Le Canadien Denis Shapovalov a fait vendredi une entrée fracassante dans le Gotha du tennis mondial en accédant aux 8es de finale des Internationaux des États-Unis à 18 ans.

« Ce mois d'août a changé ma vie », a-t-il admis.

Il faut remonter à 1989 pour trouver un joueur encore plus précoce que Shapovalov à Flushing Meadows : cette année-là, un jeune Américain d'origine chinoise, Michael Chang, s'était hissé en 8e de finale du US Open à 17 ans.

Quelques semaines auparavant, Chang avait remporté à la stupéfaction générale Roland-Garros en écoeurant notamment en 8es de finale avec un service à la cuillère devenu légendaire Ivan Lendl, alors no 1 mondial.

Shapovalov n'a pas encore de titre du Grand Chelem, ou même de tournoi ATP, à son palmarès, mais il a réussi des débuts retentissants sur le circuit et surtout un mois d'août impressionnant avec un quart de finale dans le Masters 1000 de Montréal et un 8e de finale à New York dès son deuxième tournoi du Grand Chelem.

« Ce mois d'août a complétement changé ma vie [...] il va falloir que je prenne du temps après ce tournoi pour apprécier ce que j'ai fait », a expliqué Shapovalov qui, après le Français Jo-Wilfried Tsonga, 12e mondial, au 2e tour, a battu le Britannique Kyle Edmund (no 42) vendredi.

« Tout s'est passé très vite en fait: mon objectif en début de saison était de terminer 2017 en étant dans le top-150 et maintenant, je peux viser le top-50 mondial », a constaté le vainqueur du tournoi junior de Wimbledon en 2016.

Fils d'une ancienne joueuse soviétique qui s'est exilé d'abord en Israël avec son mari, avant de s'installer avec leurs deux enfants en 1999 à Toronto, la nouvelle sensation du tennis canadien s'est d'abord fait connaître du grand public pour un gros coup de colère en Coupe Davis.

Disqualifié en Coupe Davis

En février dernier, alors que le Canada affrontait à domicile la Grande-Bretagne, il avait provoqué la défaite de son équipe (3-2).

Nettement dominé dans le quatrième simple par Edmund, son adversaire du troisième tour vendredi contraint à l'abandon sur blessure aux cervicales, il avait exprimé sa frustration après un point perdu, en frappant une balle en direction des tribunes.

Sauf que la balle a fini sa course en plein dans le visage de l'arbitre de chaise, le Français Arnaud Gabas, qui n'a pas eu d'autre choix que de le disqualifier et de donner de fait la victoire à la Grande-Bretagne.

De son propre aveu, l'incident l'a fait mûrir.

« Je suis un homme différent, un joueur différent », avait assuré le 69e mondial avant son match du troisième tour.

Malgré son jeune âge, le prodige ne semble pas du genre à prendre la grosse tête, entre des parents qui connaissent le tennis mais qui ne sont pas omniprésents (ils n'ont d'ailleurs pas fait le déplacement à New York) et son entraîneur, l'ancien joueur canadien Martin Laurendeau qu'il présente comme son mentor.

« J'ai vécu beaucoup de choses nouvelles, très rapidement, mais mon entourage fait en sorte que je reste concentré uniquement sur mon prochain match », a-t-il expliqué.

En 8e de finale, il sera opposé à l'Espagnol Pablo Carreno Busta, 19e mondial, « un joueur agressif que je ne connais pas vraiment », a-t-il avoué.

Mais Shapovalov voit déjà plus loin.

« Dans un ans ou deux, le classement va vraiment changer, il y a beaucoup de jeunes joueurs qui sont en train d'émerger et en même temps beaucoup de vétérans, on est dans une période de transition », a-t-il prévenu.