La prudence est de retour
Soccer jeudi, 26 févr. 2009. 14:45 dimanche, 15 déc. 2024. 03:42
Avant toute autre chose, ces huitièmes de finale aller de la Ligue des Champions confirment que la tendance est revenue à la prudence en premier lieu. La consigne fondamentale est de ne pas prendre de but à domicile - quitte à limiter ses propres chances de marquer à la maison.
Alors, on ne sera pas vraiment étonné que ces huit rencontres aient produit un gros total de 16 buts, dont plus de la moitié (neuf exactement) sur seulement deux terrains (quatre pour Atletico - Porto, cinq pour Sporting - Bayern).
Dans un football qui marque peu (moins de trois buts par match en moyenne générale), le «but à l'extérieur» a pris une importance monstrueuse. En corollaire, ne pas prendre ce but est devenu un impératif. Certains techniciens commencent à s'en irriter (Wenger), considérant que ce règlement appartient à un autre temps, et que l'heure est venue d'explorer de nouvelles solutions. Lesquelles? C'est un autre débat, mais il serait peut-être temps d'y réfléchir
Pour en revenir à nos huitièmes de finale, un seul est déjà bouclé après les matches aller. En s'imposant 5-0 au Sporting, le Bayern a gagné le droit de mettre son match-retour en veilleuse et se concentrer sur d'autres choses.
Malgré une grosse domination initiale, le Sporting n'a pas su marquer et à force d'avancer s'est mis à laisser des espaces. Des espaces à Ribéry, Ze Roberto, Schweinsteiger, Klose et Toni? Merci beaucoup
Métamorphose anglaise
Les sept autres rencontres se tiennent à un but ou moins. Et là encore, il est impossible de passer sous silence l'impression d'ensemble des clubs anglais. Face à une opposition plus relevée que jamais, ils ressortent de ces matches aller avec un remarquable bilan de trois victoires et un nul, trois buts inscrits, aucun encaissé.
Ces quatre-là ont effectué en quelques années une métamorphose exceptionnelle, grâce au «brassage» d'idées apporté par quelques techniciens continentaux, une manne financière à l'heure actuelle inégalée, et un savoir-faire dans le recrutement. On l'a déjà dit dans cette chronique, mais le Manchester qui s'incline en demi-finale 2007 contre Milan (3-2, 0-3), aujourd'hui ne gagnerait certainement pas 3-2, mais ne perdrait jamais 3-0 au retour.
Manchester, justement. On a beaucoup parlé de cette série de 14 matches sans but encaissé, de Van der Sar, etc Mais qu'a-t-on vu mardi à Milan? Une défense privée de deux titulaires indiscutables, dont sans doute le meilleur défenseur du championnat anglais sur ces 18 derniers mois (Vidic). Des remplaçants encore incertains de pouvoir jouer le match le matin même (O'Shea, Evans) et un «patron» de la défense qui dispute sans doute l'un de ses matches les moins aboutis de la saison (Ferdinand). Et pourtant le résultat reste le même. C'est qu'au-delà des joueurs, Alex Ferguson a mis en place un système qui dépasse les individualités, qui débute au milieu avec un bloc compact (Carrick - Fletcher) dans l'axe et deux tenailles sur les cotés (Cristiano Ronaldo a défendu bien plus qu'à son habitude, l'an dernier c'était Rooney qui prenait cette charge).
La même manière
Le pressing et la récupération se font relativement bas, mais MU possède ensuite cette qualité d'accélération qui va lui permettre de se projeter en avant, en bloc, avec à chaque fois quatre ou cinq options d'attaque.
