MONTRÉAL – Sur papier, l’affrontement avait de quoi faire réfléchir les sceptiques. Depuis un mois, l’Orlando City SC mettait sur le terrain l’une des bonnes attaques de la MLS. Le club d’expansion avait inscrit onze buts à ses cinq derniers matchs avant d’arriver à Montréal, une séquence au cours de laquelle il n’avait pas connu la défaite.

Tant de raisons de craindre le pire pour l’Impact, une équipe à l’étanchéité douteuse qui avait encaissé trois buts la semaine précédente contre le New York City FC, une autre franchise qui en est à sa première année d’existence.

Mais l’Impact a produit une performance défensive exemplaire samedi soir devant ses partisans. Le redoutable Brésilien Kaka, auteur de sept buts depuis le début de sa première saison en Amérique du Nord, a été pratiquement invisible tandis que le jeune attaquant canadien Cyle Larin, tout premier choix au plus récent SuperDraft de la MLS, a connu une soirée frustrante.

Larin, qui revendique déjà cinq buts à sa saison recrue, a eu Laurent Ciman dans ses espadrilles de la première à la dernière minute de jeu. Le défenseur belge a suivi le jeunot comme son ombre, se servant de sa vitesse et multipliant les tacles opportuns pour neutraliser celui qui s’est avéré être le visiteur le plus menaçant au Stade Saputo.

Le travail irréprochable de Ciman a été remarqué par les spectateurs qui, nombreux et bruyants, ont généreusement scandé son nom alors que l’Impact cherchait à protéger son avance d’un but en fin de match. Le pilier de la ligne défensive montréalaise a reçu le titre de joueur du match au terme de la rencontre.

« Ça fait du bien, ça fait plaisir. Ça prouve que j’ai fait mon travail aujourd’hui, mais encore une fois, ce n’est pas une question d’individualité. On a joué un gros collectif », s’est contenté de commenter le principal intéressé dans le vestiaire des gagnants.

« Laurent a été superbe, a noté l’entraîneur Frank Klopas après avoir pris soin, lui aussi, de souligner l’effort de son groupe. Sa capacité à lire l’action, à s’interposer et à faire avorter des jeux avant qu’ils ne se développent n’a pas d’égal. Il a réussi des gros jeux pendant tout le match, il a été fantastique. »

« Lolo, il fait tout le temps des gros matchs! Je ne vois pas pourquoi il faudrait parler de celui de ce soir plus que les autres, complimentait son partenaire Bakary Soumare. Depuis le début de la saison, il est très constant. Il a fait un grand match à New York même si on a perdu, il avait fait un grand match la semaine précédente à Columbus. C’est toute sa saison qu’il faut souligner. Il est intraitable! C’est un super joueur et il le démontre à chaque semaine. »

Ciman s’impose comme le véritable homme de fer de l’Impact depuis son transfert du Standard de Liège. L’international belge a disputé 16 des 17 matchs de sa nouvelle équipe depuis son arrivée en sol québécois. Son unique absence s’explique par un bref aller-retour transatlantique pour aller aider l’équipe nationale de son pays en mars.

« Je savais exactement sur quel genre de joueur on venait de mettre la main quand il est arrivé, a dit Klopas. Le plus important avec un gars de sa trempe, c’est que ses bonnes habitudes de travail se transmettent de façon contagieuse au reste de l’équipe. C’est ce qu’on voulait changer par rapport à l’année dernière. »

Samedi, Ciman s’est aussi permis d’élargir sa contribution à la portion offensive du terrain. À maintes reprises, le défenseur central a quitté sa position pour appuyer l’attaque alors que l’Impact tentait de conforter une avance d’un but.

« Parfois, il nous donne des petites attaques cardiaques sur le banc quand on le voit se lancer vers l’avant de la sorte, mais il sait bien choisir ses moments pour le faire et ça procure une autre dimension à notre attaque, une arme supplémentaire en provenance de l’arrière », explique Klopas.

« Je voulais surtout qu’on marque ce deuxième but pour se mettre à l’abri, a justifié Ciman. On a eu de la difficulté aujourd’hui à finir l’action. On aurait pu mettre le match à l’écart plus tôt. »

Solide au milieu

Utilisé comme défenseur par mesure d’urgence au moment où l’Impact était le plus ravagé par les blessures, Nigel Reo-Coker a disputé un deuxième match de suite comme milieu de terrain samedi. Et pour la première fois depuis près de trois mois, il y formait une paire avec Marco Donadel dans la formation partante.

Souvent critiqués depuis le début de la saison, les deux vétérans ont bien fait et Klopas a tenu à souligner la qualité de leur boulot.

« Nigel et Donadel nous ont beaucoup aidé parce qu’ils devaient surveiller Kaka lorsque ce dernier s’amenait dans les zones libres pour recevoir le ballon, a mentionné le stratège montréalais. Dans un match comme celui-là, on demande à Donadel de s’asseoir un peu plus profondément en avant des défenseurs centraux pour offrir une couverture additionnelle. Ça lui offre plus de liberté, mais aussi plus de responsabilités en défensive. On a connu quelques problèmes en première demie alors qu’Orlando tentait de provoquer des surnombres en créant beaucoup de mouvement, mais on s’est ajustés à la mi-temps. »

« Le football est un sport d’équipe et ce soir, ça a été un gros effort d’équipe, martelait Reo-Coker. Quand on joue tous ensemble, voilà le genre de performance qu’on peut livrer. Maintenant, il faut le faire sur une base plus constante. C’est tout ce qu’il nous manque présentement. On a le talent, on a le caractère, on a tout ce qu’il faut. Il faut seulement qu’on soit plus constants. »

« Si on arrive avec cet état d’esprit à chaque match, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’équipes qui vont nous donner de la difficulté », a prédit Ciman.

Des fleurs pour Toia

S’il tenait à répartir également le mérite sur chacun de ses coéquipiers, Reo-Coker a fait une exception pour vanter le travail de Donny Toia, qui a donné les devants à l’Impact avec le premier but de sa jeune carrière en première demie.

« Je crois qu’il a été notre joueur le plus constant. À mon avis, il est l’un des joueurs les plus sous-estimés de la Ligue. J’irais même jusqu’à dire qu’il est le meilleur latéral gauche de la Ligue. Il ne reçoit pas le crédit qui lui revient. J’ai eu la chance de le connaître l’an passé avec le Chivas et je me réjouis de voir à quel point il a progressé depuis. »