Les enveloppes brunes
Sports divers jeudi, 17 déc. 2009. 12:56 jeudi, 12 déc. 2024. 11:02
Ho, Ho, Ho, le Père Noël, le temps des Fêtes, les cadeaux, les pots de vin et surtout les enveloppes brunes, fort populaires à la belle époque. C'était même chose courante à longueur d'année. Que voulez-vous. Les gars touchaient des salaires de famine et tous les moyens - honnêtes il va sans dire - étaient acceptables pour arriver à arriver.
Plusieurs journalistes sportifs, surtout directeurs des sports, étaient à la solde de différentes organisations sportives ou encore promoteurs les plus influents et sans scrupule. C'était la mode et personne ne s'en plaignait. Au temps des Fêtes, dans les années 50 et 60, le bureau de mon ancien patron Jacques Beauchamp au « Montréal-Matin », le plus grand quotidien de langue française du matin en Amérique dans le temps, débordait de bouteilles et de cadeaux de toutes sortes. Et les murs tapissés de cartes de Noël. Sans oublier les enveloppes brunes.
En toute franchise, il faut dire que Jacques avait bon cœur et que les membres de son personnel en profitaient. Les brasseries -Molson, Dow, O'Keefe, Canadian Breweries etc avaient tous leurs pères Noël qui déversaient des «tonnes» de caisses un peu partout chez les membres de la confrérie médiatique. Souvent avec des douzaines de verres pour compléter le tout. Verres vides, évidemment, mais avec de quoi à les remplir.
Ma première enveloppe
J'ai expérimenté ma première enveloppe brune, il y a 60 ans, en 1948-49, à mon retour de Winnipeg avec le Royal Jr, première équipe du Québec à gagner la coupe Memorial. Je couvrais alors le hockey junior pour le journal dominical « La Patrie », au traitement salarial de 17$ par semaine. Un beau matin, je reçois un appel téléphonique de Camil Desroches, alors publiciste du Forum qui voulait me voir à son bureau.
J'enfourche mon vélo et me dirige vers le Forum ou Camil m'attendait avec une enveloppe contenant un chèque de 100$. « C'est ton cadeau pour l'excellent travail que tu as fait cette saison pour promouvoir le hockey junior ». Je ne savais pas quoi dire. J'aurais peut-être dû lui remettre le tout. Qu'en pensez-vous? D'accord. J'ai compris. Merci. J'ai tout gardé.
La lutte et la boxe
Les promoteurs de lutte et de boxe étaient aussi fort généreux. Eddie Quinn, un Irlandais importé de Boston, faisait des affaires d'or avec le populaire Yvon Robert comme principale vedette. Il présentait ses soirées de lutte tous les mercredis au Forum et le lendemain matin, les journalistes qui faisaient sa publicité étaient en ligne à la porte de son bureau au Forum pour collecter leur enveloppe.
C'est Raoul Godbout qui agissait comme promoteur de boxe, mais il était en réalité le « front man » de Quinn. Ce dernier avait de précieux contacts avec Frankie Carbo, le mafioso de la boxe aux États, par l'entremise de James D. Norris, président de l'International Boxing Club et également propriétaire des Blackhawks de Chicago et des Red Wings de Detroit. Du « ben » bon monde.
Les Expos de la partie
Quand les Expos sont arrivés à Montréal en 1969, ils ont appris rapidement comment les choses se passaient au Québec. Ce n'était pas nécessairement des enveloppes brunes, mais l'équivalent. Au temps des Fêtes, les chroniqueurs de baseball attachés à la couverture quotidienne de l'équipe recevaient des cadeaux de grande valeur, tels des radios, des télévisions, des sets de verres en cristal et j'en passe.
Chaque année, en novembre, la direction des Expos, avec la générosité du propriétaire du club Charles Bronfman, organisait un bal royal au chic Ritz Carlton pour les membres des médias et quelques autres invités. C'était reconnu comme l'événement mondain et social de la saison à Montréal. Cela a duré le temps des roses. C'était trop beau.
Les temps ont changé
Les temps ont bien changé. Les enveloppes brunes ne sont pas nécessairement disparues. EIles font encore les manchettes surtout sur la scène politique à différents niveaux. Disons qu'elles ont changé de couleurs. Dans le domaine sportif? Non seulement les gars ou leurs patrons ne sont plus sur le « payroll », mais ils doivent aujourd'hui défrayer leurs frais de voyages, quand leur travail les conduit à l'étranger.
Les journalistes n'ont même plus accès à l'avion nolisé du club qu'ils couvrent, par exemple le Canadien, et doivent voyager en solitaires, ce qui rend naturellement leur tâche beaucoup plus ardue. On est loin du temps ou les rédacteurs sportifs voyageaient régulièrement avec les joueurs et jouaient aux cartes avec eux. À l'argent. Avec un verre à la main. C'est donc laid.