C'est la même rigueur et la même vitesse d'intervention et de développement que l'on retrouve à Liverpool. Comparez la relative facilité avec laquelle Torres et Kuyt on su intervenir entre les lignes du Real pour gagner des longs ballons et la quasi-impuissance du duo Ibrahimovic - Adriano dans des conditions identiques face à MU
Comparez l'aisance, le rythme et les options que s'offrent Cristano Ronaldo et Giggs devant la défense de l'Inter, et l'éteignoir sous lequel Raul, Robben et Higuain ont été mis par Liverpool
Comparez enfin la «réussite programmée» de Liverpool sur une combinaison de coup-franc, et les exploits de Julio Cesar sur les tentatives de Ronaldo
Paradoxalement, c'est bien l'équipe dont l'expression a semblé la plus aboutie aux deux extrémités du terrain, MU, qui se retrouve en moins bonne posture parmi les quatre anglais. Face à un Inter emprunté et à la limite du paresseux, United a produit une première mi-temps de choix, mais s'est heurté à un Julio Cesar impeccable. Jose Mourinho ne s'y est pas trompé, préférant vite resserrer son dispositif défensif pour ne pas sombrer. L'Inter y est péniblement parvenu et aura l'occasion d'aller à Old Trafford en se disant qu'un petit but pourrait suffire à son grand bonheur. Ce qui, au vu du match aller, est sans doute un motif d'optimisme. Avec une équipe aussi fantasque, rien n'est vraiment impossible. Et l'on se souviendra des paroles du Jose, avant même le match aller, expliquant que ce huitième se jouerait sans doute en prolongation, voire plus
Le retour des grosses têtes
Du coté de Londres, les deux autres affrontements anglo-italiens ont connu le même dénouement. Arsenal et Chelsea ont battu respectivement la Roma et la Juventus sur le même score 1-0. Même dénouement, mais scénarios différents: Arsenal a largement dominé, pesant sur une défense romaine en difficulté (Panucci écarté, Juan et Cicinho blessés). Et peut sans doute s'en vouloir de ne pas aborder le retour avec une marge plus confortable (même si De Rossi sera suspendu pour le retour).
À Chelsea, on est plus facilement soulagé: l'équipe de Guus Hiddink a fait l'essentiel, grâce à Drogba, mais a grandement souffert en deuxième mi-temps, évitant de peu l'égalisation (Del Piero et Nedved). Hiddink a lui-même admis que la prestation d'ensemble était «insuffisante». Avec deux semaines de plus au chevet de sa nouvelle équipe, le Néerlandais peut cependant s'attendre à un «mieux» lors du retour. Qui sera nécessaire pour passer. En attendant, il peut sans doute apprécier que certains «gros joueurs» de Chelsea, qui se sont volontiers effacés pour précipiter le limogeage de Scolari, soient revenus dans son camp et participent enfin au jeu
Barcelone sait se battre
Les trois autres affrontements restent tout aussi ouverts. Barcelone a souffert pendant une mi-temps à Lyon. Encaissant un coup-franc magnifique de Juninho d'entrée (et une bourde de Valdes), et manquant d'encaisser un deuxième but en au moins deux occasions, Benzema manquant entre autres un un-contre-un devant Valdes. On peut se régaler devant le spectacle offert cette saison par Messi, Eto'o, Henry, Iniesta, etc Mais on oublie trop facilement de dire à quel point cette équipe sait travailler fort, se battre, s'acharner, pour obtenir ses résultats. Elle l'a encore prouvé, égalisant par Henry sur un coup de pied arrêté (corner repris par Marquez sur Henry).
À la différence de la «fin de règne» de Rijkaard, le Barça de Pep' Guardiola sait qu'il n'a pas le droit de se reposer sur ses qualités. Au contraire, avec ces qualités, ce Barça a l'obligation de se forcer encore et toujours. Pour le moment, il garde la consigne en tête. Ce qui devrait lui éviter une éventuelle grosse baisse de régime. Lyon se retrouve comme l'an dernier face à MU à la même époque: 1-1 à domicile sans démériter, mais sans avoir su saisir sa chance comme il fallait.
Des buts à Porto
Villarreal a lui aussi dominé. Sans marquer, face au Panathinaïkos. Deux très grosses occasions en première mi-temps, avant de se faire rendre sur une frappe superbe de Karagounis. Villarreal possède cependant cette faculté de savoir réagir et égalise dans les cinq minutes (Rossi). L'équipe de Pellegrini conserve donc ses chances de passer, mais devra aller marquer à Athènes, chez un adversaire pas plus gêné que ça d'avoir à subir et dont la maîtrise sur contre-attaques et coup de pied arrêtés (victoires à Brême et à l'Inter en phase de groupe) devraient poser de gros problèmes au Sous-Marin jaune.
Le huitième le plus indécis, le plus imprévisible, demeure cependant Porto - Atletico. On avait dit en début de tournoi, que cet Atletico possédait une attaque impressionnante (Agüero, Forlan, Maxi, Maniche, Simao, Luis Garcia, Sinama-Pongolle selon les occasions), mais que sa défense demeurait pour le moins suspecte. L'Atletico prouve l'un comme l'autre d'une semaine à l'autre en Liga et le match de mardi n'a pas fait exception. Les «Matelassiers» ont mené deux fois, sur deux beaux efforts (et avec l'aide du gardien Helton), mais ont offert de belles occasions aux attaquants portistes, Lisandro Lopes et Hulk, le premier en profitant à deux reprises.
