Vous me direz qu’il est tôt pour parler d’un match du siècle en 2016, mais quiconque était à l’écoute mercredi soir au BMO Field saura qu’on attendra longtemps avant de revivre un tel match.

L’Impact de Montréal et le Toronto FC nous ont offert 120 minutes de soccer auxquelles aucun superlatif ne peut rendre justice. Peut-être aurez-vous quelques suggestions d’émoticons?

Analyse tactique

Jozy Altidore a eu l’air d’un attaquant format géant au pays des petits, les corners défensifs ont été mal négociés et l’Impact a « seulement » marqué deux buts.

Ça fait le tour?

On pourrait ressortir une multitude d’autres points d’analyse, mais ces trois aspects résument les enjeux majeurs.

Altidore a mis en lumière les lacunes physiques de la défense montréalaise et d’anciens démons sont revenus hanter l’Impact sur coups de pied arrêtés. C’était seulement la deuxième fois en 14 ans qu’une équipe de MLS encaissait trois buts sur corner dans un même match.

En ce qui concerne les buts marqués, le Bleu-blanc-noir sera déçu de ne pas avoir trouvé la clé du troisième, mais doit être salué pour son ambition sur la route. Au coup pour coup, Toronto a tout simplement été plus percutant.

Si cinq buts marqués en deux matchs n’ont pas été suffisants, les problèmes se trouvaient ailleurs.

Un vrai derby

Sur les deux matchs, la rivalité entre les deux clubs a grandi à vitesse grand V.

Dans les minutes qui ont suivi le coup de sifflet final, personne dans le vestiaire de l’Impact n’avait la tête au futur. De l’extérieur, il me semble toutefois évident que la dynamique entre l’Impact et son rival ontarien a profondément changé. Peut-être à jamais.

Sur le terrain comme dans les estrades, l’engagement était total. Près de 100 000 supporters auront assisté à ces deux matchs qui marquent, à mon sens, le passage de l’adolescence à l’âge adulte du derby Montréal-Toronto.

Les lignes mal tracées, la prise de bec de Piatti avec un supporter du TFC au Stade olympique, la charge d’Altidore sur Bernardello au retour, 12 buts marqués en deux matchs…

Un tel scénario ne s’invente pas.

Je comprends que pour les joueurs et supporters du Bleu-blanc-noir, la douleur est trop vive pour regarder vers les saisons à venir. Reste que cette Finale d’Association aura été extrêmement bénéfique pour les deux clubs et le soccer canadien dans son ensemble.

Entre plan et réalité

En quête de stabilité tout au long de la saison, c’est avec quatre matchs à faire au calendrier régulier que Mauro Biello l’aura trouvée. Était-ce trop tard?

Son onze partant a fait un travail dont peu de gens l’en croyaient capable. Rien à dire à ce chapitre.

Les alternatives, elles, semblaient moins bien définies. Peut-être victime de son propre succès au cours des deux derniers mois, Biello n’a pas eu l’occasion de jongler avec une multitude de scénarios pour influencer le cours d’un match.

Si on nous avait dit au mois d’août que Johan Venegas serait un remplaçant de choix en séries et que Lucas Ontivero ne serait sur la feuille de match pour aucune des cinq rencontres, on aurait eu peine à croire.

Le visage de l’équipe en séries est bien loin de ce qu’on prévoyait en début de saison. Sans être un problème en soit, puisque Biello a su tirer profit des ressources à sa disposition, il y a certainement quelques notes à prendre en vue l’an prochain pour que les plans se rapprochent de la réalité.

La tête haute

C’est une équipe courageuse et ambitieuse qui a défendu les couleurs de son club et sa province.

Au final, les Montréalais auront gagné quatre de leurs cinq matchs de séries et offert tout un spectacle à leurs supporters. Ayant frayé son chemin d’un match de barrage où on ne donnait pas cher de sa peau, au match du siècle pour le soccer canadien, je crois que l’Impact peut rentrer dans la Métropole la tête haute.

Qu’en pensez-vous?