LONDRES - Critiqué pour ses propos défavorables à l'égalité des salaires entre hommes et femmes dans le tennis, Gilles Simon s'est défendu bec et ongles jeudi à Wimbledon en dénonçant « la démagogie et la bien-pensance ».

« Il y a une démagogie et une bien-pensance générales qui font qu'on ne peut pas aborder certains sujets », a déclaré le Français en conférence de presse, après sa défaite au deuxième tour face au Belge Xavier Malisse.

Récemment nommé au conseil des joueurs de l'ATP, il avait évoqué mardi devant la presse, parmi de nombreux autres sujets, celui de l'égalité des récompenses entre hommes et femmes en vigueur dans les quatre tournois du Grand Chelem. « Je pense que ce n'est pas un truc qui marche dans le sport », avait-il dit.

Ces propos ont suscité des réactions irritées des joueuses. Kim Clijsters avait espéré mercredi que son compatriote Malisse lui ferait payer son audace.

Jeudi, Maria Sharapova et Serena Williams, sollicitées par les journalistes, ont choisi le ton de l'humour acide pour répliquer au Français.

« Je suis sûre que plus de gens regardent mes matchs que les siens, a dit la Russe. Maria a raison, elle est bien plus sexy que lui », a renchéri l'Américaine.

Dans une conférence de presse consacrée presque entièrement à l'affaire, et non à son match, Simon n'a pas cédé une pouce de terrain.

« J'ai le sentiment qu'en ce moment le tennis masculin est plus intéressant que le tennis féminin. Comme dans toute business, on doit être payé en fonction de cela. La question, ce n'est pas les hommes ou les femmes, c'est de savoir si les gens viennent vous voir ou pas », a-t-il développé.

« Quand Shakira chante, elle gagne plus d'argent que la plupart des hommes parce que tout le monde veut la voir », a-t-il dit.

Tsonga défend son compatriote

« Je ne vois pas ce qu'il y a de faux dans ce qu'il a dit, a déclaré le no 1 français. Il ne fait que dire des choses évidentes. Après, c'est clair que c'est quelque chose de tabou. Mais à un moment donné, il faut aussi parler des choses qui fâchent. »

« Personne ne peut nous dire que ça ne se passe pas comme ça, a-t-il ajouté. Surtout, pas un seul sport ne fait comme nous. Ca ne sert à rien de taper sur les doigts de Gilles, car il ne dit que la vérité. »


« Difficile d'en parler »

Répondant indirectement à Marion Bartoli, qui avait souligné que l'investissement des femmes dans leur métier était équivalent à celui des hommes, Simon a répondu que ni le travail ni la longueur des matchs n'étaient le problème.

« On peut travailler dur et être un chanteur célèbre et travailler dur et chanter seulement dans sa salle de bain. C'est peut-être triste, mais c'est comme ça que ça marche », a-t-il déclaré.

Convaincu d'être dans le vrai, Simon a mis en doute la sincérité de certains de ses contradicteurs.

« Ce n'est pas seulement mon point de vue, c'est le point de vue de tout le monde dans les vestiaires et c'est le votre aussi, à vous, les médias. Mais il est difficile d'en parler, je ne sais pas pourquoi », a-t-il dit.

« Regardez le prix des tickets de la finale des hommes et celui de la finale des femmes (NDLR : à partir de 120 et 105 livres respectivement à Wimbledon). Quand j'ouvre un journal, je vois quatre pages sur les hommes pour une sur les femmes. Vous dites depuis quatre ans que le tennis féminin n'a pas de numéro un et que le tennis masculin est extraordinaire », a-t-il ajouté.

Quant aux autres joueurs... « Je suis sûr qu'ils pensent la même chose que moi. Peut-être qu'ils ne peuvent pas le dire, peut-être qu'ils perdraient deux millions en contrats en le disant. J'en ai parlé dans les vestiaires et ils sont bien sûr d'accord avec moi. Vous pouvez me croire », a-t-il assuré

Simon a précisé qu'il était « très au fait » de la lutte des femmes pour l'égalité dans la société en général. « C'est un juste combat. Mais ça ne marche pas dans le spectacle », a-t-il dit.