Oui, je suis d’accord. C’est probablement un heureux mélange de ces deux réponses qui s’approche de la vérité. Le Canadien connaît des difficultés parce que quelques joueurs (trop nombreux) sont sur-sollicités physiquement et parce que la saison est très longue, ce qui requiert une force de concentration de plus en plus considérable sur des périodes de plus en plus longues. C’est certain que les blessures qui ont frappées les joueurs du Canadien contribuent à cette situation. On ne perd pas impunément des joueurs comme Markov et compagnie sans en ressentir les contrecoups éventuellement. Or, plus la fin de la saison approche, plus ces contrecoups se font sentir. Autant physiquement que psychologiquement.

Voilà en effet ce que l’on pourrait penser.

Mais ça n’explique pas tout. D’autres clubs sont aussi aux prises avec des blessés et des absences prolongées de joueurs importants dans leur formation. Tous les clubs doivent faire appel à des jeunes pour prendre la relève. Tous les clubs doivent demander aux vétérans d’en donner davantage. Tous les clubs sont aussi en fin de saison et ont besoin de toute leur concentration pour lutter chaque soir. Voilà la réalité. Alors pourquoi le Canadien a-t-il connu une semaine si difficile? Comment expliquer que l’attaque n’ait pu produire aucun but en trois parties?

La vraie réponse n’est pas simple. Et Jacques Martin à raison de montrer des signes d’impatience et d’inquiétude. L’hypothèse de la fatigue physique est réelle. Mais ce n’est pas ce qui explique entièrement ce qui est arrivé cette semaine. Il y a certainement autre chose. Et là encore, il faut regarder l’aspect psychologique des choses.

Il arrive à tous les joueurs, durant une saison, de connaître des périodes plus ardues. À ces moments, on laisse tomber le plan de match, on garde la rondelle un peu plus longtemps et souvent un peu trop longtemps. On tient son bâton un peu trop serré. Les mains ne sont pas aussi rapides, etc. On dirait que cette semaine c’est l’équipe presqu’entière qui a connue cette baisse de régime et cette façon d’agir. D’où problème.

Jacques Martin tiendra certainement des entraînements additionnels. Il réexpliquera le plan de match qu’il souhaite et rétablira les bases du hockey qui devrait permettre de jouer en équipe. Il tentera de regrouper ses joueurs. Le reste se trouvera sur les épaules des joueurs. C’est à eux de réagir. Il faut compter des buts pour gagner.

J’écoutais l’entraîneur de Price expliquer la philosophie qu’il a établie avec son gardien cette année. Outre le fait que Price soit excellent et ait des habiletés naturelles hors de l’ordinaire, il devait aussi changer son attitude générale pour gagner régulièrement. La grande force de Price, et ce que son entraîneur lui a inculqué, se résume à peu de choses. L’important, c’est le prochain arrêt. Il faut oublier celui que l’on vient de faire et penser au prochain lancer. Tout se joue dans l’instant présent et dans la capacité de ne pas garder en tête un mauvais geste.

C’est certainement ce que Martin tentera, de son côté, de faire entendre à tous ses joueurs. On sait déjà l’importance d’y aller match par match. De ne pas penser trop loin. Mais un match, c’est déjà trop gros. Il faut y aller présence par présence, jeu par jeu. Penser à la prochaine passe, à la prochaine feinte en oubliant ce qui vient de se passer. Le hockey est un travail d’équipe. C’est ensemble que l’on gagne. Quel que soit le talent d’un joueur, il n’y en a pas beaucoup (et probablement aucun chez le Canadien) qui peut changer une partie à lui tout seul. Il faut donc revenir à certaines bases. On sait que le Canadien possède une équipe rapide et que c’est sa plus grande force. Mais quand on est plusieurs à être rapide et qu’on travaille ensemble, ça va encore plus vite.

J’ai un ami qui excelle au hockey et qui me dit toujours, pendant nos parties amicales, que la rondelle va plus vite que le plus rapide des joueurs. Alors prends le temps de regarder où sont tes équipiers et passe la rondelle. C’est simpliste, bien sûr, mais ça illustre bien ce que je veux dire. La qualité des joueurs professionnels aujourd’hui est telle qu’il faut absolument maximiser nos forces pour gagner. Le Canadien ne représente pas une équipe lourde et menaçante physiquement. Et c’est bien à mon avis parce qu’il y a d’autres qualités à exploiter. Voilà ce qu’il faut rétablir dans le club.

Il n‘y a pas encore le feu en la demeure. Mais la fin de saison approche et le classement se resserre. Le Canadien peut gagner et marquer des buts. Il l’a fait très souvent depuis le début de la saison. Il suffit simplement que les joueurs s’en souviennent.