MONTRÉAL – La victoire de 2-1 qu’il a déposée à la banque en fin de semaine dernière offre à l’Impact une liste de scénarios favorables à l’approche de son match retour de la demi-finale de l’Est contre le Crew de Columbus.

Une victoire ou un match nul dimanche prochain en Ohio propulseraient automatiquement la formation montréalaise en finale d’association contre le gagnant de l’autre série opposant D.C. United aux Red Bulls de New York. Une défaite par la marge d’un but dans laquelle l’Impact s’inscrirait au moins à deux reprises au tableau lui suffirait également à poinçonner son billet pour l’étape suivante.

Mais le Crew possède quand même de bons atouts dans sa main. En concédant un but sur son propre terrain, par exemple, l’Impact a concédé à ses rivaux un avantage qui pourrait s’avérer précieux.

« Un seul but de leur part et ça pourrait être la fin de notre saison », résumait lucidement Dominic Oduro lors du retour à l’entraînement de l’Impact.

Mais voilà, à trop se soucier des conséquences possibles de nos moindres faits et gestes, on augmente nos chances d’y être confrontées. Et c’est exactement ce que veut éviter l’entraîneur-chef Mauro Biello à l’aube d’un autre match qui pourrait être sans lendemain pour son équipe.

« Je ne veux pas qu’on focalise trop sur les scénarios, insistait Biello mercredi. L’important, c’est de jouer notre match, de jouer comme on est capable de le faire. Si on pense trop, ça peut nous déconcentrer et je ne veux pas que ça arrive. On doit simplement penser à ce qu’on doit faire pour passer contre Columbus. »

Et ce plan de match, il devra être axé sur la prudence et le gros bon sens, croit Oduro. Ce dernier affirme que l’Impact devra garder la tête froide devant un adversaire qui, avance-t-il, ressentira la pression de combler le plus vite possible le retard d’un but qu’il accuse.

« Il faut aborder ce match intelligemment. On n’aurait rien à gagner à tenter d’ouvrir le jeu et de prendre des chances en milieu de terrain ou en défense. La balle est dans notre camp, on contrôle notre propre sort et ce serait insensé de tenter de brusquer les choses. Il faudra être patient », prescrit le marchand de vitesse ghanéen.

« Ils vont nous mettre de la pression rapidement je pense, prévoit Laurent Ciman. Il faudra donc résister dans les dix ou quinze premières minutes et ne pas jouer trop bas, sinon ils vont jouer les longs ballons sur Kamara et on sait comment il est bon de la tête. Il faudra se battre sur tous les ballons comme si notre vie en dépendait. »

« Ils vont ouvrir le jeu, ils n’auront pas le choix, ajoute Oduro. De notre côté, il suffira de trouver les bonnes ouvertures et de leur faire mal en contre-attaque. On vient d’en parler dans le vestiaire : quand on aura une chance, il sera primordial d’en profiter parce qu’une fois qu’on aura compté ce but à l’étranger, on pourra être un peu plus à l’aise. »

« Ce sera à nous de les forcer à faire des erreurs, parce que ce sont eux qui doivent aller chercher la victoire avant tout », note Patrice Bernier.

La Ligue des champions : comparaisons risquées

Si la recette a une consonance familière, c’est qu’elle a été répétée sans arrêt pendant le parcours fructueux de l’Impact en Ligue des champions, au cours duquel le club a développé l’habitude de bien protéger ses acquis. Mais les comparaisons s’arrêtent ici. Bernier explique que le style un peu moins raffiné de la MLS mènera inévitablement à une ouverture des valves.

« En Ligue des champions, il y avait des équipes latines qui étaient meilleures avec le ballon, plus patientes. Elles ne se stressent pas. En MLS, les équipes ont tendance à être plus directes au niveau de leur approche et n’ont pas peur d’aller vers l’avant. Ça donne des matchs très ouverts, très athlétiques et ça fait en sorte que même si tu veux bien défendre, à partir de la 60e minute le jeu va s’ouvrir et chaque équipe aura ses chances. Tu as beau te préparer mentalement et vouloir coller à ton plan de match, le facteur fatigue va arriver et tout changer. »

« J’aimerais vous dire qu’on peut s’inspirer de notre expérience, mais je sais que ça va être une tout autre histoire, réalise Oduro. Ça sera un match difficile et il faut être prêt à y faire face. »

À plus grande échelle, par contre, le fait d’avoir disputé autant de matchs à saveur internationale sous haute pression n’est probablement pas étranger à la force de caractère qu’affiche l’Impact depuis l’amorce du dernier droit de la saison.

« On est uni, soudé, on comprend ce que ça prend pour gagner, dit Bernier. Notre état d’esprit nous permet de comprendre qu’on s’en va avec une avance, mais qu’on est fort pour la conserver et même pour aller chercher une victoire qui les mettrait sur la corde raide. »

« Cet esprit qu’on a eu jusqu’à maintenant est très important, note Biello. Mais avec ça, il faut amener la qualité qu’on a amenée dans des moments du match. Quand on a allié cette qualité et cette concentration, on les a mis sur les talons. Il faut aussi savoir gérer le momentum dans ces moments. Quand on souffre, il ne faut pas casser, et quand on les a sur les talons, il faut les finir. »

Une bonne semaine de préparation

Les joueurs de l’Impact reprenaient le travail mercredi après deux jours de repos bien mérités. Après avoir disputé six matchs en 27 jours en octobre et trois parties en une semaine pour entrer dans le mois de novembre, tout le monde avait besoin d’une petite pause.

« C’est bon pour moi, et aussi pour mon staff, de reculer un peu, de souffler et de revenir avec cette fraîcheur, apprécie Biello. C’est très important, surtout après le calendrier chargé des deux derniers mois. C’est important de prendre du recul. On réfléchit et on revient plus fort. »

« Lors du dernier match, on était fatigué, a avoué Bernier. Sans donner d’excuse, c’est peut-être un facteur qui a expliqué notre plus récent début de match. Maintenant, une semaine complète de préparation permettra à tout le monde de guérir les bobos, de prendre des forces et de repartir la machine mentalement. »

Nigel Reo-Coker était le seul absent mercredi à l’entraînement. Biello a expliqué qu’il avait demandé au vétéran milieu de terrain de rester à la maison pour soigner un rhume.

Quant à l’imposant bandage qui ornait la main droite de Didier Drogba, l’entraîneur a justifié que ce n’était « rien de grave, juste une petite contusion ».