Avant d'analyser les possibilités pour nos Canadiens en vue des Internationaux d'Australie qui commencent ce dimanche soir, heure de l'Est, revenons sur le beau parcours de Félix Auger-Aliassime cette semaine dans un tournoi de la série 250 appelé le l'Omnium Murray River.

Pendant que les deux meilleurs Canadiens au classement, Denis Shapovalov et Milos Raonic représentaient le Canada à la Coupe ATP, Félix cravache en solo dans le même stade, le Melbourne Park.

Je suis certaine que Félix aurait aimé avoir sa place dans ce groupe sélect de la Coupe ATP mais dans un sens, pour commencer l'année, c'est bien pour un jeune joueur d'avoir plus de temps pour placer son jeu et trouver ses repères. Intéressant de le voir surmonter avec panache une balle de match au 3e tour face à Egor Gerasimov. Il l'emporte finalement 8-6 au bris d'égalité de la 3e manche. Sinon, ce que je remarque c'est la grande qualité du service du Québécois, sa concentration, rigueur et explosivité. Au tennis, le premier pas vers la balle fait foi de tout ou presque et Félix nous prouve qu'il a travaillé fort notamment avec l'oncle Tony Nadal à l'académie de Rafa sur l'Île de Majorque à l'intersaison.

En demies, Corentin Moutet ne fait pas le poids tellement FAA est offensif et concentré pour ne jamais se relâcher face à ce petit poison. Aujourd'hui, en finale, une 7e en carrière pour le Québécois, le talentueux Daniel Evans se dresse devant lui et ce que le Britannique le fait souffrir!

Il est sur toutes les balles demeurant constant, imaginatif et offensif. Auger-Aliassime n'arrive pas non plus à garder une forme de régularité au service alors qu'il est brisé 5 fois en 2 sets. En 1 h 17, FAA commet 32 fautes directes, lui pourtant si beau durant la semaine. Cependant, c'est le début de l'année et en moins de 24 heures il aura la chance de se reprendre et surtout relativiser.

Notre Québécois a livré la marchandise lors de ses 4 premiers matchs sur 5 ce qui est une moyenne suffisamment intéressante pour que cela le porte pour les Internationaux d'Australie.

Pour ce qui est du premier Majeur de l'année qui se met en branle ce dimanche à 19 h, heure de Montréal, il y aura une rencontre vedette entre deux jeunes pétaradants : Denis Shapovalov, 12e mondial et l'étoile filante de 19 ans Jannik Sinner. L'Italien est déjà 36e au monde et est annoncé comme possiblement membre du top-10 à la fin de l'année et qui sait peut-être no 1 mondial un jour tellement son potentiel est grand. Il possède déjà un titre remporté à Sofia l'an passé et une présence en quarts de finale à Roland Garros. Il est grand et puissant, constant et sérieux.

Pour l'emporter, Denis devra faire parler son expérience des grands matchs, sa capacité de choisir les bons moments pour attaquer et ne pas hésiter à venir finir les points au filet. La semaine dernière, Shapo a livré deux excellents matchs face à Djokovic et Zverev, deux rencontres qu'il aurait pu gagner. Espérons qu'il apprend vite. Denis a le jeu et cela prendra aussi un moral de béton...

Milos Raonic version 2016 en Australie, vous vous souvenez? En fait, toute cette année-là qu'il termine au 3e rang, Milos est grandiose avec une finale à Wimbledon, Indian Wells et Queen's Club en plus d'un titre à Brisbane en disposant en 2 sets de Roger Federer en ronde ultime. Gonflé à bloc à Melbourne et surtout très clair côté stratégie d'attaque à utiliser, Milos survole le tableau jusqu'en demie alors qu'il affronte le 2e mondial Andy Murray. Il mène 2 sets à 1 mais se blesse à une cuisse. Bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis mais je crois que son tableau n'est pas si vilain.

L'Argentin Frederico Coria ne devrait pas lui causer problème d'entrée. Potentiellement si le corps tient, je le crois aussi en mesure de dominer soit John Millman ou Corentin Moutet. Par la suite, il est possible que Stan Wawrinka l'attende avant une ronde des 16 devant le roi de Melbourne Novak Djokovic, 8 fois champion et possédant une fiche de 11-0 face à notre Canadien. Cela était dit, je ne peux pas vous dire que Milos m'a impressionné à la Coupe ATP face à Jan Lennard Struff. Il a cependant beaucoup d'expérience en Grand Chelem.