En cette période des Fêtes, on chante : « C'est comme ça que ça se passe dans le temps du Jour de l'an ». Ou plutôt, c'est comme ça que ça se passait.
Mes meilleurs vœux et comme on disait : « Le paradis »
Plusieurs journalistes sportifs, surtout directeurs des sports, étaient à la solde de différentes organisations sportives ou encore promoteurs les plus influents et sans scrupule. C'était la mode et personne ne s'en plaignait. Au temps des Fêtes, dans les années 50 et 60, le bureau de mon ancien patron Jacques Beauchamp au « Montréal-Matin », le plus grand quotidien de langue française du matin en Amérique dans le temps, débordait de bouteilles et de cadeaux de toutes sortes. Et les murs tapissés de cartes de Noël. Sans oublier les enveloppes brunes.
En toute franchise, il faut dire que Jacques avait bon cœur et que les membres de son personnel en profitaient. Les brasseries -Molson, Dow, O'Keefe, Canadian Breweries etc avaient tous leurs pères Noël qui déversaient des «tonnes» de caisses un peu partout chez les membres de la confrérie médiatique. Souvent avec des douzaines de verres pour compléter le tout. Verres vides, évidemment, mais avec de quoi à les remplir.
Ma première enveloppe
J'ai expérimenté ma première enveloppe brune, il y a 60 ans, en 1948-49, à mon retour de Winnipeg avec le Royal Jr, première équipe du Québec à gagner la coupe Memorial. Je couvrais alors le hockey junior pour le journal dominical « La Patrie », au traitement salarial de 17$ par semaine. Un beau matin, je reçois un appel téléphonique de Camil Desroches, alors publiciste du Forum qui voulait me voir à son bureau.
J'enfourche mon vélo et me dirige vers le Forum ou Camil m'attendait avec une enveloppe contenant un chèque de 100$. « C'est ton cadeau pour l'excellent travail que tu as fait cette saison pour promouvoir le hockey junior ». Je ne savais pas quoi dire. J'aurais peut-être dû lui remettre le tout. Qu'en pensez-vous? D'accord. J'ai compris. Merci. J'ai tout gardé.
La lutte et la boxe
Les promoteurs de lutte et de boxe étaient aussi fort généreux. Eddie Quinn, un Irlandais importé de Boston, faisait des affaires d'or avec le populaire Yvon Robert comme principale vedette. Il présentait ses soirées de lutte tous les mercredis au Forum et le lendemain matin, les journalistes qui faisaient sa publicité étaient en ligne à la porte de son bureau au Forum pour collecter leur enveloppe.
C'est Raoul Godbout qui agissait comme promoteur de boxe, mais il était en réalité le « front man » de Quinn. Ce dernier avait de précieux contacts avec Frankie Carbo, le mafioso de la boxe aux États, par l'entremise de James D. Norris, président de l'International Boxing Club et également propriétaire des Blackhawks de Chicago et des Red Wings de Detroit. Du « ben » bon monde.
Les Expos de la partie
Quand les Expos sont arrivés à Montréal en 1969, ils ont appris rapidement comment les choses se passaient au Québec. Ce n'était pas nécessairement des enveloppes brunes, mais l'équivalent. Au temps des Fêtes, les chroniqueurs de baseball attachés à la couverture quotidienne de l'équipe recevaient des cadeaux de grande valeur, tels des radios, des télévisions, des sets de verres en cristal et j'en passe.
Chaque année, en novembre, la direction des Expos, avec la générosité du propriétaire du club Charles Bronfman, organisait un bal royal au chic Ritz Carlton pour les membres des médias et quelques autres invités. C'était reconnu comme l'événement mondain et social de la saison à Montréal. Cela a duré le temps des roses. C'était trop beau.
Les temps ont changé
Les temps ont bien changé. Les enveloppes brunes ne sont pas nécessairement disparues. EIles font encore les manchettes surtout sur la scène politique à différents niveaux. Disons qu'elles ont changé de couleurs. Dans le domaine sportif? Non seulement les gars ou leurs patrons ne sont plus sur le « payroll », mais ils doivent aujourd'hui défrayer leurs frais de voyages, quand leur travail les conduit à l'étranger.
Les journalistes n'ont même plus accès à l'avion nolisé du club qu'ils couvrent, par exemple le Canadien, et doivent voyager en solitaires, ce qui rend naturellement leur tâche beaucoup plus ardue. On est loin du temps ou les rédacteurs sportifs voyageaient régulièrement avec les joueurs et jouaient aux cartes avec eux. À l'argent. Avec un verre à la main. C'est donc laid.
En cette période des Fêtes, on chante : « C'est comme ça que ça se passe dans le temps du Jour de l'an ». Ou plutôt, c'est comme ça que ça se passait.
Mes meilleurs vœux et comme on disait : « Le paradis »