L'histoire du thérapeute sportif et préparateur physique Kenny Spracklin
Sports divers jeudi, 27 août 2015. 15:54 jeudi, 12 déc. 2024. 20:44MONTRÉAL – Un certain secret règne lorsqu’on arrive dans les locaux d’entraînement de Kenny Spracklin, un préparateur physique et thérapeute sportif de haut niveau qui a notamment travaillé auprès d’Andrei Markov, Marc-André Fleury, Alexandre Bilodeau et Dominique Maltais.
Pour le bien de ses projets, il doit taire l’identité de certains de ses clients qui ont recours à ses services. Mais si Spracklin ne peut guère dévoiler publiquement l’ensemble des athlètes qu’il conseille dans l’élite du sport professionnel et amateur, ceux-ci ne se gênent pas pour le recommander. Ainsi, le diplômé de l’Université Concordia a rapidement fait sa place dans ce secteur prisé.
Sa relation avec les athlètes appartenant à la crème de la crème a commencé grâce à Scott Livingston, l’ancien préparateur physique du Canadien de Montréal, qui lui a ouvert les portes de ce milieu.
Depuis, le dynamique thérapeute a prouvé sa valeur de différentes manières. Par exemple, il a participé à la préparation de plusieurs athlètes canadiens en vue des Jeux olympiques de Sotchi. Même si ce n’est pas lui qui est monté sur le podium pour les recevoir, quelques éclats des médailles olympiques d’argent et d’or de Maltais et Bilodeau lui reviennent.
C’est d’ailleurs de l’aventure de Maltais dont il tire sa plus grande source de fierté professionnelle sans rien enlever à sa contribution avec des athlètes professionnels.
« Elle a accompli quelque chose de spécial dans les dernières semaines avant Sotchi. Elle était parmi les favorites pour sa discipline, mais elle s’était blessée aux XGames. J’étais sous le choc quand c’est arrivé, mais elle a démontré tellement de volonté pour améliorer son état. C’était vraiment un moment spécial quand elle a mérité l’argent », a raconté Spracklin avec une fierté perceptible dans ses yeux.
« Il est l’entraîneur le plus précis et le plus minutieux avec lequel j’ai travaillé jusqu’à présent. C'est une personne que tout le monde aime avec sa belle personnalité, sa bonne humeur contagieuse et son professionnalisme. Il a sans aucun doute fait partie de ma réussite et il était l'une des personnes majeures dans mon entourage en route vers Sotchi », a remercié Maltais.
En participant, dans un rôle qui demeure dans l’ombre des projecteurs, aux accomplissements d’une panoplie d’athlètes, Spracklin parvient encore à s’émerveiller de leurs capacités. À titre d’exemple, il cite Bilodeau et le combattant d’arts martiaux mixtes, Alex Garcia.
« Je pourrais en nommer plusieurs, mais quand je pense à Alex qui a été en mesure de remporter l’or deux fois de suite, il faut être mentalement très fort. Il était vraiment impressionnant à entraîner », a vanté celui qui s’est tourné vers ce métier après avoir visé, en vain, une carrière d’athlète.
« Quant à Garcia, il est littéralement un phénomène musculaire et athlétique. C’est si spécial de travailler avec lui, il comprend tellement vite et ça permet de faire une grande progression; c’est génial », a enchaîné Spracklin qui compte l’ascension de l’Everest parmi ses multiples réussites sportives.
L'appétit plus avide des athlètes amateurs
Dans sa position de préparateur physique, il a pu constater certaines différences entre les athlètes amateurs professionnels. À ses yeux, ça ne fait aucun doute que les sportifs du monde amateur possèdent un plus grand désir de dépassement à l’entraînement.
« Je ne dirais pas toujours, mais en général, les athlètes amateurs ont plus de « drive ». Ils sont prêts à en faire plus. Un athlète amateur ça ressemble à : je fais ça, mais je fais quoi après. Pour les athlètes de haut niveau ou les pros, ils n’ont pas la même urgence. C’est je fais ça et est-ce que c’est fini ? Mais tout le monde s’entraîne maintenant donc ils doivent investir beaucoup de travail », a comparé Spracklin avec franchise.