Alors, oui, Porto s'en revient de Vicente-Calderon fort de ces deux buts à l'extérieur - et d'une meilleure maîtrise dans le jeu - mais sa situation ressemble trop à celle de son adversaire pour avancer un pronostic définitif. Ce retour-là devrait offrir son poids de buts
Alors, on ne sera pas vraiment étonné que ces huit rencontres aient produit un gros total de 16 buts, dont plus de la moitié (neuf exactement) sur seulement deux terrains (quatre pour Atletico - Porto, cinq pour Sporting - Bayern).
Dans un football qui marque peu (moins de trois buts par match en moyenne générale), le «but à l'extérieur» a pris une importance monstrueuse. En corollaire, ne pas prendre ce but est devenu un impératif. Certains techniciens commencent à s'en irriter (Wenger), considérant que ce règlement appartient à un autre temps, et que l'heure est venue d'explorer de nouvelles solutions. Lesquelles? C'est un autre débat, mais il serait peut-être temps d'y réfléchir
Pour en revenir à nos huitièmes de finale, un seul est déjà bouclé après les matches aller. En s'imposant 5-0 au Sporting, le Bayern a gagné le droit de mettre son match-retour en veilleuse et se concentrer sur d'autres choses.
Malgré une grosse domination initiale, le Sporting n'a pas su marquer et à force d'avancer s'est mis à laisser des espaces. Des espaces à Ribéry, Ze Roberto, Schweinsteiger, Klose et Toni? Merci beaucoup
Métamorphose anglaise
Les sept autres rencontres se tiennent à un but ou moins. Et là encore, il est impossible de passer sous silence l'impression d'ensemble des clubs anglais. Face à une opposition plus relevée que jamais, ils ressortent de ces matches aller avec un remarquable bilan de trois victoires et un nul, trois buts inscrits, aucun encaissé.
Ces quatre-là ont effectué en quelques années une métamorphose exceptionnelle, grâce au «brassage» d'idées apporté par quelques techniciens continentaux, une manne financière à l'heure actuelle inégalée, et un savoir-faire dans le recrutement. On l'a déjà dit dans cette chronique, mais le Manchester qui s'incline en demi-finale 2007 contre Milan (3-2, 0-3), aujourd'hui ne gagnerait certainement pas 3-2, mais ne perdrait jamais 3-0 au retour.
Manchester, justement. On a beaucoup parlé de cette série de 14 matches sans but encaissé, de Van der Sar, etc Mais qu'a-t-on vu mardi à Milan? Une défense privée de deux titulaires indiscutables, dont sans doute le meilleur défenseur du championnat anglais sur ces 18 derniers mois (Vidic). Des remplaçants encore incertains de pouvoir jouer le match le matin même (O'Shea, Evans) et un «patron» de la défense qui dispute sans doute l'un de ses matches les moins aboutis de la saison (Ferdinand). Et pourtant le résultat reste le même. C'est qu'au-delà des joueurs, Alex Ferguson a mis en place un système qui dépasse les individualités, qui débute au milieu avec un bloc compact (Carrick - Fletcher) dans l'axe et deux tenailles sur les cotés (Cristiano Ronaldo a défendu bien plus qu'à son habitude, l'an dernier c'était Rooney qui prenait cette charge).
La même manière
Le pressing et la récupération se font relativement bas, mais MU possède ensuite cette qualité d'accélération qui va lui permettre de se projeter en avant, en bloc, avec à chaque fois quatre ou cinq options d'attaque.
C'est la même rigueur et la même vitesse d'intervention et de développement que l'on retrouve à Liverpool. Comparez la relative facilité avec laquelle Torres et Kuyt on su intervenir entre les lignes du Real pour gagner des longs ballons et la quasi-impuissance du duo Ibrahimovic - Adriano dans des conditions identiques face à MU
Comparez l'aisance, le rythme et les options que s'offrent Cristano Ronaldo et Giggs devant la défense de l'Inter, et l'éteignoir sous lequel Raul, Robben et Higuain ont été mis par Liverpool
Comparez enfin la «réussite programmée» de Liverpool sur une combinaison de coup-franc, et les exploits de Julio Cesar sur les tentatives de Ronaldo
Paradoxalement, c'est bien l'équipe dont l'expression a semblé la plus aboutie aux deux extrémités du terrain, MU, qui se retrouve en moins bonne posture parmi les quatre anglais. Face à un Inter emprunté et à la limite du paresseux, United a produit une première mi-temps de choix, mais s'est heurté à un Julio Cesar impeccable. Jose Mourinho ne s'y est pas trompé, préférant vite resserrer son dispositif défensif pour ne pas sombrer. L'Inter y est péniblement parvenu et aura l'occasion d'aller à Old Trafford en se disant qu'un petit but pourrait suffire à son grand bonheur. Ce qui, au vu du match aller, est sans doute un motif d'optimisme. Avec une équipe aussi fantasque, rien n'est vraiment impossible. Et l'on se souviendra des paroles du Jose, avant même le match aller, expliquant que ce huitième se jouerait sans doute en prolongation, voire plus
Le retour des grosses têtes
Du coté de Londres, les deux autres affrontements anglo-italiens ont connu le même dénouement. Arsenal et Chelsea ont battu respectivement la Roma et la Juventus sur le même score 1-0. Même dénouement, mais scénarios différents: Arsenal a largement dominé, pesant sur une défense romaine en difficulté (Panucci écarté, Juan et Cicinho blessés). Et peut sans doute s'en vouloir de ne pas aborder le retour avec une marge plus confortable (même si De Rossi sera suspendu pour le retour).
