Si on habite le Plateau Mont-Royal, acheter une Ferrari n’est pas l’idée du siècle pour en tirer le plein potentiel.

Rémi Garde est arrivé dans la métropole avec tout le charme, et peut-être certains caprices, d’une voiture de luxe. L’environnement n’était cependant pas le bon pour lui permettre de rouler à plein régime.

 

Il y a quelques jours, Kevin Gilmore disait qu’à l’époque où Didier Drogba créait un engouement important pour l’Impact de Montréal, le club n’était pas prêt à saisir le moment. Le parallèle avec le congédiement de cette semaine est intéressant.

 

Remède financier

 

Utiliser le chéquier pour régler ses problèmes n’est jamais une solution viable à long terme. Le passage de Rémi Garde à la barre du bleu-blanc-noir en est un autre exemple.

 

À la fin 2017, le club répétait sans cesse qu’un de ses principaux objectifs était d’atteindre la rentabilité. Dans la même foulée, il dépensait une somme colossale pour un nouvel entraîneur et son staff. L’arrivée de Garde était tout aussi excitante d’un point de vue sportif qu’incohérente financièrement.

 

Après l’ère Mauro Biello, l’argent qui aurait pu servir à construire une structure durable a été investi dans un seul homme, et son personnel. On lui a donné les clés en espérant qu’il sache faire disparaître tous les dysfonctionnements de la maison. Une mission aussi injuste qu’impossible.

 

Voilà pourquoi le club a passé son tour sur l’année d’option pour 2020 qu’il aurait pu exercer plus tôt cette année.

 

Pour payer un nouveau président, agrandir la cellule de recrutement, améliorer l’effectif et trouver un directeur sportif, l’Impact ne pouvait continuer de dépenser autant pour son entraîneur.

 

Récurrents

 

Garde aurait tout de même pu forcer la main du club. Le Lyonnais a toujours eu un énorme capital de sympathie avec le public et les médias montréalais. De meilleurs résultats, ou du moins une progression notable dans le jeu, auraient rendu son congédiement beaucoup plus difficile.

 

Il est vrai que les embûches ont été nombreuses cette saison. L’absence de Nacho Piatti est au sommet de la liste. L’équipe a toutefois présenté des problèmes récurrents sur lesquels l’entraîneur avait plus de contrôle que les blessures.

 

Certains sujets ont trop souvent refait surface depuis le début de la campagne. L’entêtement à faire jouer Maxi Urruti en attaque, le jeu terne et l’incapacité à défendre sur phases arrêtées en sont quelques exemples. On pourrait ajouter la gestion des changements en fin de rencontre.

 

Au final, Garde a donné trop de munitions à la direction et celle-ci a décidé de tirer sur la gâchette.

 

À qui de juger?

 

Même si le congédiement peut se défendre financièrement et sportivement, une question demeure.

 

Qui avait les compétences soccer et l’autorité nécessaires pour trancher? Pour répondre en un mot, personne.

 

Dans un club où tous les étages de la hiérarchie sont occupés, c’est le directeur sportif qui devrait être à même de juger. Il y a plus de deux mois, on apprenait que ce directeur sportif s’en venait. Jeudi midi, on précisait que ce poste névralgique devrait être comblé avant la fin de 2019. Parler d’urgence serait un euphémisme.

 

Kevin Gilmore a affirmé qu’à son embauche, cette personne sera responsable de définir et d'instaurer l’identité du club. Si tel est le cas, la nomination d’un Européen pourrait rendre ce processus long et fastidieux vu les particularités de la MLS.

 

Intérim

 

Je m’explique mal pourquoi Kevin Gilmore a refusé de préciser la nature du contrat de Wilmer Cabrera. Confirmer son statut d’entraîneur par intérim n’aurait nui à personne.

 

Début de l'ère Cabrera chez l'Impact

En revanche, ne pas fournir cette précision pourrait placer l’Impact dans une situation délicate dans quelques mois. Si le Colombien atteint les séries et y offre une performance acceptable, le public aurait du mal à comprendre qu’on lui préfère un autre entraîneur la saison prochaine.

 

C’est pourtant un scénario qui pourrait très bien se dessiner si Cabrera n’est pas l’homme de la situation aux yeux du nouveau directeur sportif.

 

À mon sens, l’étiquette d’intérim aurait été positive pour toutes les parties. Dans la situation actuelle, le club s’est peut-être peint dans un coin. Le temps et les résultats nous diront si c’est le cas.