Je lisais récemment un article de Guillaume Lefrançois dans La Presse où il parlait de la situation des joueurs issus de minorités visibles au sein de la Ligue nationale de hockey. Il reprenait, entre autres, les propos de Joel Ward, l’ancien attaquant des Shark de San Jose et membre du Hockey Diversity Alliance (HDA), qui expliquait par où il a dû passer pour jouer 726 matchs dans la LNH.

Ward rappelait qu’à ses débuts, son père lui disait qu’il devrait être dix fois meilleur qu’un joueur blanc pour obtenir la même occasion de jouer. « C’est pourquoi, explique Ward, j’ai travaillé aussi fort. » 

Je dois avouer que cette question des différences entre les gens m’intéresse depuis longtemps. C’est d’ailleurs ce qui explique que je sois à travailler sur un nouveau livre qui portera justement sur cette question et qui paraîtra à l’automne.

Pourquoi les différences entre les individus doivent-elles être un frein? Pourquoi la couleur de la peau, la religion ou le sexe deviennent-ils des handicaps? Pourquoi un joueur de couleur devrait-il avoir plus de difficulté à percer? 

Peut-être simplement parce qu’on a peur de l’inconnu, surtout dans une ligue très conservatrice et incroyablement blanche. Tout ce qui s’éloigne de cette vision tend à faire peur, d’où les barrières qu’on érige partout.

Et pourtant, c’est dans la différence qu’on puise la puissance. L’objectif de gagner doit être le seul dénominateur commun de nos choix. 

J’ai eu le plaisir de travailler avec Michel Therrien quand il  est redevenu l’entraîneur-chef du Canadien. Dès le début, j’ai fait valoir qu’il fallait que TOUS les joueurs ressentent le même sentiment d’appartenance à l’équipe. Dans le hockey moderne, les joueurs viennent de tous les coins du monde et ont souvent une langue maternelle autre que l’anglais. Il faut donc les unir sous un même objectif pour former une véritable équipe. 

Un autre des éléments essentiels de nos discussions a été de faire appel à des joueurs qui se complètent. Lorsque je terminais mon doctorat en psychologie du sport à l’université de San Diego, j’ai collaboré avec la docteure Versari. Elle-même docteure en psychologie du sport, elle avait pu réaliser une importante étude sur la personnalité avec les joueurs de la NBA. Elle a réussi à démontrer que certains types de personnalités se retrouvaient plus souvent aux mêmes positions et que certaines autres étaient exclues de certaines positions. Elle a également prouvé que des joueurs ayant certains types de personnalités étaient meilleurs à certains moments d’un match qu’à d’autres. Elle a surtout montré que les meilleures équipes de basket étaient composées de joueurs aux personnalités différentes et complémentaires. C’était la route qui menait à la victoire.

C’est ce que nous avons tenté de mettre en place avec le CH : amalgamer des joueurs aux personnalités et aux parcours différents pour les unir derrière un même but. Cette année-là, Michel Therrien a amené une équipe (qui avait terminé la saison précédente en dernière place de l’Association de l’Est) à terminer au premier rang de la division Nord-Est, au deuxième rang de l’Association de l’Est et au quatrième rang de la ligue. 

Michel a prouvé que des joueurs différents pouvaient aller très loin. Ce n’était pas la seule raison du succès de l’équipe, mais cela représentait cette vague de fond qui permettait d’aller plus loin.

Alors, quand j’ai lu les propos de Joel Ward, quand je vois ce racisme systémique de la LNH, je ne peux qu’avoir de la peine. Dans le sport, comme dans la société, l’important c’est ce que nous sommes capables de faire et surtout pas la couleur de la peau, la religion, l’âge ou le sexe. Nous devons tous être complémentaires, car nous sommes tous importants. Le talent doit primer! C’est la seule règle qui devrait compter. Il faut découvrir la puissance des différences!