Més que un club, ou « plus qu’une équipe » en français, c’est le slogan du FC Barcelone. Sans nécessairement être aussi « aficionado » qu’un résident de Barcelone qui connaît par cœur les statistiques de tous les joueurs depuis les années Maradona, j’ai depuis longtemps un faible pour le club catalan. Entre autres en raison « du mode de pensée » derrière le slogan.



Plus qu’une simple équipe… Pour ses succès des dernières années sur le terrain : cinq conquêtes du Championnat d’Espagne et trois conquêtes de la Ligue des champions depuis 2005. Mais aussi pour des raisons hors terrain : notamment pour avoir apposé le logo de l’UNICEF sur son chandail de 2006 à 2011 (et pour avoir donné 1,5 millions d’euros à chaque année pendant cinq ans à l’organisme pour la lutte contre le VIH en Afrique et en Amérique latine). Et aussi pour avoir pris en charge Lionel Messi (ensuite devenu ambassadeur de l’UNICEF) alors qu’il avait 13 ou 14 ans et aux prises avec certains problèmes de croissance.

Ces nationalistes catalans, qui se sentent aussi Espagnols que certains Québécois se sentent Canadiens, voient aussi dans « Més que un club » un puissant symbole d’identité nationale et chaque victoire contre la « méchante équipe de la capitale Madrid » (dixit plusieurs Catalans à qui j’ai parlé de la rivalité depuis mon arrivée à Barcelone) est une victoire qui résonne autant sportivement que politiquement. Le fait que le club compte aussi dans ses rangs plusieurs éléments catalans, Guardiola, Xavi, Puyol, Piqué, Victor Valdes (et nouvellement Fabregas, dont la récente acquisition n’a laissé personne indifférent ici), ajoute également à l’aura du slogan.

Pour moi, l’aspect politique ne fait pas partie de l’équation, mais disons que j‘adore voir Barcelone triompher devant Madrid et que je préfère de loin le style de la paire Pep Guardiola / Lionel Messi à celui de la paire José Mourinho / Cristiano Ronaldo.



N’ayant malheureusement me rendre au Camp Nou pour le match retour de la Super Coupe d’Espagne contre Madrid mercredi dernier (j’aurais bien aimé pouvoir dire que j’étais là quand Mourinho a mis toute son intelligence et sa finesse dans l’index de sa main droite avant d’aller l’écraser dans l’œil de Tito Vilanova), j’ai pu me reprendre hier lors du match contre le SSC Napoli dans le cadre de la 46e édition du trophée Joan Gamper (fondateur du club).

J’allais enfin assister à un match dans le plus grand stade d’Europe (99 354). Avec « seulement » 78 000 spectateurs présents hier, quelques sections du stade paraissaient presque vides. Mais malgré quelques sièges vides, ce fut un grand moment pour un amateur de sport comme moi.

Un grand stade rempli d’histoire, qui a notamment ouvert ses portes en septembre 1957, a accueilli deux finales de la Ligue des Champions, des matchs de la Coupe du monde de 1982 et le tournoi de soccer des Jeux olympiques de 1992. Des stades comme Camp Nou, je n’ai pas la chance d’en visiter tous les jours.

Pour ceux qui n’ont pas la chance de voir le Barça à l’œuvre au Camp Nou un jour de match, sachez qu’il est possible de visiter le stade. En entrant dans l’enceinte par le côté sud, vous ne pouvez pas ne pas le voir : le fameux slogan du club. Un énorme « Més que un club », écrit en jaune, à même les gradins du deuxième balcon, sur fond bleu. À la même hauteur du côté opposé du terrain, même modus operandi, cette fois avec le nom du club : FC BARCELONA. Impressionnant.



La visite, que l’on appelle ici « Camp Nou Experience » inclut également une section multimédia pour revivre les meilleurs moments de l’histoire du club sur le terrain et la visite du musée du club (où vous apprenez plus sur son histoire et sur la signification du slogan — pendant la Guerre civile des années ‘30, le président du club a été assassiné par des soldats fidèles à Franco, le nom du club a été changé, etc. Pour plusieurs, le club représentait en quelque sorte la résistance contre Franco). En visitant le musée, on comprend un peu mieux l’origine du slogan et pourquoi les gens y sont si attachés. Un passage obligé qui dépasse, selon moi, le simple cadre sportif.

