Encore une fois, l'année qui se termine a été ponctuée d’une multitude d’évènements marquants dans l’industrie du sport. Quatre sujets ont retenu mon attention plus que les autres à cause des enjeux qu'ils représentent du côté des affaires. 

Les commotions cérébrales dans le sport, le scandale de corruption de la FIFA, les pools sportifs quotidiens aux États-Unis et les revenus en salaires et ententes commerciales des athlètes ont été les sujets les plus percutants dans le monde des affaires du sport en 2015.

Avec la sortie toute récente du film Commotion, on aura eu droit en 2015 à une année complète de grands titres et de reportages concernant les blessures à la tête. Les commotions cérébrales ont été l'une des histoires les plus marquantes dans le sport cette année avec la publication de plusieurs études sur le sujet et la diffusion du phénomène via de nombreux articles de journaux, de même que la venue tant anticipée du film en pleine saison de la NFL.

La médiatisation actuelle des commotions fait suite à la présentation de deux documentaires choc en 2012 et 2013, soit Head Games et League of Denial (PBS et Frontline) qui ont fortement contribué à sa connaissance auprès du public. Les commotions sont ainsi entrées dans l'imaginaire collectif et les répercussions seront nombreuses à long terme tant du côté sportif que celui des activités d'affaires dans le sport. En août 2013, la NFL s'est entendue avec 4500 ex-joueurs pour un montant de 765 millions $ US à la suite d’une poursuite légale relative aux commotions. La LNH est aussi actuellement menacée de poursuite par plus de 100 de ses ex-joueurs. La preuve scientifique est maintenant irréfutable et reconnue comme telle par presque  tous les intéressés. Le football et les autres sports occasionnant des contacts à la tête (hockey, lutte, patinage artistique, boxe, soccer, moto, etc.) sont responsables de traumatismes susceptibles de causer des dommages permanents chez les sportifs de tout acabit.

Selon plusieurs études actuelles, il existe aujourd’hui un grand niveau d'inquiétude chez les parents d'enfants pratiquant des sports de contact. Près de 41 % des parents questionnés dans une étude aux États-Unis songeraient à interdire le football, la lutte et le hockey à leurs enfants.

Chris BorlandÉgalement, de plus en plus d’athlètes de plusieurs sports et niveaux ont décidé d'abandonner leur carrière pour protéger leur santé comme ce fut le cas pour le joueur étoile Patrick Willis et également Chris Borland, tous deux des 49ers, et plus près de nous, l’olympien Michael Gilday de l'équipe canadienne de patinage de vitesse.

Les sports à contacts physiques deviendront-ils dans un avenir rapproché moins populaires à cause des conséquences réelles sur la santé des joueurs qui y participent? Quelle sera la réaction du public vis à vis ces sports mais aussi quelle sera celle des commanditaires? Et finalement, peut-on penser que la participation à ces sports pourrait diminuer au point de rendre la qualité du spectacle et l'engouement des spectateurs moins grands? Voilà quelques questions critiques à la veille de la nouvelle année.

Par ailleurs, le scandale de corruption de la FIFA et ceux touchant d'autres grandes organisations sportives internationales telles que l'Association internationale des fédérations d'athlétismes et Rio 2016 ont aussi marqué l'année 2015.

La FIFA est aux prises avec un scandale de corruption sans précédent dans son histoire qui a mené à l'expulsion complète et totale pour huit années de ses deux principales têtes d'affiche, soit son président, Sepp Blatter, et le président de l’UEFA, Michel Platini. Parallèlement, dans le monde de l'athlétisme, le réputé avocat montréalais et membre du CIO,  Dick Pound, a mis au jour un scandale de dopage organisé entre l'État russe et ses principaux athlètes dont les répercussions ont coûté le poste de l'ancien président de l’IAAF, Laminé Diack, et dont les ramifications continuent d'éclabousser l'actuel président Sebastian Coe. Finalement, l'organisation des Jeux de Rio 2016 n'échappe pas aux allégations de corruption puisqu’encore récemment on apprenait que le président de la chambre des députés au parlement brésilien est accusé d'avoir accepté un pot-de-vin de 475 000 $ pour faciliter l'obtention de contrats de construction.

