contre les Rapids du Colorado, lorsque j’ai commencé à recevoir des avertissements. Sur Twitter, on me disait de ne pas porter attention à certains « messages », mais je dois avouer que j’étais confus. Je ne comprenais absolument  pas de quoi on me parlait.

Puis, éventuellement, j’ai été mis au parfum. Quelqu’un avait, par l’entremise des réseaux sociaux, envoyé des menaces haineuses à notre capitaine Davy Arnaud. Des mots agressifs, violents même, avaient été crachés pour cibler des membres de sa famille. Ça dépassait clairement les bornes.

J’en reparle aujourd’hui parce que l’organisation de l’Impact a décidé de porter l’affaire en justice, un choix que j’approuve entièrement.

La nature du métier fait des athlètes professionnels des cibles de choix pour la critique, et c’est une réalité que j’accepte sans rechigner. Quand on évolue dans l’œil du public, qu’on pratique son art à la vue de milliers de personnes, c’est impossible de plaire à tout le monde. Certains vous nous aimer, d’autres nous détester. C’est naturel et on ne peut rien y faire. Mais il y a des limites à tout ça.  

Tout le monde a droit à son jugement, à son opinion par rapport à nos performances. Mais quand le venin se propage à l’extérieur du cadre et atteint des sujets personnels, comme la famille par exemple, je trouve ça inacceptable.

Ces gens qui se sentent en droit de décharger leur fiel sur le bouc-émissaire de leur choix en prétextant que ce ne sont après tout que d’inoffensifs paroles sont dans l’erreur. On vit à une époque où tout va très vite. Parfois, on néglige des petits détails qui mènent à des tragédies et ensuite, on se demande si on aurait pu déceler des signes avant-coureurs. À mes yeux, les mots qu’on utilise ont du poids et il faut peser chacun d’eux avant de dire quelque chose qu’on pourrait regretter. Il faut faire attention.

Le bon côté de cette histoire, c’est qu’on a pu voir plusieurs partisans se porter à la défense de notre capitaine en s’en prenant à son bourreau virtuel. Ça démontre que des amateurs sont là pour supporter ce qu’on accomplit sur le terrain et qu’ils demeurent derrière nous dans les bons comme les mauvais jours. C’était bien de voir nos supporteurs avoir leur mot à dire dans cette histoire.  

Comme je suis un gars de la place, ce malheureux incident m’a affecté parce qu’il ne projette pas une belle image de notre communauté. Ce n’est pas grand-chose, mais un aspect négatif va toujours être amplifié et ça vient ternir un brin le petit monde du soccer montréalais. Ça fait parler négativement, un peu comme ce fut le cas avec la saga des turbans. Ceci dit, à mes yeux, ça n’enlève rien à nos fidèles supporteurs. Il s’agit d’un cas isolé comme il s’en produira toujours dans le monde du sport.  

Je ne suis pas qualifié pour juger de la punition que mérite l’amateur visé par cette affaire. Je souhaite simplement que cette personne réalise que de tels agissements ne passent pas dans le vide. Tu ne peux pas lancer des mots en l’air en pensant que tu n’auras pas à faire face aux conséquences.

Aujourd’hui, les gens se cachent derrière des pseudonymes ou des faux comptes pour propager des choses qui peuvent faire le tour du monde en deux ou trois secondes. On est dans une ère où tout le monde veut son 15 minutes de gloire, pour reprendre les paroles célèbres d’Andy Warhol. Mais tout ce que tu dis peut revenir te hanter et il faut que les gens le sachent.  

En quête d’un oasis

Le petit passage à vide qu’on traverse depuis une quinzaine vient un peu porter ombrage au bilan d’une première moitié de saison très intéressante.

« Le chemin sera très dur »
« Le chemin sera très dur »

Toutes les équipes traversent un désert en quête d’un oasis en cours de saison. Il ne faut pas s’affoler! On avait très bien débuté la saison, on était sorti en grand. On a gagné le championnat canadien et une belle image de notre équipe a pris la direction des quatre coins de l’Amérique. On a élevé les standards. Il est donc normal qu’une petite période creuse – lire une récolte insuffisante de points dans un période donnée – soit accompagnée de remises en question.

