Un titre mérité
Soccer dimanche, 9 juil. 2006. 19:07 samedi, 14 déc. 2024. 01:29
On l'a triturée dans tous les sens, cette finale. Bien avant qu'elle ne soit jouée, on en avait sorti tous les tenants, aboutissants, les paramètres, les schémas tactiques, les «clés du match». On pensait en avoir fait le tour, tiré l'essentiel avant même le coup d'envoi.
Reste qu'un match se joue et qu'il s'y produit des événements, des «faits de match», qui bousculent toutes les pré-analyses, les déclarations d'intention... et tout bonnement la gueule d'une finale.
Tout a commencé - et comment! - par une incursion de Malouda dans la surface italienne. Le match est à peine vieux de six minutes. Et encore! Six minutes amputées de leur moitié. Henry, sonné lors d'un premier choc, absolument involontaire, avec Cannavaro, à moitié inconscient. Puis Zambrotta, sur la première montée italienne, venu hacher Vieira. Bref, on parle, on gesticule, mais le match à peine commencé. Et donc Malouda rentre dans la surface italienne...
Déséquilibré par les retours de Materazzi et Cannavaro, il s'écroule. Monsieur Elizondo indique aussitôt le point de penalty. Voilà la finale lancée : Zidane frappe, finement, une balle piquée qui s'élève... frappe la transversale, retombe au sol et sort du but! Stupeur! Non, finalement, après une longue seconde d'attente, le but est accordé, le ballon ayant effectivement entièrement franchi la ligne avant de ressortir. 1-0 France, sept minutes! Finale lancée, emballée, trop tôt pour être pliée.
Prise à contre-pied de son projet de match - contrôler le rythme, ne pas le laisser s'emballer pour maintenir la meilleure cohésion possible du bloc - l'Italie doit se lancer, tenter, pousser. Elle le fait avec envie et talent. Camoranesi, Grosso, Zambrotta, Pirlo viennent tout à tour pousser le milieu français qui recule et vient marcher sur les pieds de sa défense, Zidane, Malouda et Ribéry sont privés du soutien d'un Vieira et peinent à tenir le ballon. L'Italie pousse et s'emballe. Pirlo a déjà l'occasion de mettre le danger devant le but de Barthez sur un ou deux coups de pied arrêtés.
Et sur l'un d'entre eux, le grand Materazzi vient placer son coup de tête vengeur. Égalisation italienne après moins de vingt minutes. Franchement pas le scénario attendu...
L'Italie a su répondre aussitôt après un premier coup du sort. C'est désormais aux Français de reprendre le bon bout du match. Bien tenus par le milieu italien, ils peinent à desserrer l'étreinte. Zidane doit revenir souvent pour se libérer du marquage et soulager ses milieux. Ribéry et Malouda font alors office d'accélérateurs, sans pourtant trouver Thierry Henry en bonne position.
Le marquage italien est alors énorme : jamais de un contre un, toujours deux joueurs sur le porteur du ballon. Les Français commettent alors des petites fautes inhabituelles, se gênent sur des ballons tous simples. Jusqu'à cette remise en touche totalement manquée par Abidal. L'Italie s'enhardit et sur un nouveau corner de Pirlo, Toni reprend de la tête mais touche la barre transversale de Barthez.
Le coup de semonce réveille les Français qui se ré-installent sur le terrain. Plus haut, plus vite, plus libres, avec des montées plus tranchées des latéraux, Sagnol et Abidal. Et c'est sur un regain de domination française que s'achève la première mi-temps.
La seconde reprend sur le même thème. La France domine, Henry place enfin quelques accélérations, l'Italie subit sans souffrir, à l'image d'un Cannavaro encore irrésistible et d'un Pirlo dont la qualité de jeu et la vision permettent aux Italiens de subir sans craquer. Mais plus le match avance, plus l'Italie semble se fatiguer. Les relances sont molles, les ballons perdus plus vite. La France pousse, monopolise la balle et les actions sans pourtant parvenir à faire basculer cette finale. On en arrive, comme on pouvait s'y attendre, à la prolongation.
De celle-ci, on retiendra le scénario classique. Domination française, l'Italie qui peine de plus en plus à s'en sortir, mais rien pour décider de la rencontre. Une tête de Zidane, bien claquée par Buffon est sans doute l'action la plus dangereuse. Jusqu'à cette 110e minute.
Usé? À bout de nerfs? À bout d'envie? Zidane répond à la provocation de Materazzi, lui place un coup de tête en pleine poitrine qui n'échappe pas au quatrième officiel. Quelques minutes de discussions, le temps de revoir l'action. Et Zidane est expulsé, quitte sur cette note incompréhensible le monde du football. Il sera grand temps dans les jours, semaines qui viennent, de comprendre le pourquoi...
La France est à bout. Les tirs au but arrivent. À ce jeu-là, les pieds italiens ne tremblent pas, contrairement à celui de Trézeguet qui percute la barre. Fabio Grosso, l'une des révélations du tournoi, frappe l'ultime tir avec conviction et l'Italie décroche son quatrième titre mondial, tout au bout de la nuit à Berlin. Un titre mérité, gagné à la rage, à la volonté, au savoir-faire de Marcello Lippi, son maître à penser, et au talent d'un groupe qui aura toujours su repousser l'inéluctable et le destin de plus en plus loin.