À Chelsea, on est plus facilement soulagé: l'équipe de Guus Hiddink a fait l'essentiel, grâce à Drogba, mais a grandement souffert en deuxième mi-temps, évitant de peu l'égalisation (Del Piero et Nedved). Hiddink a lui-même admis que la prestation d'ensemble était «insuffisante». Avec deux semaines de plus au chevet de sa nouvelle équipe, le Néerlandais peut cependant s'attendre à un «mieux» lors du retour. Qui sera nécessaire pour passer. En attendant, il peut sans doute apprécier que certains «gros joueurs» de Chelsea, qui se sont volontiers effacés pour précipiter le limogeage de Scolari, soient revenus dans son camp et participent enfin au jeu
Barcelone sait se battre
Les trois autres affrontements restent tout aussi ouverts. Barcelone a souffert pendant une mi-temps à Lyon. Encaissant un coup-franc magnifique de Juninho d'entrée (et une bourde de Valdes), et manquant d'encaisser un deuxième but en au moins deux occasions, Benzema manquant entre autres un un-contre-un devant Valdes. On peut se régaler devant le spectacle offert cette saison par Messi, Eto'o, Henry, Iniesta, etc Mais on oublie trop facilement de dire à quel point cette équipe sait travailler fort, se battre, s'acharner, pour obtenir ses résultats. Elle l'a encore prouvé, égalisant par Henry sur un coup de pied arrêté (corner repris par Marquez sur Henry).
À la différence de la «fin de règne» de Rijkaard, le Barça de Pep' Guardiola sait qu'il n'a pas le droit de se reposer sur ses qualités. Au contraire, avec ces qualités, ce Barça a l'obligation de se forcer encore et toujours. Pour le moment, il garde la consigne en tête. Ce qui devrait lui éviter une éventuelle grosse baisse de régime. Lyon se retrouve comme l'an dernier face à MU à la même époque: 1-1 à domicile sans démériter, mais sans avoir su saisir sa chance comme il fallait.
Des buts à Porto
Villarreal a lui aussi dominé. Sans marquer, face au Panathinaïkos. Deux très grosses occasions en première mi-temps, avant de se faire rendre sur une frappe superbe de Karagounis. Villarreal possède cependant cette faculté de savoir réagir et égalise dans les cinq minutes (Rossi). L'équipe de Pellegrini conserve donc ses chances de passer, mais devra aller marquer à Athènes, chez un adversaire pas plus gêné que ça d'avoir à subir et dont la maîtrise sur contre-attaques et coup de pied arrêtés (victoires à Brême et à l'Inter en phase de groupe) devraient poser de gros problèmes au Sous-Marin jaune.
Le huitième le plus indécis, le plus imprévisible, demeure cependant Porto - Atletico. On avait dit en début de tournoi, que cet Atletico possédait une attaque impressionnante (Agüero, Forlan, Maxi, Maniche, Simao, Luis Garcia, Sinama-Pongolle selon les occasions), mais que sa défense demeurait pour le moins suspecte. L'Atletico prouve l'un comme l'autre d'une semaine à l'autre en Liga et le match de mardi n'a pas fait exception. Les «Matelassiers» ont mené deux fois, sur deux beaux efforts (et avec l'aide du gardien Helton), mais ont offert de belles occasions aux attaquants portistes, Lisandro Lopes et Hulk, le premier en profitant à deux reprises.
Alors, oui, Porto s'en revient de Vicente-Calderon fort de ces deux buts à l'extérieur - et d'une meilleure maîtrise dans le jeu - mais sa situation ressemble trop à celle de son adversaire pour avancer un pronostic définitif. Ce retour-là devrait offrir son poids de buts