Est-ce qu'on a jeté le bébé avec l’eau du bain?
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 18:23 samedi, 11 sept. 2010. 21:03Avez-vous déjà pensé aux déchirements que doivent vivre plusieurs jeunes sportifs pour pratiquer leur discipline? Que ce soit en hockey, au soccer ou dans des disciplines comme la natation ou le patinage de vitesse ou artistique, bien souvent ils et elles doivent quitter la maison très jeunes et abandonner leurs proches pour se développer.
Avec tout ce que ça implique comme conséquences au niveau psychologique. Bien sûr, ces jeunes sont encadrés et (généralement) très bien suivis par les entraîneurs. Ça représente un enrichissement personnel incroyable pour eux. Ils voyagent sur toute la planète. Ils rencontrent et côtoient d’autres jeunes ce qui leur apprend d’autres cultures. C’est fabuleux. Mais il y a un prix à payer.
Psychologiquement, des jeunes d’une quinzaine d’année (et parfois beaucoup moins), même si ils et elles sont précoces n’ont pas toujours la force morale nécessaire pour affronter l’éloignement, les entraînements difficiles et les peines liées à la défaite etc… Il peut facilement y avoir des séquelles à vie. Bref, même si la très grande majorité d’entre eux considère que le prix à payer en valait la chandelle, ils affirment tous que ce n’est pas facile tous les jours.
En fin de semaine se terminait la 25ième édition des Internationaux de tennis junior Banque Nationale à Repentigny. Un événement phare sur la planète tennis dans le monde. Les meilleurs joueurs juniors (de moins de 18 ans) s’y affrontent chaque année. Ils proviennent de partout puisqu’ils représentent 29 pays. Juste pour vous donner une idée, la plupart des meilleures raquettes mondiales, s’y sont déjà affrontées. Vous savez, ceux et celles que nous pouvons admirer sur la scène professionnelle! En 25 ans, il y a eu des joueurs et des joueuses incroyables, comme Jim Courrier. Michal Chang, Kim Clijster, Ana Ivanovik ou Sébastien Grosjean, pour ne nommer que ceux-là.
Repentigny représente donc une étape essentielle et importante dans le cheminement de ces jeunes.
Qu’est ce que le tennis vient faire avec l’éloignement de la famille dont je parlais plus haut? J’y arrive. L’une des caractéristiques de ce tournoi venait du fait que les joueuses et les joueurs, (souvent au tout début de l’adolescence) avaient la possibilité de vivre cette expérience en famille d’accueil. Depuis 25 ans, des familles repentignoises recevaient sous leur toit ces jeunes pour leur offrir une stabilité et un encadrement qui leur permettait d’être un peu chez eux, même ici. De retrouver ce milieu familial qui est souvent essentiel pour un développement harmonieux. On m’a raconté des histoires émouvantes de liens qui se sont tissés pendant les quelques jours que ces jeunes passaient dans leur famille d’accueil.
À mon avis, voilà exactement le type d’encadrement qui fait que des jeunes, passionnés de leur sport, pouvaient trouver une stabilité qui leur manque trop souvent. Mais voilà. Cette offre est maintenant terminée. Il n’y a plus de familles d’accueil. La fédération internationale a décidé, peut-être parce que quelque part dans le monde il y a eu des événements malheureux, d’abolir partout cette offre fantastique.
Comme dans plusieurs domaines, plutôt que de viser un encadrement plus rigoureux ce qui permettrait de continuer à offrir un service extraordinaire, on décide de l’éliminer tout simplement. On jette le bébé avec l’eau du bain.
C’est une attitude de société qui est inquiétante. Repentigny offrait toutes les garanties pour que les jeunes soient bien dans les familles d’accueil. Mais la fédération internationale n’a pas considéré ces éléments, préférant tout arrêter, ce qui oblige maintenant les jeunes à vivre dans des hôtels anonymes et froids.
Voilà le genre de décision que nos gouvernements prennent régulièrement aussi. Des exemples vous en avez tous les jours dans les journaux.
Mais je pense que les jeunes qui doivent déjà abandonner beaucoup pour se former et se développer au niveau international devraient avoir l’occasion, quand elle se présente, de vivre des expériences bien encadrée en milieu familial. De revenir, l’espace de quelques jours, dans un milieu plus « naturel ».