NEW YORK – Déconfit après Roland-Garros, Novak Djokovic est plongé depuis son sacre de la renaissance à Wimbledon dans un bain de jouvence qui le positionne en favori des Internationaux des États-Unis, avec Rafael Nadal, à partir de lundi à New York. Impensable il y a quelques mois seulement.

Et dire qu'à Paris début juin, sous le coup de l'immense désillusion de son quart de finale perdu face à la surprise italienne Marco Cecchinato, « Djoko » était apparu au trente-sixième dessous devant les journalistes et doutait même de sa participation à la saison sur herbe!

À ce moment-là, le Serbe (31 ans) court après l'envie et la forme depuis deux ans et sa victoire sur la terre battue française, qui l'a laissé à bout de souffle mentalement. Après une saison 2017 écourtée suivie d'une opération au coude début 2018, il vient d'être éjecté du top-20 pour la première fois depuis près de douze ans (octobre 2006).

Moins de trois mois plus tard, le voilà remonté au sixième rang mondial, le résultat d'un été fructueux.

À Wimbledon, après une demi-finale épique – cinq sets et plus de cinq heures – face à Nadal, Djokovic a conquis son treizième titre en Grand Chelem. À Cincinnati il y a une semaine, il est devenu le premier joueur à inscrire son nom au palmarès des neuf Masters du calendrier, en s'offrant en prime Roger Federer en finale (6-4, 6-4).

« C'est une sensation incroyable!, s'est réjoui "Djoko", dont la rage de vaincre s'est enfin réveillée. J'ai connu des mois difficiles avec ma blessure. »

« L'alien » Federer

Depuis Roland-Garros, Djokovic n'a plus perdu que deux matchs, en juin en finale du Queen's (face à Cilic) et en août au troisième tour à Toronto, contre la révélation de l'été américain, le jeune Grec Stefanos Tsitsipas, futur finaliste au Canada.

Sa résurrection valide son choix d'avoir renoué au printemps avec son entraîneur historique, le Slovaque Marian Vajda, après un an de séparation, et, au contraire, pris ses distances avec son controversé conseiller mental, l'Espagnol Pepe Imaz.

« Il a montré combien il est exceptionnel en gagnant Wimbledon », a estimé Federer, qui ne voit pas le Serbe, victorieux des Internationaux des États-Unis en 2011 et 2015, s'arrêter en si bon chemin.

« Je pense qu'il peut encore mieux jouer, qu'il en a encore sous le pied disons, ce qui est encore plus encourageant pour lui », poursuit le Suisse aux vingt couronnes en Grand Chelem, qui pourrait l'affronter dès les quarts de finale.

On peut toutefois compter sur Nadal pour vendre chèrement sa peau. Battu par Djokovic à Wimbledon et absent à Cincinnati, le no 1 mondial et vainqueur sortant – assuré de rester sur le trône s'il rallie le dernier carré – s'est, entretemps, imposé à Toronto.

À désormais 37 ans, Federer, titré sans discontinuer entre 2004 et 2008, mettra-t-il fin à dix ans de disette à New York, lui qui a trébuché dès les quarts de finale sur son gazon chéri mi-juillet? Tout à fait possible, selon l'Américain John Isner : « C'est un alien, il n'est pas comme les autres. »

Le « feu » intérieur de Serena

Avec le retour d'Andy Murray, opéré de la hanche en début d'année, le « Big Four » est réuni en Grand Chelem pour la première fois depuis Wimbledon 2017. Mais le Britannique, ex-no 1 mondial, ne pointe plus qu'au 378e rang!

Comme Djokovic et Murray, Serena Williams avait manqué la précédente édition des Internationaux des États-Unis : c'était pour cause de maternité imminente.

« Tout est différent, ma vie a changé », insiste l'Américaine (36 ans), 26e mondiale, mais qui s'est vue octroyer la tête de série no 17.

Depuis son retour sur le circuit début mars, Serena, en quête d'un 24e titre majeur qui lui permettrait d'égaler le record absolu de Margaret Court, a connu des hauts – finale à Wimbledon – et des bas – défaite la plus sèche de sa carrière, 6-1, 6-0, contre la Britannique Johanna Konta début août à San José, forfait avant les huitièmes de finale à Roland-Garros.

Mais que ses adversaires, potentiellement sa soeur aînée Venus au troisième tour puis la no 1 mondiale Simona Halep au suivant, soient prévenues : « Je ne viens pas ici en pensant que je vais perdre. Ce n'est pas être Serena, ça », affirme-t-elle dans une interview au magazine Time.

« Si la naissance de ma fille a changé quelque chose, c'est que j'ai encore plus ce feu en moi », a-t-elle renchéri samedi.

Top-5 : Internationaux des États-Unis