Une situation d’échec
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:18 vendredi, 23 déc. 2011. 10:01Honnêtement, je dois d’abord vous dire que j’ai hésité avant de parler de la situation particulière que vit l’entraîneur-chef du Canadien. Je ne voulais pas me lancer dans des discussions qui pourraient rapidement déraper dans le domaine politique. Mais, après réflexion, je dois me mouiller. Et, comme d’habitude, c’est plutôt l’aspect psychologique de la chose qui m’intéresse.
Il y a deux éléments qui, selon moi, ressortent de la nomination de Cunneyworth. D’abord, on le met dans une situation d’échec, quelles que soient ses compétences. On ne peut nier l’erreur stratégique qu’a commise la direction en nommant un unilingue anglais. Les critiques viennent de partout. On ne devraient jamais choisir quelqu‘un pour la langue qu‘il parle mais seulement sur ses compétence, mais le Canadien est un business et ses clients ce sont les fans dont plusieurs sont francophone. Et, qu’elles soient justifiées ou non, ça n’a finalement plus d’importance quant à la situation dans laquelle se retrouve aujourd’hui cet entraîneur. Il est pris dans un tourbillon médiatique qu’il n’a pas voulu. Il aurait d’ailleurs dû être mieux conseillé le jour de sa nomination et être, soit capable de dire quelques mots en français, soit, minimalement, indiquer qu’il apprendrait la langue. Bref!
Mais le pire c’est qu’aussitôt nommé, on lui rappelle sans relâche, qu’il est en poste « temporairement ». Comme si on lui disait qu’il est là en attendant de trouver quelqu’un de compétent et qui fera l’affaire. Je sais que j’exagère un peu, mais comment peut-il comprendre autrement les messages envoyés par MM. Gauthier et Molson? Et pour ajouter au sombre tableau, l’équipe perd ses deux premiers matchs. Il a beau avoir la couenne dure, comme la plupart des entraîneurs professionnel, il est impossible qu’il ne sente pas cette pression qui n’a rien à voir avec ses qualifications. Où trouvera-t-il, en lui, la motivation indispensable pour faire ce travail de fou, sachant qu’il n’est que de passage? Heureusement qu’il n’est pas à Montréal pour le moment. Oh oui!
Or, toute cette question en cache une autre qui est tout aussi importante. Comment vont réagir les joueurs? Et je pense encore ici seulement à l’aspect psychologique. Voyez-vous, les joueurs sont déjà dans une situation difficile à cause de leur mauvais début d’année et de l’accumulation de défaites. Et maintenant vous ajoutez un nouvel entraîneur qui ne fait vraiment pas l’unanimité après de la collectivité et des fans. Qu’ils le veuillent ou non, ils seront questionnés, jour après jour, sur ce volet de l’équipe alors qu’ils ont bien d’autres chats à fouetter. Ça peut certainement les distraire des vraies questions et des vrais problèmes.
Mais là où ça peut faire encore plus mal, c’est qu’ils savent pertinemment que cet entraîneur ne sera pas en fonction bien longtemps. Ils en ont la certitude puisque le propriétaire l’a dit clairement dans un communiqué. Alors quel crédit aura Cunneyworth quand il leur demandera de se défoncer pour lui? Quand il leur dira qu’ils doivent en donner beaucoup plus? Quand il tentera d’établir une nouvelle stratégie? Quand il voudra priver des vétérans de temps de glace? Est-ce qu’il n’y a pas un danger réel que certains joueurs se disent : « C’est pas grave, lui ne sera plus là l’an prochain et moi j’y serai toujours… »
Voilà ce que j’appelle mettre une personne ou un club dans une situation d’échec. La seule solution, mais vraiment la seule solution qui leur reste pour ramener la sérénité, c’est de gagner. Et de gagner souvent. Il n’y a pas d’autres choix dans le contexte actuel. La direction a ajouté une pression additionnelle sur l’entraîneur et l’équipe. Une pression dont ils n’avaient absolument pas besoin. Tout ça sans savoir si le « ménage » est terminé ou si on ne vient pas seulement de mettre la table à d’autres changements majeurs.
Voilà désormais le tableau : une équipe qui en arrache, une équipe qui a de trop nombreux blessés, une équipe qui perd son entraîneur-chef au profit d’un autre qui est de passage, une équipe qui se fera déranger par des questions linguistiques à des années lumières de leurs problèmes sur la glace, et une équipe qui ne réussit pas à trouver le chemin de la victoire.
De toute évidence, les prochains jours et peut-être les prochaines semaines seront difficiles sur le plan psychologique…