MONTÉRAL – L’élimination de l’Impact aux mains du Crew de Columbus lors des séries éliminatoires de 2015 a forcé Mauro Biello à la réflexion. Pendant les mois qui ont suivi, l’entraîneur s’est inspiré de cet échec dans sa quête de solutions afin d’élever son club au niveau de ses tombeurs.

Un an plus tard, le Crew sert encore de référence à l’entraîneur montréalais, mais pour des raisons complètement différentes. En moins d’un an, la formation de l’Ohio est passée de la grande finale de la Coupe MLS à la cave du classement de l’Association Est. C’est en plein le genre de chute libre que veut éviter Biello à sa deuxième saison complète à la barre du Bleu-Blanc-Noir.

« Si vous ne pouvez les battre, joignez-vous à eux », dit le vieux dicton. Et si vous pouvez les battre? Demandez-leur pourquoi, s’est permis de répondre Biello.

Au repêchage de la MLS il y a deux semaines à Los Angeles, Biello est allé à la rencontre de Gregg Berhalter, l’entraîneur du Crew. Le principal stratège de l’Impact était curieux de savoir ce que ferait son homologue pour éviter une telle descente aux enfers s’il avait la chance de revenir en arrière.

« L’une des choses qu’il m’a dites, c’est qu’il avait peut-être été un peu lent à replacer son groupe dans le bon rythme, a confié Biello mardi au terme du lancement officiel du camp d’entraînement de l’Impact au Stade olympique. Oui, il faut donner aux joueurs un peu de temps pour retrouver leurs repères, mais il faut aussi rester assez ferme et les pousser pour leur faire comprendre qu’il y aura des difficultés durant la saison et qu’il nous faudra être prêts. »

Le succès éphémère n’est pas rare en MLS. Les Timbers de Portland, par exemple, ont eux aussi été incapables de se qualifier pour les séries éliminatoires en 2016 après avoir été sacrés champions l’année précédente. Biello, qui a mené ses troupes au seuil de la finale il y a quelques mois à peine, s’en méfie.

« Toutes les équipes vont être prêtes pour nous, ça c’est sûr, anticipe-t-il. Comme on était prêt pour une équipe comme Columbus l’année dernière, nos adversaires seront prêts à jouer contre nous. Il faut adopter cette mentalité dès maintenant. »

« C’est surtout mentalement qu’il va falloir travailler, approuve le capitaine Patrice Bernier. Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas en MLS. Il va falloir travailler encore plus fort pour rester où l’on était au niveau du classement. »

Le statu quo comme signe de prospérité?

La transmission du message de Biello pourrait être facilitée par le désir de continuité affiché par ses patrons au cours de la saison morte. En effet, tous les membres du onze partant qui s’est incliné en prolongation sur la pelouse du BMO Field de Toronto en novembre dernier sont de retour en vue de la saison 2017.

Didier Drogba, Johan Venegas, Harry Shipp et Lucas Ontivero, qui n’ont pas été invités à revenir, avaient tous été relégués à un rôle de réserviste en fin de saison. Ils ont jusqu’ici été remplacés par des jeunes issus du système de développement du club. Pour le moment, le seul renfort venu de l’extérieur est le défenseur latéral Chris Duvall, acquis dans une transaction avec le club d’expansion du Minnesota.

Alors que plusieurs observateurs dénoncent une prévalence risquée du statu quo, ce conservatisme est vu à l’interne comme une preuve que l’équipe est sur la bonne voie.

« Si tu regardes dans la Ligue, les équipes qui ont fait beaucoup de changements sont toutes celles qui ont fini en bas de classement, prétexte Biello. Les équipes comme Toronto, New York et la nôtre n’ont pas fait de grands changements et c’est normal. Si tu as un peu de succès, tu ne veux pas risquer de casser le rythme de ton équipe. »

Dominic Oduro, qui dit avoir refusé des offres plus lucratives pour revenir à Montréal, fait partie des joueurs qui endossent le désir de continuité de l’Impact.

« Après le match à Toronto, tout le monde savait qu’on pouvait en donner encore plus et je pense que c’est la raison pour laquelle ils ont gardé le groupe intact. On sait tous qu’on a le talent et la volonté pour continuer d’avancer. Avec les ajustements qu’apporteront les entraîneurs, je suis convaincu qu’on sera l’une des équipes à battre dans l’Est cette année. »

Le début du camp d’entraînement ne signifie toutefois pas nécessairement le gel des forces en présence. L’an dernier, le calendrier préparatoire était déjà bien entamé quand Eric Miller a été échangé au Colorado et que Shipp s’est amené en provenance de Chicago. Le directeur technique Adam Braz cache-t-il un as dans son jeu?

Mardi, Biello a tout de même admis mardi qu’il fallait « continuer à bâtir cette équipe ». Quelques minutes plus tôt, Laurent Ciman avait offert cette mystérieuse prédiction : « Il y a eu des départs, il y a eu des arrivées, mais je pense que ce n’est pas fini. »

L’Impact quittait en fin de journée pour Orlando, où il tiendra jusqu’au 3 février la première portion de son camp d’entraînement. La présentation de nouveaux visages sera-t-elle nécessaire lors du retour à Montréal?

Un effectif dégarni avant le départ

C’est un groupe hétéroclite et incomplet qui a envahi la pelouse du Stade olympique mardi pour un entraînement qu’on pourrait qualifier de symbolique avant le départ pour la Floride.

Ignacio Piatti et Hernan Bernardello rejoindront directement leurs coéquipiers en Floride en provenance de l’Argentine. Leur compatriote Andrés Romero, qui a passé une partie de l’hiver à se délier les muscles en Italie, s’est lui aussi évité une escale à Montréal.

Ambroise Oyongo représente actuellement le Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations tandis que les jeunes milieux de terrain David Choinière et Michael Salazar soignent de légères blessures.

Le prometteur Ballou Jean-Yves Tabla était au Stade mardi, mais ratera le début du camp pour s’aligner avec l’équipe nationale canadien des moins de 20 ans. Il y rejoindra ses coéquipiers montréalais Shamit Shome et Thomas Meilleur-Giguère.

Cinq joueurs de l’Académie ont reçu une invitation au camp de la première équipe et ont commencé leur bataille pour un poste parmi les visages plus familiers. Le premier choix de l’équipe lors du plus récent repêchage de la MLS, l’attaque Nick DePuy, a aussi effectué ses premières foulées en sol montréalais.

L’Impact reviendra à Montréal du 6 au 13 février, puis repartira pour la Floride le 14 pour disputer un tournoi préparatoire dans la région de St. Petersburg.