On peut piger un peu partout pour expliquer nos récents insuccès. Plusieurs joueurs ont emmagasiné beaucoup de minutes depuis le début de la saison. La fatigue peut donc être un facteur à considérer, tout comme la possibilité d’avoir été frappés par un laisser-aller naturel. Quand tout va bien et que l’adversité pointe soudainement le bout du nez, tout le monde se dit que ça va aller, que tout va finir par s’arranger... mais en s’attendant à ce que le voisin fasse la différence. On se dit que quelqu’un va faire l’arrêt, ou le tacle ou le but qui fera en sorte que tout redeviendra comme avant. Mais c’est rarement aussi simple! 

Ce ne sont toutefois pas des problèmes majeurs. Les hauts et les bas en font partie, mais les bonnes équipes savent gérer ces choses-là.  

Maintenant, place à la deuxième moitié de la saison. C’est à nous de reprendre l’énergie, de retrouver la volonté qui faisait notre grande force et de se remettre sur le droit  chemin. Trois grands matchs nous attendent dans les prochaines semaines, dont le prochain contre les Red Bulls de New York.  Il s’agira d’un très bon test pour se remettre en marche.

N’oubliez pas que ce n’est pas le début d’une saison qui compte, mais plutôt ta position lorsqu’elle prend fin.

Certains attendent leur chance

Nos succès dans le dernier droit passeront par l’apport de joueurs dont la contribution ne fera qu’augmenter à partir d’aujourd’hui. On en a eu un avant-goût lors de notre plus récent match alors que Collen Warner et Sanna Nyassi ont été titularisés pour apporter de l’eau au moulin.

Avec l’ajout des rencontres de la Ligue des champions de la CONCACAF, un calendrier très chargé nous attend au cours des prochains mois. L’effectif sera poussé à la limite, mais je ne m’attends pas à ce que ce soit un problème. Ce groupe a déjà fait face à l’adversité et on se sent aujourd’hui blindés contre chaque épreuve qu’on pourrait rencontrer sur notre chemin. La ligne droite qu’on vise va toujours courber un peu, mais on va attaquer le mois de juillet avec aplomb et lorsque ce sera le temps de se lancer dans l’aventure internationale, on le fera à 100 milles à l’heure.  

Warner et Nyassi sont des gars qui n’ont peut-être pas obtenu beaucoup de minutes jusqu’à maintenant, mais qui seront appelés à combler des rôles plus importants. Même chose pour Andrew Wenger, qui a démontré de belles choses chaque fois qu’on lui en a donné l’occasion en fin de match. Ce sont trois coéquipiers que j’aimerais voir un peu plus prochainement.

Di Vaio a hâte d'affronter l'AS Roma
Di Vaio a hâte d'affronter l'AS Roma

En défense, Dennis Iapichino est un jeune vétéran qui devrait en avoir plus sur les épaules. Wandrille Lefèvre, qui fait très bien à l’entraînement, aura également l’occasion de nous offrir de précieuses minutes, j’en suis sûr.

On verra bien, mais je sais que ce sont là des personnes qui attendent leur chance. Et n’oubliez pas que Justin Mapp et Davy Arnaud, des vétérans dont la santé a été touchée, ont retrouvé la forme.

Bravo Marco!

La nomination de Marco Di Vaio pour le match des étoiles me fait chaud au cœur. Je suis content de savoir que l’Impact, pour la première fois de sa jeune histoire en MLS, sera représenté à cette classique.

Vu notre premier rang au classement de notre association, ça aurait été ironique d’être ignoré dans la sélection des étoiles, surtout que Marco est le meilleur buteur du circuit! Mais il faut savoir que dans la MLS, le processus de sélection des étoiles est complexe. Les amateurs, l’entraîneur, les joueurs et les journalistes ont tous leur mot à dire.

La présence assurée de Marco contribue à l’image positive de notre club à travers la ligue et j’espère qu’il y en aura plusieurs autres. J’aimerais bien sûr l’y accompagner, ce serait gratifiant au niveau de mon apport à l’équipe, mais ce n’est pas ma priorité présentement.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.