Le Canadien tire aujourd’hui de l’arrière 3 matchs contre 1. Une défaite difficile à avaler. Devant son public les joueurs ont tout donné surtout en première période mais ils ont semblé manquer d‘énergie. Il faut dire que les Flyers ont très bien joué. Ils ont pris le contrôle de la zone centrale et littéralement éteint Montréal et la foule. Un seul tir en deuxième période c’est vraiment peu. Et comment gagner quand on ne compte pas de but. Parce qu’il ne faut pas oublier que c’est le troisième blanchissage en quatre parties.

Alors je reprends ma question du début : Qu’est-ce qu’on fait maintenant?

Quand je fais le point sur le Canadien depuis le début des séries, je me dis que ces joueurs ont donné plus que ce qu’on croyait généralement qu’ils avaient à donner. Vaincre Washington et Pittsburg, on se le rappellera, ce n’est pas rien. Ces deux victoires sont colossales. Personne ne pensait que Montréal jouerait toujours au hockey à la fin mai. Et les joueurs ont toutes les raisons au monde d’être fiers de ce qu’ils ont accompli. Les fans du Canadien aussi ont raison d’être fiers de leur équipe.

Donc, on retourne à Philadelphie pour un match sans lendemain. Ce n’est pas la première fois que Montréal se trouve dans cette situation depuis le début. Et ce ne sera pas plus facile demain que les fois précédentes.

Mais, à mon avis, toute la pression devrait maintenant être disparue des épaules du Canadien. Ils veulent gagner, ça c’est certain. Quand on voit la détermination de certains d’entre eux, le doute n’est pas permis. Mais ils doivent comprendre qu’ils ont accompli plus que ce que le fan le plus fanatique pouvait leur demander.

Ils doivent commencer cette partie, non pas avec ce que l’on appelle l’énergie du désespoir, mais plutôt avec la confiance solide et inébranlable qu’ils ne se sont pas rendus là pour rien. Qu’ils peuvent jouer, s’amuser et causer une autre surprise. Il ne faut pas voir au-delà de cette cinquième partie. Quand ils jouent en équipe, ils peuvent battre n’importe qui de la ligue nationale. C’est prouvé. En jouant leur style de jeu, celui d’une petite équipe qui ne recule devant personne, qui n’a pas de complexe, où chacun des joueurs est prêt à se défoncer pour aider son partenaire, ils ont accompli l’impossible.

La pression peut être tout autant une barrière qu’un moteur. Tout dépend de la façon dont cette pression est intégrée et gérée. Jacques Martin doit s’assurer que le stress de jouer un autre match ultime devienne, pour ses hommes, une bougie d’allumage. Il faut qu’ils profitent pleinement du plaisir de jouer encore à la fin mai. L’entraîneur doit leur expliquer que, quel que soit le résultat de cette cinquième partie, après le mach, chaque joueur doit se dire qu’il a tout donné, qu’il n’aurait pas pu faire mieux, qu’il n’aurait pas pu faire davantage d’efforts que ceux qu’il a fait. Il ne faut pas qu’ils aient de regrets sur la façon dont ils auront joué. Il faut que, en toute sincérité, devant leur miroir, chacun d’entre eux puisse se dire satisfait de la façon dont individuellement et collectivement ils ont joué ce match.

S’ils abordent la prochaine partie avec cet état d’esprit, avec le caractère de ces joueurs et avec leur talent, je suis prêt à parier qu’on les revoit à Montréal.