Félix Auger-Aliassime commence son tournoi face à l'Allemand Cedrik-Marcel Stebe, 128e au monde et repêché dans le grand tableau après avoir perdu au dernier tour des qualifications devant Viktor Troicki. Stebe est un trentenaire gaucher au style atypique qui a malheureusement passé plus de temps à l'infirmerie que sur un court. Si Félix arrive à mener la cadence, cela devrait aller tout comme au 2e tour contre soit Dzumhur ou Duckworth. Puis, si Shapovalov se sort gagnant de son duel devant Sinner, nos deux étoiles filantes s'affronteront. Quel beau spectacle cela sera...

Finalement, vraiment pas de veine en ce début d'année pour Vasek Pospisil qui doit se farcir la 4e tête de série Daniil Medvedev d'entrée. Cela étant dit, l'an passé, Vasek connait une superbe saison, passant de la 146e à la 61e place. Il a d'ailleurs reçu un bel honneur en recevant le trophée du plus beau retour sur le circuit.

Vasek a aussi fait 2 finales à Montpellier et Sofia en plus de jouer du gros tennis offensif à Vienne pour battre Medvedev. Daniil a pris sa revanche de justesse en fin d'année à Sofia en 3 manches. C'est juste que je demande comment est la forme pour notre Canadien. Disons que le début d'année commence sur les chapeaux de roues pour Vasek!

Chez les dames maintenant, Bianca Andreescu (20 ans) commence son tournoi face à une gauchère talentueuse de la Roumanie Mihaela Buzarnescu (32 ans), repêchée des qualifications. Voilà deux dames de générations différentes qui ont trop souvent été arrêtées en raison de blessures.

L'entraineur de Bianca, Sylvain Bruneau, nous dit qu'il veut mesurer les attentes et juste apprécier la voir se battre sur un terrain de tennis tout en restant en santé. Bianca a subi une quarantaine stricte et a donc sagement décidé de ne pas jouer de tournoi préparatoire question de passer plus de temps à s'entrainer.

La bataille sera d'ordre mental : il faut qu'elle reste positive en tout temps et qu'elle chasse toute pensée parasite. Tennistiquement parlant, on sait bien ce qu'elle vaut notre Canadienne. Ça peut paraitre bizarre à dire, mais il ne faut pas que Bianca se donne de buts précis reliés aux résultats. Pas tout de suite en tout cas. On la suivra bien sûr, avec grande anticipation et délice.

Un autre grand et magnifique retour au jeu parmi les meilleures est celui de Rebecca Marino, qui s'est qualifiée pour mériter sa place. Imaginez notre trentenaire n'a pas joué en Grand Chelem depuis Melbourne 2013. Son retour à l'excellence est un conte de fée et c'est formidable qu'elle ait surmonté toutes les embûches (blessures, harcèlements et dépression) pour se faire à nouveau une place au soleil. L'opportunité est belle, alors que le tirage au sort lui offre une invitée soit l'australienne Kimberly Birrell, 747e mondiale et puis potentiellement la 19e tête de série Marketa Vondrousova au 2e tour.

Finalement, notre jeune vedette montante Leylah Annie Fernandez a un beau mandat devant elle, alors que la 18e tête de série Elise Mertens la défiera dès le premier tour. J'ai encore en mémoire la belle avance de 5-1 que notre Québécoise possédait au 3e tour de Roland Garros devant la championne Grand Chelem Petra Kvitova. Il ne lui a pas manqué grand chose pour à nouveau marquer les esprits.

Quoiqu'il en soit, dans les faits, la semaine dernière Leylah a, pour une 3e fois, battu la championne des Internationaux des États-Unis Sloane Stevens. Donc, soyez assuré qu'elle ne tremble pas à l'idée d'affronter la Belge, aussi beau son classement soit-il.

Bon voilà, on se souhaite une quinzaine ininterrompue de tennis à couper le souffle. Que les grandes nouvelles proviennent seulement des hauts faits d'armes de nos guerriers des temps modernes de la petite balle jaune...