Mort d'Emiliano Sala : l'organisateur du vol reconnu coupable
Soccer jeudi, 28 oct. 2021. 07:54 mercredi, 11 déc. 2024. 15:20LONDRES, Royaume-Uni - Il avait engagé un pilote qu'il savait non qualifié: l'organisateur du vol qui a coûté la vie au footballeur argentin Emiliano Sala en 2019 a été reconnu coupable de mise en danger par un tribunal au Pays de Galles et risque désormais une peine de prison ferme.
À l'issue de près de deux semaines d'audiences accablantes et de sept heures de délibérations, le jury populaire d'un tribunal de Cardiff a déclaré David Henderson, 67 ans, coupable d'imprudence ou négligence susceptible d'avoir mis en danger un appareil.
L'intermédiaire, qui encourt cinq ans de prison, verra sa peine prononcée le 12 novembre et reste entre temps en liberté provisoire.
Il risque également deux ans de détention pour des poursuites concernant le transport d'un passager sans autorisation valide, charge pour laquelle il a plaidé coupable et sur laquelle le jury n'avait donc pas à se prononcer.
Le petit avion privé à bord duquel se trouvait le joueur de 28 ans et le pilote David Ibbotson s'était abîmé dans la Manche le 21 janvier 2019. L'attaquant du FC Nantes rejoignait le club de Cardiff City, où il venait d'être transféré pour 17 millions d'euros.
Le corps du joueur, dont la disparition avait ému le monde du football, avait été retrouvé dans la carcasse de l'appareil, plus de deux semaines après l'accident, à 67 mètres de profondeur. Le corps du pilote, âgé de 59 ans, n'a pas été retrouvé.
Selon l'accusation, le prévenu devait initialement piloter l'appareil mais, en vacances à Paris avec sa femme, il avait confié le transport à David Ibbotson. Ce dernier n'avait pas de licence de pilote commercial, sa qualification pour ce type d'appareil avait expiré et il n'était pas compétent pour voler de nuit.
Produisant des SMS à l'audience, le procureur Martin Goudie avait accusé l'intermédiaire d'avoir agi « dans son intérêt financier » et de savoir pertinemment que le pilote n'était pas qualifié: « Il a ignoré certaines exigences (de sécurité) lorsque cela l'arrangeait, lui et ses intérêts commerciaux ».
« Une pièce du puzzle »
La propriétaire du Piper Malibu, Fay Keely, avait par ailleurs indiqué lors de son témoignage avoir demandé explicitement par écrit au prévenu de ne plus recourir aux services de David Ibbotson, après plusieurs infractions signalées.
La défense de David Henderson avait cependant réfuté toute « imprudence », affirmant que les manquements aux règlements reprochés à son client relevaient « purement d'une question de paperasse » et qu'ils n'avaient pas conduit à mettre réellement le vol en danger.
Son avocat Stephen Spence avait assuré que la seule différence entre une licence commerciale et privée relevait de la possibilité de faire payer les passagers, sans que cela ne dise rien des capacités du pilote, qui comptait plus de 3500 heures de vol à son actif.
La famille du joueur argentin s'est félicitée du verdict rendu jeudi mais a estimé que les actions de David Henderson ne constituaient « qu'une pièce du puzzle ». « Nous n'avons toujours pas connaissance d'éléments clés concernant la maintenance de l'appareil et tous les facteurs expliquant l'intoxication au monoxyde de carbone », a-t-elle relevé, disant espérer des réponses lors d'une série d'audiences prévues en février prochain.
Dans son rapport définitif publié en mars 2020, le bureau d'enquête britannique sur les accidents aériens avait estimé que le pilote a « probablement » été intoxiqué au monoxyde de carbone par le système d'échappement du moteur.
Il avait conclu que le pilote avait perdu le contrôle de l'appareil lors d'une manœuvre effectuée à une vitesse trop élevée, « probablement » destinée à éviter le mauvais temps. L'avion était lancé à une vitesse de 270 miles par heure (435 km/h) au moment de l'impact avec l'eau, ne laissant aucun espoir de survie.
La dépouille d'Emiliano Sala avait été rapatriée en février 2019 en Argentine. Parents, amis, émissaires de Nantes, Bordeaux et Cardiff, habitants: ils étaient des centaines à être venus s'incliner, pleurer, poser une main sur le cercueil du footballeur à Progreso, le village argentin de 3000 habitants qui l'avait vu grandir.
En France, les hommages s'étaient aussi multipliés après l'annonce de la disparition du footballeur.