Exceller toute une année sur un circuit aussi exigeant que celui de l’ATP est une tâche des plus difficiles. Chaque athlète connaîtra immanquablement sa part de hauts et de bas au cours d’une campagne.

Certains joueurs connaîtront des périodes creuses tout simplement en raison de la surface sur laquelle ils sont obligés d’évoluer. Si la surface dure est à toute fin pratique universelle, la terre battue et le gazon sont loin d’être la tasse de thé de tout un chacun.

Dominic Thiem en est un parfait exemple. La quatrième raquette mondiale a brillé lors de la portion du calendrier sur terre battue avec une finale à Roland-Garros et une fiche combinée de 23-7 sur l’ocre.

Le champion à Indian Wells a été incapable de transposer ce succès sur herbe, alors qu’il a été éliminé dès le premier tour à Wimbledon.

Avec trois des quatre tournois du Grand Chelem disputés sur une surface différente, la polyvalence est de mise si on souhaite s’offrir toutes les chances de soulever un précieux trophée. Félix Auger-Aliassime semble déjà avoir les caractéristiques d’un tout-terrain.

Après avoir fait l’impasse la saison dernière sur la saison sur gazon, plusieurs points d’interrogation étaient de mise lorsque le Québécois s’est présenté sur cette surface pour une première fois chez les professionnels en 2019.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Auger-Aliassime n’a pas perdu de temps à apprivoiser le gazon. Il a enchaîné une finale à Stuttgart, une demi-finale au Queens et un troisième tour à Wimbledon. S’il avait déjà fait ses preuves sur terre battue (deux titres à Lyon en Challenger et une finale à Rio) et une demi-finale à Miami sur surface dure, le Canadien possède une clé qui le démarque déjà de ses adversaires et qui a de quoi réjouir ses entraîneurs.

« Si on observe l’allure des saisons, il n’y a pas un joueur professionnel, à part ceux du top-5, qui réussissent sur toutes les parties de la saison. C’est presque rendu mission impossible alors que le niveau est tellement élevé. Alors, qu’il ait réussi sur le gazon, c’est très encourageant pour la suite », a souligné en entrevue Guillaume Marx qui fait équipe avec Frédéric Fontang pour entraîner Auger-Aliassime. (L'intégralité de l'entrevue est disponible dans le dernier épisode du balado À la volée)

L’avenir est certes prometteur pour l'athlète de 19 ans qui a su se démarquer à sa première année complète sur le circuit de l’ATP. Après avoir conclu la dernière campagne au 108e échelon au classement, il est parvenu à se hisser dans le top-20 en moins de 10 mois. Même son entraîneur de longue date ne pouvait entrevoir une telle progression.

« On ne s’attendait pas à une montée aussi rapide au niveau du classement. Top-20 ce n’est pas rien. En début de saison, il n’était pas dans le top-100. L’objectif était d’être dans le top-50, mais il a été atteint depuis longtemps. Il doit continuer de se renforcer, car les échelons sont plus durs à passer », a soutenu Marx au sujet de celui qui a chuté au 21e échelon après le US Open.

Celui qui doit être qualifié dorénavant de meilleure raquette canadienne chez les hommes peut avoir le luxe de se présenter dans les tournois avec déjà un statut de tête de série. Cependant, sa montée en flèche à l’âge de 19 ans a attiré les regards de ses adversaires et ceux-ci l’attendent de pied ferme. Des défaites au premier tour à Cincinnati et aux Internationaux des États-Unis rappellent à l’équipe d’Auger-Aliassime la réalité du circuit.

« Il est maintenant plus attendu dans les différents tournois alors qu’il est une tête de série. Il est devenu rapidement un joueur à battre sur le circuit. Il a l’habitude d’avoir la lumière braquée sur lui, mais ce n’est jamais facile à gérer non plus. »

« Depuis le début de l’année, tout le monde se méfie. Il est arrivé sur le circuit avec une telle réputation pour quelqu’un de son âge. Tous les joueurs du top-100 savaient qu’ils devaient connaître un bon match pour l’emporter, même lorsque Félix était à l’extérieur du top-100 », a indiqué Marx qui côtoie son protégé depuis plus de cinq ans.

Une défaite qui ne doit pas faire ombrage à sa saison

Il faut dire que son adversaire aux Internationaux des États-Unis lui était particulièrement familier et il n’y avait aucune surprise à avoir au sujet de la préparation. Pour une deuxième année consécutive, le Québécois a retrouvé son bon ami Denis Shapovalov au premier tour, mais l’amitié est demeurée à l’extérieur du terrain alors qu’il a encaissé un sévère revers en trois manches.

Entrevue avec Guillaume Marx

Si l’enchaînement était un apprentissage, cette défaite s’ajoute également à son bagage d’expérience, alors qu’il doit tourner la page. L’important demeure de garder en tête le portrait d’ensemble et ce nuage n’est que passager dans une saison où les éclaircies ont été nombreuses. 

« Il faut prendre un peu de recul même si c’est difficile. Sur le coup, il était très déçu. Après le match, il a peut-être l’impression de toucher le fond, mais on remonte assez vite. On est loin d’être dans une spirale négative. Loin de là. Le circuit est très exigeant », a rappelé son entraîneur.

« Il vit une saison exceptionnelle, alors il ne faut pas se morfondre. Il n’y a pas de honte à avoir. On doit recommencer sur la prochaine tournée », a-t-il ajouté.

Parmi les éléments positifs sur lesquels bâtir, il y a bien évidemment sa première participation au tableau principal de la Coupe Rogers à Montréal. Après une présence à Toronto en 2018, Auger-Aliassime a été la coqueluche des Montréalais lors de son parcours qui l’aura mené jusqu’au troisième tour où il s’est fait barrer la route par Karen Khachanov.

 « C’était un événement extraordinaire! Il en a bien profité et il a réussi son tournoi en jouant du grand tennis. Je crois qu’il a aimé ça, mais c’est certain que ça lui a pris beaucoup d’énergie. »

Après Montréal, Cincinnati et les Internationaux des États-Unis, Auger-Aliassime s’est accordé quelques jours de repos avant de renouer avec l’entraînement sur le terrain. Encore une fois, la recette est de chercher à demeurer fixé sur les éléments positifs alors que les faiblesses seront corrigées en temps et lieu.

« Je pense qu’il faut renforcer encore ses points forts. C’est le message pour la fin de la saison. C’est ce qui lui a permis de grimper au classement, a expliqué son entraîneur On veut aussi se pencher sur ses points à travailler avec sérénité, mais c’est véritablement avec ses forces qu’il gagne des matchs. »

Auger-Aliassime sera de nouveau mis à l'épreuve en Asie, alors que ce continent accueillera les prochaines épreuves principales du circuit.