Reste qu'un match se joue et qu'il s'y produit des événements, des «faits de match», qui bousculent toutes les pré-analyses, les déclarations d'intention... et tout bonnement la gueule d'une finale.
Tout a commencé - et comment! - par une incursion de Malouda dans la surface italienne. Le match est à peine vieux de six minutes. Et encore! Six minutes amputées de leur moitié. Henry, sonné lors d'un premier choc, absolument involontaire, avec Cannavaro, à moitié inconscient. Puis Zambrotta, sur la première montée italienne, venu hacher Vieira. Bref, on parle, on gesticule, mais le match à peine commencé. Et donc Malouda rentre dans la surface italienne...
Déséquilibré par les retours de Materazzi et Cannavaro, il s'écroule. Monsieur Elizondo indique aussitôt le point de penalty. Voilà la finale lancée : Zidane frappe, finement, une balle piquée qui s'élève... frappe la transversale, retombe au sol et sort du but! Stupeur! Non, finalement, après une longue seconde d'attente, le but est accordé, le ballon ayant effectivement entièrement franchi la ligne avant de ressortir. 1-0 France, sept minutes! Finale lancée, emballée, trop tôt pour être pliée.
Prise à contre-pied de son projet de match - contrôler le rythme, ne pas le laisser s'emballer pour maintenir la meilleure cohésion possible du bloc - l'Italie doit se lancer, tenter, pousser. Elle le fait avec envie et talent. Camoranesi, Grosso, Zambrotta, Pirlo viennent tout à tour pousser le milieu français qui recule et vient marcher sur les pieds de sa défense, Zidane, Malouda et Ribéry sont privés du soutien d'un Vieira et peinent à tenir le ballon. L'Italie pousse et s'emballe. Pirlo a déjà l'occasion de mettre le danger devant le but de Barthez sur un ou deux coups de pied arrêtés.
Et sur l'un d'entre eux, le grand Materazzi vient placer son coup de tête vengeur. Égalisation italienne après moins de vingt minutes. Franchement pas le scénario attendu...
L'Italie a su répondre aussitôt après un premier coup du sort. C'est désormais aux Français de reprendre le bon bout du match. Bien tenus par le milieu italien, ils peinent à desserrer l'étreinte. Zidane doit revenir souvent pour se libérer du marquage et soulager ses milieux. Ribéry et Malouda font alors office d'accélérateurs, sans pourtant trouver Thierry Henry en bonne position.
Le marquage italien est alors énorme : jamais de un contre un, toujours deux joueurs sur le porteur du ballon. Les Français commettent alors des petites fautes inhabituelles, se gênent sur des ballons tous simples. Jusqu'à cette remise en touche totalement manquée par Abidal. L'Italie s'enhardit et sur un nouveau corner de Pirlo, Toni reprend de la tête mais touche la barre transversale de Barthez.
Le coup de semonce réveille les Français qui se ré-installent sur le terrain. Plus haut, plus vite, plus libres, avec des montées plus tranchées des latéraux, Sagnol et Abidal. Et c'est sur un regain de domination française que s'achève la première mi-temps.
La seconde reprend sur le même thème. La France domine, Henry place enfin quelques accélérations, l'Italie subit sans souffrir, à l'image d'un Cannavaro encore irrésistible et d'un Pirlo dont la qualité de jeu et la vision permettent aux Italiens de subir sans craquer. Mais plus le match avance, plus l'Italie semble se fatiguer. Les relances sont molles, les ballons perdus plus vite. La France pousse, monopolise la balle et les actions sans pourtant parvenir à faire basculer cette finale. On en arrive, comme on pouvait s'y attendre, à la prolongation.
De celle-ci, on retiendra le scénario classique. Domination française, l'Italie qui peine de plus en plus à s'en sortir, mais rien pour décider de la rencontre. Une tête de Zidane, bien claquée par Buffon est sans doute l'action la plus dangereuse. Jusqu'à cette 110e minute.
Usé? À bout de nerfs? À bout d'envie? Zidane répond à la provocation de Materazzi, lui place un coup de tête en pleine poitrine qui n'échappe pas au quatrième officiel. Quelques minutes de discussions, le temps de revoir l'action. Et Zidane est expulsé, quitte sur cette note incompréhensible le monde du football. Il sera grand temps dans les jours, semaines qui viennent, de comprendre le pourquoi...
La France est à bout. Les tirs au but arrivent. À ce jeu-là, les pieds italiens ne tremblent pas, contrairement à celui de Trézeguet qui percute la barre. Fabio Grosso, l'une des révélations du tournoi, frappe l'ultime tir avec conviction et l'Italie décroche son quatrième titre mondial, tout au bout de la nuit à Berlin. Un titre mérité, gagné à la rage, à la volonté, au savoir-faire de Marcello Lippi, son maître à penser, et au talent d'un groupe qui aura toujours su repousser l'inéluctable et le destin de plus en plus loin.