MONTRÉAL – Après une courte traversée du désert, Dominic Oduro est de retour. Et si la performance qu’il a offerte en fin de semaine dernière à Toronto est un indicatif de ce qui lui reste dans les jambes pour le reste de la saison, on ne lui prendra pas sa place une deuxième fois.

Oduro avait débuté la saison avec un rôle central dans l’effectif montréalais. D’abord en raison de l’absence de Didier Drogba et ensuite en vertu des bonnes performances qu’il s’est mis à multiplier, l’entraîneur-chef Mauro Biello l’a titularisé dans 16 des 17 premiers matchs de l’Impact. Il a marqué quatre buts et ajouté cinq passes décisives au cours de cette séquence.

Vers la mi-juillet, le rapide Ghanéen a commencé à perdre des plumes. Une séquence de sept départs sans but, combinée à l’émergence de la recrue Michael Salazar, l’a décalé de quelques échelons dans la hiérarchie de l’équipe. À partir du 13 juillet, Biello ne lui a donné qu’un départ en huit matchs et à trois reprises, il n’a même pas fait appel à ses services comme substitut.

Malgré sa déveine, Oduro n’a jamais perdu le sourire, préférant se mettre à la recherche de solutions plutôt que de maugréer en s’apitoyant sur son sort.

« Après onze ans dans cette ligue, on se bâtit une carapace, racontait Oduro après l’entraînement, jeudi. C’est vrai que c’est difficile mentalement quand on ne joue pas, mais il faut aborder la situation de façon professionnelle. Il y a 28 gars ici qui voudraient jouer à tous les matchs. Quand ce n’est pas notre cas, il faut continuer de travailler fort jusqu’à ce que notre nom revienne dans la conversation. Le mien est revenu et j’étais prêt à produire. »

Oduro est finalement remonté à la surface après des défaites gênantes contre les Red Bulls de New York et le Fire de Chicago. Envoyé tel un S.O.S pour réveiller une attaque en hibernation contre D.C. United, il a obtenu deux tirs au but et allumé de nombreux feux sur l’aile droite en quelque trente minutes de jeu. Trois jours plus tard, il se faisait complice du seul but du match dans une victoire inespérée de 1-0 sur le terrain de Toronto FC.

« Je savais que les choses allaient tourner pour Dom, s’est réjoui son coéquipier Hassoun Camara. Les choses ne sont jamais figées dans le football, tout va très vite, la roue tourne. Lorsqu’on a fait appel à lui, il a répondu présent et a montré qu’il n’avait pas décroché mentalement même si c’était difficile pour lui. »

« C’était ma façon de compliquer la vie du coach, de lui dire que la prochaine fois, il ne devrait pas me laisser de côté, affirme Oduro. C’est à souhaiter que je puisse répéter ce genre de performance dans les matchs à venir. Sinon, je continuerai à faire toutes les petites choses que je peux faire pour aider l’équipe à gagner. »

Oduro peut être rassuré. Des performances comme celle qu’il a offerte dans la Ville Reine sont le genre de problème que Biello prendrait en paquet de douze.

« Un match comme celui-là, ça rend ma vie un peu plus facile. C’est le genre de performance qu’on prend en référence pour la suite des choses. Si tu es capable de jouer de cette manière, c’est difficile de t’enlever de l’alignement », a insinué l’entraîneur.

« Dominic doit amener cette énergie, c’est sa principale qualité, a ensuite statué Biello. Quand il amène cette puissance physique au niveau de sa vitesse, il est difficile à couvrir, sans compter que dans la phase défensive, il est capable de refermer les espaces très rapidement. »

Une fierté, une mentalité

La pièce de résistance du retour d’Oduro dans l’onze partant de Biello fut sans aucun doute la passe sublime qu’il a servie à Ignacio Piatti pour permettre à l’Argentin d’assommer les Torontois à la 73e minute. Dos au but, avec un défenseur dans ses shorts, Oduro a amorti avec sa poitrine un ballon dégagé par Evan Bush et dévié par Matteo Mancosu et l’a immédiatement renvoyé à Nacho avec l’extérieur de son pied droit.

« Quand Didier est sorti du match, j’ai dit à Piatti : ‘Tente de me trouver sur le terrain et je vais faire la même chose’. Et c’est exactement ce que j’ai fait. Dès que la balle a été bottée en ma direction, je me suis mis en position pour en faire la réception tout en gardant Nacho dans mon champ de vision. Je l’ai vu en pleine course, j’ai pu lui refiler la balle et le reste lui appartient. Les touches, le contrôle, le tir... du grand Nacho! »

Oduro a récolté sa sixième passe décisive de la saison sur la séquence, ce qui en fait le meneur chez l’Impact à ce chapitre. Il s’agit également d’une nouvelle marque personnelle dont il avoue retirer beaucoup de fierté.

« Il fut un temps où tout ce qui m’intéressait, c’était marquer, marquer et encore marquer. Mais en vieillissant, en gagnant en maturité, j’ai compris que ce qui importait vraiment était de tout faire en son pouvoir pour aider l’équipe à gagner. Je veux donner le ballon aux gars qui sont réellement doués pour le mettre dedans. Quand vous avez des gars comme Drogba et Piatti dans votre équipe, vous savez que vous ne pouvez pas perdre en leur refilant le ballon. C’est ma mentalité présentement, surtout quand je joue sur l’aile. »