MONTRÉAL – Jack McInerney admet ses torts. S’il est relégué à un rôle secondaire depuis le début de la saison, c’est en partie parce qu’il n’a pas mis les efforts nécessaires pour assurer son poste dès le début du camp d’entraînement.

L’attaquant de l’Impact a en quelque sorte fait son mea culpa, mercredi, à sa sortie du terrain. Sans rien vouloir enlever à la recrue Cameron Porter, qui a rapidement su gagner la confiance de l’entraîneur pour mériter le temps de jeu qu’on aurait cru destiné à des coéquipiers plus expérimentés, McInerney a concédé qu’une partie du blâme lui revenait pour le sort qui lui a jusqu’ici été réservé.   

« Il y a peut-être eu un manque de sérieux de ma part. Ensuite, Cameron a obtenu une opportunité qu’il n’a pas laissé passer », a résumé le marqueur mécontent.

À quelques jours du premier anniversaire de la transaction qui l’a amené à Montréal en retour d’Andrew Wenger, McInerney confesse du bout des lèvres, mais avec franchise, qu’il a probablement pris les choses pour acquises en arrivant à Montréal pour son premier camp d’entraînement avec le Bleu-blanc-noir.   

« Peut-être que je me sentais un peu trop à l’aise. L’année dernière, avec un coéquipier comme Marco (Di Vaio), c’était évident que c’était lui qui aurait le poste de partant. Moi, je devais me pousser à fond à l’entraînement et mériter chacune de mes minutes de jeu. Et conséquemment, je faisais bien quand j’avais la chance d’embarquer sur le terrain. Présentement, la situation est différente. Quand je suis arrivé ici, je m’attendais à être le numéro un. Peut-être que c’est ce qui explique pourquoi je n’ai pas livré la marchandise jusqu’à maintenant. »

L’Impact a disputé cinq matchs depuis le début de la saison, trois en Ligue des champions et deux en championnat. McInerney en a débuté un seul, obtenant 71 minutes d’action lors du tout premier de la saison MLS contre D.C. United. La blessure sérieuse subie par Porter deux semaines plus tard lui a aussi permis de passer plus d’une heure sur le terrain en Nouvelle-Angleterre. Pour le reste, des grenailles.

« C’est sûr qu’il y a de la frustration, ne cache pas l’Américain de 22 ans. Il y en a chaque fois que je ne suis pas sur le terrain et éventuellement, ça finit par m’affecter. Mais ce n’est pas la première fois que je vis une situation du genre. En 2012, à Philadelphie, on ne m’avait même pas habillé pour la première moitié de l’année. Quand on m’a finalement utilisé, j’ai marqué huit buts. Alors je sais que tout ce dont j’ai besoin, c’est une chance. »

Cette chance, McInerney ne l’obtiendra jamais si la plus récente malchance encaissée par le club – Porter ratera le reste de la saison en raison d’une déchirure ligamentaire au genou gauche - ne suffit pas à le replacer dans les bonnes grâces de Frank Klopas. Déjà mince à la position d’attaquant, l’Impact ne peut probablement pas se permettre de laisser sur le banc un buteur de la trempe de Jack Mac.

Visiblement contrarié, McInerney doit se tourner la langue sept fois avant de commenter sa situation. Il se demande ouvertement s’il cadre dans les plans de son entraîneur et à mots à peine couverts, il se plaint du manque de transparence à son égard. « Je ne sais jamais ce que pense le personnel technique », déplore-t-il.

Mais Klopas clame qu’il n’a rien à reprocher à son numéro 99 depuis le début de la saison, que son utilisation limitée est davantage le fruit d’un concours de circonstances.

  « J’ai toujours été satisfait du travail de Jack, je ne suis pas déçu, insiste le sélectionneur montréalais. Il travaille extrêmement fort. Nos besoins ont été différents d’un match à l’autre et je ne dis pas que Jack n’a pas ce qu’il faut pour les combler, mais les performances d’un joueur sont appelées à fluctuer en cours de saison. Que vous soyez un marqueur de dix ou quinze buts, que vous soyez un joueur comme Piatti, peu importe, il y aura des moments où vous serez en moins bonne forme. Je le répète, je suis satisfait du travail de Jack. Il a fait ses preuves dans cette ligue et il doit simplement continuer à travailler comme il l’a fait jusqu’à maintenant. »

Pour l’instant, les options externes de l’Impact sont limitées. La prochaine fenêtre permettant d’obtenir du renfort grâce au transfert d’un joueur international, une avenue explorée sans succès dans l’entre-saison, ne s’ouvrira que le 8 juillet. Reste donc la possibilité d’un échange.

« Il faudra voir, laisse planer Klopas. Il y a des options à même la Ligue que nous devrons étudier pour voir si une transaction pourrait fournir la solution, mais je crois que nous irions de l’avant avec cette possibilité seulement si elle nous permettait d’obtenir de l’aide à long terme. Il faudrait évaluer comment ce joueur cadrerait avec le groupe parce qu’il y a une cohésion ici qu’on ne voudrait pas affecter. Mais il nous faut ajouter quelqu’un d’expérience à cette position. Je le disais avant même que Cameron se blesse. »

En attendant, McInerney attend son tour en faisant de son mieux pour contrôler ses émotions.

« Ça vient avec le métier. On se bâtit une réputation et quand on passe un ou deux matchs sans marquer, plus personne ne croit en vous. Mais c’est la vie. Il n’y a rien que je puisse faire présentement. Il faut juste qu’on m’envoie sur le terrain. Ensuite, ça sera à moi de jouer. »

Vivement le printemps!

Frank Klopas attend impatiemment l'arrivée du beau temps. Voilà deux mois que son équipe s’entraîne sur la pelouse artificielle du Stade olympique en attendant que la neige ait libéré la surface plus clémente du Stade Saputo et chaque jour, une partie du travail de l’entraîneur consiste à prévenir et guérir les petits bobos inhérents aux contraintes de ce domicile temporaire.  

Mercredi, par exemple, Victor Cabrera et Andrés Romero ont fait des exercices en périphérie du reste du groupe. Mais rien d’alarmant, selon Klopas. Les deux Argentins ont les pieds un peu endoloris, mais seront disponibles pour l’ouverture locale samedi contre Orlando.

« L’accumulation des derniers mois a été très dure sur les joueurs. Prenez un gars comme Baky (le défenseur Bakary Soumaré), par exemple. Il mesure 6 pieds 4 pouces. La surface synthétique laisse des traces chez un gars comme lui. Chaque jour, nous devons gérer différentes situations pour nous assurer que tout le monde soit prêt pour les matchs », précise le coach.

Samedi dernier, contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, Soumaré faisait partie d’une poignée de vétérans qui n’étaient pas à la disposition de Klopas. Ignacio Piatti, Dilly Duka, Marco Donadel avaient aussi profité d’un congé complet. Décimé, l’effectif de l’Impact? Pas du tout, rassure le patron.

« Cette équipe profite d’une belle profondeur et nous voulions en profiter en effectuant une rotation avec au moins trois gars. Nous serons confrontés à un calendrier difficile au cours du prochain mois, avec plusieurs parties au menu, et nous devrons profiter de chaque occasion de garder tout le monde frais et dispos. Au niveau des blessures, on a essuyé un dur coup avec celles de Justin (Mapp) et Cameron, mais pour le reste, si vous regardez les statistiques, je crois qu’on s’en tire mieux que bien des équipes. »