La France est depuis longtemps ancrée parmi les meilleures nations au monde en tennis. Encore cette année à la Coupe Rogers, ils sont plusieurs à se positionner comme têtes de série.

C'est une saine compétition qui existe entre Monfils, Tsonga, Simon et les autres, et elle sert parfois même de source de motivation sur le terrain. Actuellement, Gilles Simon est le mieux classé au pays au 11e rang mondial.

« J'essaie d'être le meilleur tout court, après je suis content quand Jo, Richard et Gaël jouent bien. On se sent moins seul sur le circuit. Je trouve que c'est motivant, pas vraiment par esprit de rivalité mais par émulation. Quand les copains jouent bien, et que nous aussi, ça stimule tout le monde. »

Plus que la passion envers le sport, c'est une réelle amitié et complicité qu’ils partagent depuis les juniors et même avant.

« On se connaît depuis 20 ans, relate Gaël Monfils, l'un des athlètes les plus spectaculaires et divertissants du circuit. On est tous de bons potes et on l'a toujours été. On a grandi ensemble. Nous avons tout fait ensemble. »

La France a toutefois essuyé un dur échec en équipe récemment, s'inclinant en quarts de finale de la Coupe Davis aux mains de la Grande-Bretagne. Après Gilles Simon, Jo Wilfried Tsonga, Nicolas Mahut, Richard Gasquet et Arnaud Clementla déception, tous ont tenté de tourner la page rapidement pour poursuivre leur parcours individuel dans un calendrier plutôt chargé.

« On oublie toujours vite car on est joueurs de tennis et que si on s'arrête sur chaque défaite pendant six mois, ce serait un peu compliqué, explique Simon. On est obligé de passer à autre chose. »

L’élément manquant

Simon a déjà été 6e au monde, Tsonga 5e, puis Gasquet et Monfils 7es. En 2013, ce dernier a été exclu du top-100 après une sérieuse blessure mais a ensuite enclenché une remontée pour se retrouver aujourd'hui 15e. La quête pour retrouver son niveau d'antan est longue et ardue, mais pas impossible.

« J’ai seulement besoin de temps, je ne suis pas loin, croit celui qui a entrepris de travailler sur sa précision pour mieux s’acclimater à la rapidité sur dur. Je joue mieux, je travaille sur de nouvelles choses. Ce n’est pas facile de retrouver son meilleur niveau tout de suite, mais maintenant je ne suis pas loin. Je pense entrer à nouveau dans les 12 ou 10 meilleurs bientôt. »

Comme Monfils, certains de ses compatriotes ont à un moment ou un autre fait les frais d'une finale ou d'une demi-finale Grand Chelem. Aucun d'eux n'est cependant parvenu à enlever la couronne. Le dernier Français à avoir été sacré champion d'un majeur est Yannick Noah... en 1983.

Que faut-il donc pour imiter ces Marin Cilic et Stan Wawrinka qui ont été deux des rares à enfin détrôner les habitués des grands honneurs?

« Certainement un peu de chance, car ça fait partie du jeu, analyse Monfils. Ça fait aussi partie de la vie. Je suis plus mûr maintenant, je suis conscient de ce que je fais, de la manière dont je m’entraîne, de ce qu’il faut faire pour réussir. Il me faut encore un peu de temps. Je comprends mieux comment je dois jouer, ce que je suis capable de faire. Mais je dois encore mieux prendre conscience que je peux réussir, que je peux y arriver, et si je peux jouer comme ça, je peux gagner un tournoi majeur. »

Pour Simon, le but suprême semble plus à sa portée que par le passé.

« J'essaie d'être plus solide en Grand Chelem. Dernièrement, j'ai perdu contre Cilic et Djoko, en plus de Ferrer, Roger et Stan qui a gagné Roland-Garros. Je n'ai pas à rougir de mes performances. J'ai déjà réussi à battre quelques top-10 en Grand Chelem, ce que je ne faisais pas au début de ma carrière. Ça s'améliore mais j'ai envie de faire mieux. Je cherche plus de stabilité et de constance.

« C'est une belle époque pour jouer au tennis car il y a de grands champions et le niveau de jeu est incroyable. Ça nous pousse à aller chercher tout ce qu'on a au fond de nous pour le sortir sur le terrain. »

En 2015, Tsonga s'est rendu en demi-finale à Roland-Garros et Richard Gasquet, qui a déclaré forfait à Montréal mardi pour maladie, s'est rendu en demi-finale à Wimbledon. Simon espère que la surface dure qui lui donne tant de fil à retordre sera plus clémente et favorable cette fois.

« J’espère bien! Mais j’espère que les autres vont aussi aller loin. Je me souviens être allé en quart de finale à l’US Open, je n’étais pas loin. Je vais essayer d’avoir le meilleur niveau possible avant ce Grand Chelem. »

Comme plusieurs des têtes d’affiche qui se préparent pour le dernier droit, Tsonga a limité son horaire de travail lors du dernier mois. La transition sur dur n’est pas des plus aisées, mais le champion en titre l’a amorcée en gagnant 6-4, 6-4 contre Borna Coric hier. L'an dernier, il avait éliminé quatre joueurs du top-10 en route vers le titre : Djokovic, Murray, Dimitrov et Federer, dans l'ordre.

« Cette victoire lance ma tournée nord-américaine, j'espère que c'est la première d'une longue série. Mon objectif sur cette tournée est de gagner des matchs et de regagner de la confiance pour faire de bons résultats par la suite. Je sais que je joue bien et que je suis en forme, après, est-ce que je vais réussir les grands coups dans les grands moments? Je ne sais pas, l'avenir nous le dira. »

Jérémy Chardy met lui aussi beaucoup l'accent sur l’aspect de la confiance et il s’est donné une bonne raison de la faire grimper en triomphant de son compatriote Nicolas Mahut avec aplomb.

« Un match solide comme ça du début jusqu'à la fin, ça fait vraiment du bien pour la confiance. Si tu t'entraînes bien, que te sens bien et que tu joues bien, il n'y a rien qui remplace la victoire et le fait de gagner en tournoi. Ça donne le sourire et ça fait du bien.

« Dans les Masters, chaque tour est vraiment difficile. Quand on regarde le tableau tout le monde joue très bien. Je me concentre sur mon jeu, match par match, et chaque fois qu'on gagne c'est bon pour la confiance et les points. »

À la relève maintenant de suivre le pas des vétérans.