MONTRÉAL - Son entraîneur a prédit samedi soir que les spectateurs qui venaient d’être témoins de sa performance avaient assisté au début de l’ascension d’une future vedette. Son coéquipier Daniel Lovitz a décrit son premier but en MLS comme un « grand coup d’éclat ».

On savait déjà que Ballou Jean-Yves Tabla possédait les qualités pour se faire justice au plus haut niveau du soccer professionnel nord-américain. Le but qu’il a inscrit dans des circonstances dramatiques contre le Fire de Chicago en fut une belle preuve.

Ballou a continué d’afficher le profil d’un vrai pro lundi quand il a commenté en toute humilité sa première titularisation remarquée. Même s’il a démontré un beau sens de l’initiative dans ses duels contre un défenseur d’expérience, provoqué quelques occasions franches et ouvert son compte avec un but qui aurait bien pu être décisif, le jeune espoir de l’Impact a tout fait pour minimiser la qualité de son match après son retour à l’entraînement.

« C’est sûr que de la façon dont le match s’est passé, en général je n’étais pas vraiment content, a dit l’Ivoirien, qui avait célébré ses 18 ans la veille de son petit exploit. Mon premier but en MLS, c’est quelque chose qui m’a quand même marqué, mais en même temps, je suis déçu. »

Déçu d’abord parce que l’Impact n’a pu profiter de son but, enfilé à la 90e minute, pour signer sa première victoire de la saison. À peine le temps de remettre le ballon en jeu, le Fire s’est retrouvé en territoire montréalais, où une défensive sous pression a laissé assez d’espace à l’équipe locale pour qu’elle crée l’égalité.

Mais Ballou trouvait aussi bien peu de satisfaction dans son effort personnel. Visiblement, le petit diamant de l’Impact règle ses propres exigences à un niveau encore plus élevé que les attentes qui sont placées en lui.

« J’étais quand même content de pouvoir gagner mes duels la plupart du temps, mais j’attendais juste la frappe et le but. Je suis vraiment content de l’avoir fait, mais le reste, je l’oublie vu que ça ne m’a servi à rien. Il y a peut-être le centre [à la 14e minute], mais Chicago a récupéré et ça n’a rien donné. Non, le tir, c’est ce que j’attendais. »

Ce tir tant attendu est arrivé à la toute fin du temps réglementaire. Alimenté par Patrice Bernier en haut de la surface de réparation, Ballou a fait un pas vers Michael Harrington, à qui il avait été opposé pendant toute la partie, mais s’est finalement arrêté net et a décidé d’opter pour le tir.

« En première mi-temps, j’avais eu beaucoup de duels avec ce défenseur. J’ai essayé de le déstabiliser, mais je voyais que c’était chaud. À la mi-temps, Patrice et [Marco] Donadel sont venus me parler pour me dire que c’était bien, les dribbles, mais ils m’ont conseillé de tirer. En visant le gardien, ils m’ont dit qu’il y avait de bonnes chances que ça entre. C’est donc ce que j’ai fait à la première occasion que j’ai eue. »

Ballou a suivi la recommandation de ses aînés, en bonne recrue, mais il admet avoir douté de la qualité de sa décision dès qu’il a laissé partir sa frappe.

« J’ai regardé un peu la position du gardien, mais l’angle était vraiment fermé et j’étais un peu surpris. J’ai quand même visé le petit but et quand j’ai réalisé que c’était rentré, j’étais vraiment sous le choc. »

Répéter avec Piatti

La performance de Ballou est d’autant plus impressionnante qu’il avait la pression de remplacer le leader offensif du club, Ignacio Piatti, qui est sur le carreau en raison d’une blessure à une jambe.

« Il m’avait parlé avant le match, il m’avait dit de donner mon 100 %. Je lui avais dit que j’allais essayer de faire un Nacho de moi-même, mais que ça allait être difficile. Disons qu’on n’a pas vraiment les mêmes genoux! Les crochets qu’il fait, c’est vraiment extraordinaire. J’ai fait du mieux que je pouvais. »

Personne ne bénéficie davantage de l’absence actuelle de Piatti. Comme les deux joueurs sont présentement utilisés à la même position, il a fallu que le maestro argentin soit indisponible pour que Biello se décide à promouvoir son prometteur milieu de terrain dans son XI partant.

Loin de s’en plaindre, Ballou rêve toutefois du jour où son entraîneur n’aura d’autre choix que de lui trouver une place aux côtés - et non en remplacement - de son doué coéquipier.

« Jouer avec Nacho, sur le côté ou à l’intérieur, pour lui faire la passe ou combiner avec lui... Ça ne pourrait que donner des bonnes choses », imaginait-il.