Ceci dit, l’impact des athlètes professionnels est indéniable et particulièrement auprès des plus jeunes qui s’approchent d’une carrière sportive.
« Je travaille avec Callum Booth, un jeune gardien des Remparts de Québec. C’est arrivé quelques fois qu’il se présente vers la fin d’une séance de Marc-André (Fleury) et c’est vraiment cool à observer. J’aime voir les jeunes regarder les professionnels pour comprendre ce que ça exige », a-t-il décrit.
Tout en contribuant à l’éclosion de vedettes de la prochaine génération, Spracklin (avec la skieuse acrobatique Maude Raymond) permet également à certains athlètes de prolonger leur carrière ou de la compléter dans des conditions gagnantes. Le cas de Markov se situe dans cette catégorie et il a pu l’aider à la suite de sa dernière opération à un genou.
Parlant de blessures, il s’est parfois retrouvé dans quelques situations corsées dans le passé alors que des équipes souhaitaient envoyer dans la mêlée un joueur qui n’était pas entièrement rétabli. Soucieux du bien des athlètes, il n’a pas lâché le morceau quand c’était approprié.
Par la force des choses, Spracklin doit s’adapter aux particularités des athlètes et de leur style respectif. Voilà pourquoi son avis était pertinent au sujet de P.K. Subban qui collabore avec Ben Johnson pour devenir un « sprinter » sur glace.
« Je suis entièrement d’accord avec cette approche parce que le hockey est vraiment axé sur la vitesse maintenant. P.K. est justement un joueur de vitesse, de finesse et d’agilité. L’important, c’est de ne pas tout miser sur sprint et je sais que Subban s’occupe aussi du reste », a expliqué le spécialiste qui ne jure que par la stabilité du corps.
Une polyvalence qui le différencie
Quand on dispose de seulement quelques bribes d’informations sur Spracklin, on en vient à se demander pourquoi autant d’athlètes se dirigent vers lui même s’ils sont déjà entourés de divers spécialistes avec leur équipe ou leur organisation.
« Ce qui me distingue un peu, c’est que je ne fais pas une seule chose ce qui me permet d’adapter ma philosophie. Je ne suis pas seulement un entraîneur physique, j’ajoute aussi la thérapie manuelle et j’utilise plusieurs méthodes apprises avec Scott et après en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Asie et en Amérique du Sud. De plus, j’étais un athlète auparavant et j’ai subi pratiquement toutes les blessures possibles! », a-t-il confié en riant.
Son apport s’effectue également au niveau mental et il se sert de ses expériences pour appuyer les athlètes.
« Même mes projets hors du sport comme montrer l’Everest peuvent aider. Ce sont des expériences mentales dans lesquelles tu sors de ta zone de confort. Il faut que tu puisses contrôler des environnements incontrôlables », a précisé l’intervenant.
Ce n’est pas tous les jours qu’on croise un aventurier qui a osé le défi de l’Everest. Accompagné seulement d’un guide, Spracklin (avec le planchiste Charles Reid) y a vécu des moments inoubliables.
« Chose certaine, je n’y retourne pas ! », a-t-il lancé en pouffant de rire.
« Il y a toujours des conditions de climat ou de froid que tu ne penses jamais que ça frappera autant que ça. […] J’ai craint pour ma vie plusieurs fois, surtout autour de certaines crevasses et en altitude quand on a failli tomber de certaines roches », s’est rappelé l’homme au parcours fascinant.
Après l’Everest et de la plongée sous-marine avec des requins, Spracklin veut poursuivre l’encadrement d’athlètes tout en travaillant sur un nouveau projet axé vers la télévision.
« Je voudrais vivre plus d’aventures pour expliquer aux gens quoi faire dans des contextes spécifiques et comment se préparer pour ces épreuves. Par exemple, on pourrait aller grimper une montagne et enregistrer une émission sur le sujet », a conclu celui qui a surmonté plus d’un défi.