PARIS - Au terme de Wimbledon en 2009, quand Roger Federer a établi une marque avec un 15e titre majeur (il en a depuis remporté deux de plus), le Suisse semblait avoir acquis le titre du plus grand tennisman de l'histoire.

Rafael Nadal a toutefois relancé le débat. En battant Federer à Wimbledon en 2008, en triomphant à New York en 2010 (le Grand chelem qui lui manquait) et avec neuf célébrations à Roland-Garros, parmi 14 grands titres, l'Espagnol s'est placé dans la conversation.

Mais s'il gagnait en match ultime dimanche, face à Andy Murray, Novak Djokovic ferait lui aussi partie du débat. Le Serbe est en quête de ce qui serait une première, soit remporter quatre tournois majeurs de suite.

Régner sur le court Philippe-Chatrier, théâtre de trois revers de Djokovic en finale, lui vaudrait non seulement un 12e titre de prestige, mais aussi l'aura d'une menace réelle au record de 17 de Federer.

Tout argument qu'une victoire serait moins glorieuse car il n'a affronté ni Nadal, qui s'est retiré à cause d'une blessure au poignet, ni Federer, resté chez lui suite à des maux de dos, ne tiendrait pas la route car son rival sera de très haut calibre, dimanche.

Murray, qui deviendrait le premier Anglais à s'imposer à Paris depuis Fred Perry en 1935, s'il battait Djokovic pour la troisième fois en finale de Grand chelem, donne parfois l'impression que sa volonté va au-delà de ses habiletés pures.

Mais l'Écossais, bouillant sur le terrain et si calme en dehors, en apparence, a les armes et le sens du tennis pour contrer Djokovic. En demi-finale, il a vaincu de façon convaincante le champion en titre Stan Wawrinka, qui n'a jamais pu trouver ses repères dans un gain de 6-4, 6-2, 4-6 et 6-2 du Britannique.

L'ancienne gloire Mats Wilander a décrit ce match comme le plus grand chef-d'oeuvre tactique qu'il ait jamais vu à Roland-Garros.

Murray a passé près de cinq heures de plus sur le terrain que Djokovic, notamment à cause de luttes de cinq sets aux premier et deuxième tours. Bien qu'il soit un modèle de forme physique, cela pourrait lui peser en cas de match marathon, dimanche.

En demi-finale parisienne l'an dernier, Djokovic, lui aussi d'une résistance de fer, l'a battu au compte de 6-3, 6-3, 5-7, 5-7 et 6-1.

Murray, deuxième joueur au monde, peut être encouragé du fait qu'il a remporté leur dernier duel sur terre battue, s'imposant 6-3 et 6-3 en finale à Rome, le mois dernier.

Djokovic, le favori, peut se rappeler qu'il a défait Murray lors des finales australiennes de 2011, 2013, 2015 et 2016.

Leurs deux autres confrontations en finales de Grand chelem sont allées en faveur de Murray: à Wimbledon en 2013, ainsi qu'aux Internationaux américains en 2012.

« Dans tout le circuit, il est parmi ceux qui sont le plus dévoués au tennis, a dit Djokovic au sujet de Murray. Il veut constamment faire mieux, et c'est la même chose pour moi. Notre rivalité a évolué, et je ne crois pas avoir un avantage particulier. Ça reste possible que oui, de façon minimale, mais il joue du tennis de très grande qualité. »