C'était l'heure de se prendre en main. Et dans ce genre de situation, on peut généralement faire confiance à la Mannschaft. Généralement. En fait, le moins que l'on puisse dire à l'issue de cet Autriche - Allemagne, c'est que l'équipe de Joachim Löw laisse flotter autour d'elle bien des incertitudes au moment de quitter ce Groupe B et d'aborder son quart de finale face au Portugal.

Fébrile derrière, incapable de fermer le milieu de terrain de manière définitive ou même seulement convaincante, en manque total d'inspiration et de réussite devant, l'Allemagne ne peut ressortir de cette rencontre que quelques certitudes individuelles et quasiment aucune dans le jeu. Ballack demeure le meneur de ce groupe, celui qui prend les décisions… et les exécute lorsque rien d'autre ne va. Son coup-franc vainqueur est un modèle du genre, une frappe sèche, rectiligne, qui arrive trop vite, trop fort pour Macho le gardien autrichien.

Une attaque méconnaissable

Avec lui, Lahm, souvent incisif sur ses montées (dont celle qui amène le coup-franc de Ballack), offrant régulièrement des solutions dans le développement du jeu. Podolski, en relais derrière deux attaquants, remuant, déterminé et nettement moins timide que lors de la Coupe du monde. À droite, Fritz se dépense… souvent pour rien, mais la prestation de Friedrich derrière lui laisse penser que les deux peuvent créer quelque chose. Et puis voilà…

La défense centrale a été encore terriblement exposée par la jeune classe autrichienne: lente, souvent mal inspirée, et incapable d'assurer une relance décente. À sa décharge, nous répéterons qu'elle joue sans couverture devant elle et que le seul Frings (avec parfois Ballack) ne peut tout assurer tout seul.

Devant, c'est le désert. Gomez est en train de rater dans les grandes largeurs un tournoi dont on pensait qu'il serait l'un des animateurs. Son raté de début de match figurera même longtemps dans les «gaffes» de l'Euro. Le pire, c'est qu'il semble entraîner Klose avec lui. Méconnaissable, l'attaquant du Bayern. Là aussi, on peut lui donner le bénéfice du doute, en se disant qu'il se dépense beaucoup pour mettre Gomez «dans le coup». Maintenant, les choses sérieuses arrivent, et l'entrée en jeu de Neuville annonce les changements à venir face au Portugal.

L'esprit de corps croate

Slaven Bilic, lui, n'a pas ces problèmes. Il a en ce moment sous sa main un groupe extrêmement talentueux et super-motivé. L'équipe «B» alignée face à la Pologne n'a peut-être pas les mêmes automatismes, la même facilité technique et tactique que la «A», mais elle possède la même âme et nous montre aussi que quels que soient les changements que Bilic pourrait faire (obligé ou non) pour la suite du tournoi, il aura le loisir d'intégrer des joueurs parfaitement au diapason du groupe.

Hormis le jeune Modric (annoncé à Tottenham), on découvre deux latéraux, Pranjic et Corluka, qui donnent de vraies ailes à cette sélection. Et que l'on devrait revoir bien vite chez l'un ou l'autre des ténors de la Ligue des Champions.

Le scénario qui tue

Demain… L'un des moments forts de cet Euro, rendu encore plus prenant après les résultats des deux premières journées. Italie - France, nouveau volet de l'affrontement entre Champions du monde et leur Vice-. Si l'Italie semble s'être trouvée une nouvelle dynamique lors du dernier match (avec Grosso, Del Piero, De Rossi et Cassano), la France est encore au stade des questionnements après la volée subie face aux Pays-Bas.

Garder les «vieux»? Privilégier la «jeunesse»? Faire confiance à l'expérience ou se projeter déjà vers l'avenir? Et avec qui? Toujours est-il que quelques cadres du groupe sont maintenant sur la sellette (Thuram, Sagnol, Makélélé, Malouda) et que Raymond Domenech doit prendre des décisions lourdes de conséquences pour l'avenir de cette sélection et accessoirement pour la nature de son jeu…

Bien entendu, l'avenir de ces deux-là est aussi (grandement) entre les mains néerlandaises et roumaines. Le calcul a été vite fait et un succès roumain plierait ce groupe pour de bon, offrant à Mutu et ses amis un rendez-vous avec l'Espagne en fin de semaine. Avec ou non la complicité des «Orange»? Là est la question…

En attendant, et pour lâcher un peu de lest, force est de constater que l'équipe de Piturca est largement à la hauteur des attentes nées d'un excellent parcours en qualifs, où elle a réussi à prendre quatre points sur six à ces mêmes Néerlandais. Sans encaisser le moindre but.

Jusqu'au coefficient UEFA

Un nul ne qualifierait la Roumanie qu'en cas de nul de l'autre coté. Pas impossible, mais un peu risqué. Reste le cas (très) épineux d'une victoire des Pays-Bas et d'un nul entre Bleus et Azzuri. Tout dépendra du score de ce dernier match: un nul avec buts qualifie l'Italie (au nombre de buts marqués dans les confrontations directes entre les trois). Un nul sans but fait descendre le critère pour départager les équipes jusqu'à la différence de buts générale (en comptant les matches face aux PB).

La Roumanie passe si elle perd par moins de trois buts ou par trois buts en marquant (1-4, 2-5, etc…). L'Italie passe si la Roumanie perd par plus de trois buts d'écart. Si les Pays-Bas battent la Roumanie 3-0 et Italie et France se quittent sur un 0-0, il faudra alors aller jusqu'au coefficient obtenu lors des qualifications, avec avantage final à l'Italie (2,36 contre 2,24).

Vous aurez pu remarquer qu'aucun cas de figure ne permet à la France de passer en cas de nul contre l'Italie