Sepp Blatter et Michel PlatiniLes grands événements sportifs internationaux sont encore une fois associés à la corruption. L'intégrité du sport est touchée et il est difficile de penser que cela n'a pas d'impact sur l'intérêt pour ses événements.  Les commanditaires de la FIFA se font actuellement hésitants. L'organisation fera face à un déficit de dizaines de millions de dollars cette année en droits commerciaux et elle tarde à combler 7 des 14 positions disponibles comme commanditaires majeurs.

Avec la prochaine Coupe du monde en Russie, les commanditaires craignent un appel au boycottage ou encore l'émergence de nouvelles accusations de corruption. L'image de la FIFA est fragilisée par ces nombreuses allégations et par la présence de son tournoi phare dans des pays où les mœurs politiques et d'affaires vont à l'encontre des attentes de bonne gouvernance occidentale. A-t-on vu la fin du scandale avec l'expulsion de Blatter, Platini et quelques autres dirigeants ou reste-t-il d'autres histoires dans les placards de la FIFA?

Sur le continent nord-américain, la décision d'un juge de l'État de New York en décembre de rendre illégales les activités de pools sportifs quotidiens en ligne a créé une puissante onde de choc dans toute cette industrie. Ce fut suivi la semaine dernière par une décision quasi identique d’un juge dans l’Illinois. La question légale débattue aujourd'hui à travers les États-Unis est celle à savoir si ces activités constituent des paris sportifs ou des jeux d'habilités.  Rappelons que le pari sportif est illégal aux États-Unis sauf au Nevada et que sept États ont déjà interdit ce type d'activité commerciale. Il s'agit d'une industrie de 2,6 milliards de dollars qui selon les projections pourraient générer plus de 14,4 milliards de dollars en revenus d’ici 2020. Une étude récente publiée par The Sport Business Journal a démontré que, contrairement aux prétentions, 91 % des montants gagnés à la suite de jeux touchant les Ligues majeures de baseball l'étaient par 1,3 % des joueurs.

La décision qui rend illégale ces paris dans deux États importants tels que New York et l’Illinois risque de créer un effet d'entraînement à travers les États-Unis et de faire imploser, ou du moins rendre beaucoup moins importante, l'industrie du jeu de fantasy.

Finalement, les salaires et les commandites maintenant offerts aux athlètes les plus médiatisés ont encore une fois dépassé les limites de ce que l'on croyait possible en 2015.Il ne paraît plus y avoir de plafond à ce qu'une équipe ou une compagnie est prête à engager pour retenir les services d'un joueur étoile. Trois exemples nous viennent en tête : le premier, James Harden des Rockets de Houston de la NBA, a signé une entente de 13 ans d'une valeur de 200 millions de dollars avec Adidas. Le deuxième, LeBron James des Cavaliers, a signé une entente à vie avec Nike à raison de 60 millions de dollars par année. Enfin, David Price et Zack Greinke ont conclu des ententes de plus de 200 millions chacun pour poursuivre leur carrière de baseball avec les Red Sox de Boston et les Diamondbacks d’Arizona, respectivement.

Encore une fois, la structure financière et l'équilibre entre les équipes de certaines ligues professionnelles pourraient être chambardés avec cette nouvelle poussée inflationniste. Il y a tout de même un risque important pour ces entreprises de s'engager pour aussi longtemps envers des individus dont la trajectoire demeure toujours un peu incertaine. Ce risque en est un financier bien entendu, mais aussi de relations publiques. Les sportifs ne sont pas à l'abri de défaillance comme Nike l'a appris à ses dépens avec Tiger Woods.

Plus que jamais, l’athlète ou le sportif professionnel est devenu une entreprise en bonne et due forme. Son allégeance envers son équipe et son public peut être souvent difficile à recouper tant la multitude de ses partenariats et intérêts est complexe. Rien ne laisse croire que cette croissance s’arrêtera en 2016avec entre autres le début d’une nouvelle entente de diffusion nationale pour la NBA qui générera 24 milliards de dollars en revenus pour les neuf prochaines années.  Les joueurs verront leurs contrats devenir encore plus lucratifs.