Avec la saison assez misérable que connaît le club des Canadiens, il serait peut-être temps d’y penser. « Faire la part du feu » est une ancienne expression qui s’applique, je crois, parfaitement ici. Cela signifie qu’il faut parfois sacrifier quelque chose pour ne pas tout perdre. À l’époque par exemple, quand le village était en feu, il valait mieux détruire quelques maisons pour éviter que tout ne soit rasé.

Or les Canadiens brûlent. Ils jouent à peine pour 500 et, à moins d’un miracle, à moins qu’ils ne gagnent au moins 3 parties sur 4 d’ici la fin du calendrier (ce à quoi ils ne nous ont pas habitués), ils n’iront pas aux célébrations de fin d’année. Si vous écoutez, comme moi, les amateurs, vous vous rendez compte que la plupart d’entre nous avons déjà jeté l’éponge pour cette année. Même Monsieur BIT dans La Presse, prédit maintenant qu’ils ne seront pas de l’après-saison.

Et ce message, les joueurs le comprennent aussi. Ils savent parfaitement à quoi s’en tenir à cet égard. Ce qui est moins évident, c’est la direction que prendront les responsables de l’équipe pour terminer l’année, et surtout pour l’avenir.

Pas besoin d’être fin psychologue pour constater qu’il y a un doute profond chez les joueurs. Et ce doute semble provoquer certaines prises de bec entre joueurs et entraîneurs en pleine partie. Est-ce que les réactions de Subban et Gomez ne vont pas directement dans ce sens? Ce qui serait encore plus grave c’est que ces accrochages ne soient que la pointe de l’iceberg. Il a toujours été évident pour moi que la direction du club avait mis Randy Cunneyworth en situation d’échec dès le départ. Ce gars là ne pouvait que perdre. Et là aussi les joueurs le savent pertinemment. On en voit maintenant les conséquences.

Est-il temps de laisser la part du feu? Et, si oui, qu’est-ce que cela peut impliquer?

Comme dans toutes les situations de ce genre, il faut d’abord accepter les conclusions qui s’imposent. Pour avoir la volonté de changer, il faut, avant tout, comprendre qu’on n’a plus le choix. C’est seulement alors qu’on pose les gestes qu’il faut. C’est vrai pour ceux qui veulent arrêter de fumer, ceux qui veulent maigrir, ceux qui veulent améliorer leur situation professionnelle, et c’est vrai pour une équipe de hockey.

La direction des Canadiens est-elle rendue à cette étape? Si oui, il faudra le démontrer par un certain nombre de décisions. Premièrement, il faut clarifier les orientations d’ici la fin de la saison. Cela signifie, d’une part, de préciser le rôle de Gauthier. Est-il l’homme de la situation? Si M. Molson le croit, il faut qu’il le confirme. De quelle façon? Ça c’est plus difficile à faire qu’à dire. Geoff Molson a dit, il y a quelques jours, que Gauthier était son homme. Je vous rappellerai qu’il avait dit la même chose de Jacques Martin deux semaines avant son congédiement…

Néanmoins, il doit nous convaincre que c’est son homme ou le remplacer. De cette décision en découleront beaucoup d’autres, mais s’il y a changement, cela aura l’avantage d’indiquer clairement que le club est maintenant en reconstruction et qu’on travaille désormais pour l’avenir. Cela aura un impact puissant sur toutes les autres décisions, dont celles qui concernent les prochains échanges ou renouvellement de contrat.

De plus, si on va dans cette direction, il faudra laisser plus de glace aux jeunes joueurs qui doivent prendre de l’expérience. Si cela a pour conséquence que les vétérans jouent moins, il faut l’accepter. L’équipe doit être pus importante que ses joueurs individuels. Les vedettes établies devront le comprendre et appuyer cette position.

Voilà ce que peut vouloir dire « faire la part du feu ». Je ne dis pas que j’ai raison, ni que ce sont les seuls modifications qu’il faut faire. En fait, tout ce que j’affirme, c’est que le temps de la confusion est terminé. Il faut une orientation clairement définie. Or, elle ne peut provenir que de la haute direction du club…

Sylvain Guimond, PhD

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