Listen to "Wimbledon : Place à la royauté sur gazon - Épisode 3 - 29 juin 2018" on Spreaker.

Une première participation en grand chelem chez les juniors à 15 ans seulement. La combinaison semble indiquer que les attentes seront plutôt modestes. Détrompez-vous, alors que la Lavalloise Leylah Annie Fernandez n’était pas à Paris pour jouer les touristes, mais bien pour l’emporter sur les terrains à Roland-Garros.

Il n’aura finalement manqué que deux victoires à la Québécoise pour remplir son objectif, elle qui s’est inclinée devant l’Américaine Cori Gauff qui a ultimement soulevé le trophée de championne au terme du tournoi.

De son côté, la Québécoise de 15 ans quittait la Porte d’Auteuil en compagnie de son entraîneur avec un léger sentiment du devoir inachevé après ce revers de 6-4 et 6-3.

« Je suis entrée dans le tournoi pour atteindre les demi-finales et ultimement gagner le tournoi. Je suis donc un peu déçue, car je n’ai pas joué à mon meilleur lors de cette demi-finale », a précisé Fernandez lors d’une entrevue avec le RDS.ca.

Rencontré quelques minutes après la demi-finaliste, son entraîneur Francisco Sanchez était du même avis que sa protégée.

« Elle a baissé son niveau d’intensité en demi-finale. À ce niveau, ça ne pardonne pas et surtout contre une joueuse qui ramène beaucoup de balles en jeu. Elle a d’ailleurs gagné le tournoi », a pour sa part analysé l’entraîneur.

Avec un carré d’as en grand chelem en banque, Leylah Annie Fernandez se présente maintenant pour son deuxième tournoi majeur du côté de Wimbledon. Un tout autre défi cette fois, alors qu’elle passe de la terre battue au gazon. N’ayant pas eu la chance d’apprivoiser cette surface à l’entraînement avant son vol pour l’Angleterre, la gauchère souhaite que ses premiers amours dans le monde du sport lui soient d’un quelconque secours.

« J’ai joué au soccer lorsque j’étais jeune, donc j’espère qu’il y aura quelques ressemblances », a laissé entendre en riant celle qui a opté pour le tennis au lieu du soccer vers l’âge de cinq ans.

Malgré cette vision plus qu’optimiste de sa situation, ce défi supplémentaire ne change en rien son approche en vue de la compétition. Celle qui rêve un jour de soulever le trophée au All England Club chez les pros y voit une belle opportunité cette année chez les juniors de faire un pas dans cette direction.

« Je veux encore me rendre en demi-finale à Wimbledon et j’espère gagner le tournoi.  »

« C’est une surface différente sur laquelle tu ne peux pas jouer tous les jours. Ce serait spécial de gagner. De bien faire chez les juniors cette année, ce serait encourageant », a mentionné celle qui participera à un tournoi préparatoire sur gazon avant Wimbledon, dont le tableau chez les juniors sera dévoilé le 5 juillet prochain.

Cette réponse montre que la joueuse et l’entraîneur sont sur la même longueur d’onde lorsque vient le temps d’entrevoir leur approche de la compétition.

« C’est certain qu’on est des gagnants. On ne se présente pas dans un tournoi pour prendre de l’expérience, je n’aime d’ailleurs pas cette formulation. On ne veut pas voir uniquement comment ça se passe. C’est certain qu’on a vu le déroulement et on a appris à Roland-Garros, mais on va là pour gagner », a indiqué Francisco Sanchez.

Le clan Fernandez peut également aborder ce nouveau défi avec un souci en moins alors qu’il compte maintenant sur l’appui financier de Tennis Canada.

« C’est un problème de moins, mais ce n’est quand même pas ça qui va lui donner la victoire », relève son entraîneur.

Un style qui tranche avec ses adversaires

L'argent est un facteur certes, mais ce qui peut permettre à Leylah Annie Fernandez d’enregistrer le dernier point du match, c’est son jeu sur le terrain. Un style peu conventionnel dans le tennis moderne où les joueurs semblent vouloir frapper de plus en plus fort.

Dès qu’il l’a aperçu pour la première fois, Sanchez a tout de suite relevé que cette formule ne conviendrait pas à son éventuelle protégée. Celui qui est arrivé de la Belgique pour maintenant servir d’entraîneur à la Lavalloise soutient qu’une approche diversifiée avec cette dernière lui permet de se démarquer de ses rivales et d’accumuler les victoires.

« La première personne que j’ai rencontrée en arrivant au Canada, c’était son père au Centre Jarry (maintenant Stade IGA). On a sympathisé et je lui ai proposé mon aide. Ç’a cliqué! Le potentiel, je l’ai vu dès le premier jour. J’ai noté qu’elle avait un jeu complètement différent et qu’il ne fallait pas l’entraîner comme les autres », a noté Francisco Sanchez.

« Elle n’est pas comme les joueuses conventionnelles qui frappent en puissance. Elle joue beaucoup avec les angles, travaille sur son touché de balle et elle monte aussi au filet. En plus, elle est gauchère. C’est l’une des rares joueuses qui effectue des slices. Elle frappe la balle très tôt également », a énuméré celui qui est épaulé dans son travail par le père de Leylah.

Ce style lui a très bien servi jusqu’à maintenant dans sa jeune carrière. Celle qui a pris goût pour la compétition après avoir assisté à un match de Kim Clijster à la Coupe Rogers occupe le 13e rang du classement chez les juniors grâce à une fiche de 16 victoires contre seulement quatre revers cette saison .

Si elle vise une ascension constante au classement de la WTA, Leylah Annie Fernandez espère que ses récents résultats lui permettront d’obtenir une invitation pour les qualifications de la Coupe Rogers disputée à Montréal en août prochain.

« J’espère avoir un laissez-passer pour les qualifications. »

« Sur le long terme, on aimerait après l’année que je sois classée dans le top-750 WTA », a souligné celle qui a récemment déménagé en Floride.

Le clan Fernandez ne veut cependant pas se projeter trop loin et tente de demeurer les deux pieds sur terre, malgré la nouvelle vague d’attention qu’a générée le parcours à Paris. Si l’entraîneur est bien au fait de ce piège, Fernandez ne cache pas que de tels résultats lui donnent confiance, mais elle ne perd pas de vue que la clé du succès passe par le travail.

« Je n’ai pas peur, mais je ne veux pas qu’elle tombe dans le panneau. C’est une travailleuse, mais la règle no 1 est de demeurer très humble. Elle n’a rien accompli encore, alors qu’elle a pris part à une demi-finale d’un grand chelem chez les juniors. Je n’ai pas envie qu’elle croie qu’elle a fait quelque chose d’exceptionnel, même si c’est très bien. Je suis content de l'attention envers elle, car ça va l’encourager, mais elle doit revenir rapidement aux objectifs.

 

« Je me sens un peu plus à l’aise. Je dois continuer à travailler tout aussi fort », a maintenu pour sa part Fernandez.

 

Celle qui a grandi avec Justine Henin comme modèle n’aura pas le temps de s’ennuyer des terrains de tennis cet été. Après Wimbledon, Fernandez devrait prendre part au tournoi de Granby avant d’espérer être du rendez-vous à Montréal. Les Internationaux juniors de Repentigny, ceux des États-Unis, le tournoi de Québec et la Coupe Fed junior figurent également à son calendrier.

Nul doute que côté travail, Fernandez sera servie au cours des prochaines semaines.