MONTRÉAL – C’est l’éléphant dans le Stade Saputo, la maladie pour laquelle on ne trouve pas de cure, peut-être le dernier petit accroc qui empêche l’Impact de se détacher du peloton et de véritablement s’imposer comme l’une des équipes de pointe en MLS.

Les problèmes défensifs de l’Impact sur les séquences de jeu arrêtées – une expression qui englobe les situations où l’adversaire profite d’un coup franc ou d’un coup de pied de coin – sont devenus une récurrence inquiétante, au point où ils s’imposent comme l’une des rares taches au dossier de Mauro Biello depuis que ce dernier a hérité des rênes de l’équipe.

Mais pour être honnête envers l’actuel pilote de l’Impact, cet irritant persistant torturait ses prédécesseurs bien avant qu’il ne soit lui-même prêt à prendre leur relève.

« Ça fait cinq ans que je suis ici et c’est quelque chose qui semble être notre talon d’Achille, notre faiblesse », ne peut que constater Patrice Bernier. « Si on peut l’améliorer, je ne veux pas dire qu’on va rester facilement dans le haut du classement, mais on va rendre la vie difficile à tout le monde. »

L’Impact n’a accordé que cinq buts en quatre matchs depuis le début de la saison. Le hic, c’est que quatre d’entre eux ont été concédés sur des séquences de jeu arrêtées. Lors de son match d’ouverture contre les Whitecaps de Vancouver, la défense montréalaise a erré sur un long coup franc de Pedro Morales et un corner tiré par Christian Bolanos. Deux semaines plus tard, contre FC Dallas, une faute commise à l’entrée de la surface de réparation a mené au but décisif de Mauro Diaz.

Puis samedi dernier, l’Impact disputait un match quasi-parfait à Seattle avant que Clint Dempsey soit bêtement laissé sans surveillance sur un service d’Andreas Ivanschitz.

« On en a parlé amplement depuis la fin du match, affirmait le gardien Evan Bush, rependant, mardi. Plusieurs choses ont dérapé sur le jeu. Tout a commencé par moi, c’est une évidence, mais on a aussi trois ou quatre gars qui se sont fait battre en couverture. Si ça n’avait pas été Dempsey, ça aurait pu trois ou quatre de ses coéquipiers. Ultimement, c’est à moi d’être meilleur, mais il y a aussi d’autres problèmes à régler. »

« Si tu regardes le jeu au ralenti, tu vois qu’il y a deux ou trois joueurs qui réussissent à créer un peu de séparation avec nos gars quand le ballon est frappé », confirme Biello.

Les fins de matchs à revoir

La séquence illustrait bien la somme des reproches qu’on peut généralement adresser au onze montréalais dans ces circonstances. Ceux-ci peuvent se résumer à trois choses : un manque de concentration, une implication physique déficiente et une confusion trop fréquente dans l’attribution et le respect des assignations.

D’entrée de jeu, Bush s’est laissé déconcentrer par la présence de la recrue Jordan Morris, qui est venu se planter dans l’ombre de ses crampons, et s’est mal ajusté à la trajectoire aérienne du ballon. Mais derrière lui, c’est le jeune Anthony Jackson-Hamel qui s’est retrouvé avec la responsabilité de couvrir le dangereux Dempsey. Il ne se fait pas plus inégal comme duel.

« Ce n’est pas inhabituel d’avoir un gars devant soi, expliquait Bush avec sa franchise habituelle. Le problème, c’est que je sais qu’Ivanschitz a l’habitude de fouetter la balle au premier poteau, alors j’ai été un peu trop agressif avec Morris en voulant le devancer au point où je pensais que la balle allait se diriger et celle-ci est passée par-dessus ma tête. Je n’aurais pas dû accorder autant d’attention à Morris, mais j’ai appris ma leçon. »

« On a laissé beaucoup de joueurs esseulés, déplore Bernier, qui était entré dans le match depuis sept minutes quand les Sounders ont porté le coup fatal. Il faut s’assurer que dans cette surface, surtout en fin de match comme ça, on ne donne pas de telles opportunités, qu’on ne perde pas de matchs sur des jeux de la sorte. Si on élimine ça, je suis pas mal sûr qu’on récolte trois ou quatre points dans les deux derniers matchs. Dans le fond, c’est positif de savoir que si on rectifie ça, on sera une équipe encore plus difficile à battre. »

Quelles sont les solutions?

Bush, qui, à l’instar de Bernier, est à Montréal depuis l’ascension du club en MLS, n’hésite pas à se mouiller quand on lui demande d’identifier les causes de ce trouble qui a résisté au passage de quatre entraîneurs.

« On n’a jamais été l’équipe la plus imposante physiquement, note d’abord le portier. Plusieurs équipes dans cette ligue collectionnent les gars qui font au moins 6 pieds 2 pouces et pour une raison que j’ignore, on peine à se faire justice contre de tels clients. Bien sûr, le retour d’un gars comme Hassoun aide et la présence de Didier change aussi pas mal la donne. Mais je crois que malgré tout, l’ajustement le plus facile serait d’être plus prudent pour éviter d’offrir autant d’occasions de qualité à l’adversaire. »

« Ensuite, il nous faut être un peu plus robuste, enchaîne Bush. Ça peut être au niveau tactique, en faisant quelques changements pour être plus lourd dans la surface, mais aussi être plus rude dans le marquage individuel. On se répète, mais il faut trouver des solutions. »

« On cherche trop le jeu parfait »

Sans pointer les entraîneurs ou les vétérans, Bush fait aussi remarquer que les erreurs de l’Impact sont souvent commises en fin de match, alors que les substituts ont fait leur entrée sur le terrain.

« C’est un élément de plus à gérer, il faut s’assurer que tout le monde soit au courant de son assignation. »

Pour Mauro Biello, le remède à ce grand mal réside dans un amalgame de détails. Ceux-ci semblent toutefois, pour l’instant, plus faciles à identifier qu’à régler.

« Est-ce qu’on peut s’organiser un peu plus vite? Est-ce qu’on peut garder un plus au niveau de concentration? Est-ce qu’on peut avoir un meilleur positionnement? Si on est capable d’améliorer tout ça, on va être plus forts et c’est ce qu’on va se fixer comme objectif cette semaine. »

Mettre l'emphase sur la concentration