Novak Djokovic, qui a fait de sa vie de professionnel une ascèse permanente, sera-t-il en mesure de gagner le seul titre du Grand Chelem qui manque à son palmarès? Stan Wawrinka, autrefois surnommé « le Suisse qui perd », pourra-t-il connaître encore une fois cette année une fin de tournoi en apothéose?

Et Rafael Nadal? Est-ce humainement plausible de penser qu'il puisse porter à bout de bras le trophée des Mousquetaires pour une 10e fois? Récemment largué par un deuxième entraîneur de qualité, Andy Murray saura-t-il rebondir en champion et prouver qu'exceller sur terre n'est pas le fruit du hasard?

Cela n'est pas trop farfelu non plus de penser que l'autre vague de joueurs comme Kei Nishikori, David Goffin, Milos Raonic et Nick Kyrgios peuvent faire des ravages tout autant que les jeunes pousses tels Dominic Thiem (vainqueur à Nice cette semaine pour une deuxième année de suite!), Alexander Zverev et Lucas Pouille qui progressent d'ailleurs à une vitesse vertigineuse!

Novak est bien sûr le grand favori. Affamé comme un loup, et c'est lui qui le dit, on peut tout de même dire qu'il s'est rassuré en remportant le titre à Madrid et en présentant un très haut niveau en fin de match face à Rafael Nadal et Kei Nishikori à Rome. La défaite face à Murray en finale ne peut pas trop l'atteindre puisqu'il avait peur de se blesser dans des conditions jugées exécrables en raison de la pluie.

Il faudra voir bien sûr comment il saura s'extirper de sa portion tableau. Nadal pourrait l'attendre de pied ferme en demie pour prendre sa revanche sur l'an passé. Le chemin sera parsemé d'embûches pour l'Espagnol qui devra se défaire de deux joueurs qui l'ont battu récemment : Fabio Fognini et Dominic Thiem. Rien n'est donc acquis pour le Majorquin.

En bas du tableau, on retrouve Murray, Wawrinka, Nishikori et Raonic. Milos hérite de la huitième tête de série en raison de l'abandon de Roger Federer et est donc assuré de ne pas jouer contre un membre du top-7 avant les quarts de finale. Sacré coup de chance! Il faudra cependant plus que de la chance pour retrouver l'inspiration qui l'a propulsé vers les plus hauts sommets en début d'année.

Depuis la défaite devant Nick Kyrgios à Miami, Milos est moins entreprenant en fond de terrain et semble avoir de la difficulté à mener le jeu et à monter. A-t-il inconsciemment peur de se blesser en ouvrant la machine à fond? Compte tenu des ses récents problèmes physiques, peut-être qu'il n'a pas été en mesure de se donner au maximum à l'entraînement et cela paraît dans ses matchs.

Finaliste à Miami et Barcelone, demi-finaliste à Madrid et Rome, Kei Nishikori a gagné 15 matchs sur 19 lors de ses quatre derniers tournois. Trois fois il a perdu contre Djokovic et une fois devant Nadal. On s'entend qu'il est costaud le Japonais et qu'il maîtrise la terre de mieux en mieux. La sempiternelle question est toujours de savoir s’il peut garder son haut niveau au meilleur des trois manches pendant deux semaines sur cette surface.

Stan Wawrinka vient de se rassurer avant d'entamer la défense de son titre à la Porte D'Auteuil en remportant le tournoi de Genève. Dieu merci puisqu'il était bien loin d'un membre du « Big Four » récemment. Imaginez : une seule victoire à Rome, défaite d'entrée à Madrid, deux gains à Monte Carlo et autre défaite dès son match initial à Miami. Oh... il y a, comment puis-je dire, un gros trou dans le résumé du champion en titre. Mais gagner un tournoi, cela peint toujours les idées noires en rose... Et comme il est un joueur de séquences, qui sait... Il faut certainement garder un oeil sur lui durant la quinzaine.

Andy Murray a retrouvé sa deuxième place mondiale à Rome. Il est donc celui qui est le plus loin possible de Djokovic, quel soulagement! Depuis son horrible séquence en Amérique à Indian Wells et Miami et l'annonce inévitable de la perte de son entraîneuse Amélie Mauresmo (qui n'en pouvait plus de ses écarts de conduite sur le terrain) Andy est redevenu le champion que l'on admire. Il est d'ailleurs celui qui a le mieux fait sur terre lors des trois tournois d'importance. Deux finales de suite : perdue à  Madrid, mais gagnée à Rome. On ajoute à cela une demi-finale à Monte Carlo. L'Écossais peut nous surprendre s'il garde une ligne directrice qui le mène indubitablement vers du tennis offensif.

Eugenie BouchardChez les dames, Serena Williams peut-elle finir par égaler le record de Steffi Graf avec un 22e titre du Grand Chelem? Tellement nerveuse depuis la mésaventure des Internationaux des États-Unis l'an passé (défaite en demie devant Roberta Vinci), l'Américaine vient au moins de gagner un premier titre à Rome sans toutefois complètement me convaincre. Ceci étant dit, Serena, l'ogresse des courts, est due pour surmonter ses crises de nerfs en fin de tournoi.

Eugenie Bouchard affrontera une fille en pleine ascension. À peine top-100 en fin d'année 2015, Laura Siegemund est 39e présentement. Grosse éclosion à Stuttgart avec huit matchs joués (!) et une belle finale avec en plus au compteur trois victoires contre des membres du top-10 : Halep, Radwanska et Vinci. Pas tellement puissante, mais accrocheuse et friande des amorties en coup droit, il faudra que Genie la domine par la puissance.

Ce n'est pas une mauvaise année pour la Québécoise jusqu'ici puisqu'elle compte deux finales et deux belles victoires à Rome contre Jelena Jankovic et Angelique Kerber. À nouveau entourée par Nick Saviano, l'homme derrière ses succès en 2014, pourquoi pas une percée à Paris? C'est tout ce qui lui manque. Chris Evert y croit, et de ses dires : « Champion un jour, champion toujours... ». Go Genie go!