Ah oui, le match!

Pour ce qui est du match (oui, faudrait bien que je parle un peu du match), certains partisans du Barça diront peut-être que l’affrontement contre Naples en fut un grand. Résultat final : 5–0 en faveur de vous devinez qui. Une marque finale qui indique très bien l’allure du match: aucune comparaison possible en termes de minutes de possession et de capacité à contrôler le ballon. Une belle démonstration de football donnée par les champions d’Europe.

Une solide rince, comme dirait l’autre. Mais bon, disons que l’édition 2011 du SSC se compare difficilement à celles des années Maradona et des championnats de la fin des années ’80.

Avant le match, la foule avait réservé son plus bel accueil au nouveau-venu Fabregas et à Messi… évidemment. Pendant de longues secondes, la foule s’est mise à scander « Messi », un peu comme s’il en était un… Et les deux héros en rouge et bleu ont répondu par la bouche de leurs canons.

Auteur de deux buts lors du match retour contre Madrid la semaine dernière, le populaire numéro 10 n’a fait son entrée dans le match qu’en deuxième demie. Heureusement pour Naples que Messi n’a joué qu’une demie puisqu’il aurait sûrement marqué plus que deux buts (65e et 77e). C’est la première fois que je voyais Messi à l’œuvre en personne. Voir l’étendue de son talent à la télévision est une chose, le voir dominer en personne est une autre. Passes époustouflantes, jeu de pieds imparable, vitesse d’exécution, tirs précis… he’s got it all! La défensive de Naples n’était manifestement pas de taille contre le double détenteur du Ballon d’Or.

Pour sa part, Fabregas (en passant, 100 journalistes ont assisté à sa première conférence de presse à Barcelone après son transfert… « Més que un club », ça s’applique aussi à la démesure médiatique autour du Barça) a également fait honneur à sa réputation en ouvrant la marque à la 26e minute après avoir raté une chance incroyable quelques instants plus tôt. Pour l’ancien d’Arsenal, il s’agissait d’un premier but avec sa nouvelle équipe. Et quoi de mieux que d’inscrire ce premier but à domicile pour un joueur né à environ 30 kilomètres de Barcelone.

Le spectacle aussi sur la galerie de presse

Si les amateurs présents ont eu droit à un spectacle intéressant sur le terrain, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance alors que l’on m’avait désigné un siège derrière une rangée de journalistes italiens sur la galerie de presse. J’aurais difficilement pu demander mieux. Sept valeureux guerriers qui avaient très à cœur le succès (ou l’insuccès) de leur équipe. Travaillaient-ils directement pour l’équipe ou pour un média? Je me pose encore la question. De la belle grosse objectivité… comme dans le temps d’Eddie Shore!

Vers la 18e minute, l’escouade offensive de Naples orchestre une superbe pièce de jeu (leur seule du match). Le ballon termine sa course derrière la ligne blanche des buts. Mais il y a hors-jeu; le but est donc refusé. N’en fallut pas plus pour déclencher un torrent de gestes vifs, de haussements de voix violents et de phrases très rapides contenant des mots que l’on ne répèterait pas à la télévision. L’orage dura plusieurs secondes avant de s’écraser contre le mur de la reprise vidéo…

Jeu poreux de la défensive italienne? POW! Tornade de force 4!

Trois poteaux en 30 secondes du Barça? POW! Congédiez l’entraîneur sur le champ!

Iniesta qui fait paraître les défenseurs italiens pour des joueurs de niveau pee-wee? POW! Privez les joueurs de bouffe pendant une semaine!

Du groupe des sept, je me suis plus particulièrement attaché à deux virulents lurons. De un, leurs nombreuses esbroufes m’ont bien fait rire. De deux, leur « baloune » s’est dégonflée bien assez vite (à 3–0, c’était plutôt silencieux devant moi). De trois, le temps que leur manège a duré, j’aimais bien le courant d’air créé par leurs nombreux mouvements de bras; il faisait quand même chaud là-haut. Ils me manquent déjà!



Camp Nou aussi…