PARIS - L'Espagnol Albert Ramos-Vinolas, invité-surprise des quarts de finale de Roland-Garros grâce à sa victoire sur Milos Raonic, est « un gars normal » qui avoue volontiers qu'il ne s'attendait pas à vivre une telle aventure à Paris.

« Je n'ai rien de bizarre. J'aime passer du temps à Mataro (dans la banlieue de Barcelone) avec mes amis et ma fiancée. J'aime aller voir des matches de foot. Je suis un gars normal », a dit le Catalan, âgé de 28 ans.

En dix saisons sur le circuit, Ramos-Vinolas n'avait pas donné beaucoup de raisons au grand public de s'intéresser à lui, même dans son propre pays qui regorge de joueurs de tennis, jusqu'à l'automne dernier. Aucun titre sur le circuit et une seule finale en 2012 à Casablanca.

Puis, en octobre à Shanghai, il avait battu le grand Roger Federer au deuxième tour, après être sorti des qualifications.

L'exploit n'a pas eu vraiment de suite, même si on note une jolie victoire cet hiver sur l'Australien Nick Kyrgios à Indian Wells, et aurait pu rester son unique titre de gloire jusqu'à sa retraite sportive, après laquelle il envisage de reprendre des études d'économie.

Jusqu'à présent, Ramos-Vinolas n'avait jamais gagné deux matches de suite dans un Grand Chelem, même à Roland-Garros, sur sa surface favorite, où il avait perdu au premier tour des quatre éditions précédentes.

« J'avoue que je ne m'y attendais pas », a dit modestement le no 55 à l'ATP, déjà tombeur d'une tête de série, l'Américain Jack Sock (25e mondial), au tour précédent.

Un billet pour les Jeux?

Pas plus tard qu'il y a dix jours, son moral était même au plus bas. Au tournoi de Genève, il avait reçu une gifle du Suisse Stan Wawrinka (6-1, 6-1), l'adversaire qu'il pourrait justement retrouver en quarts. « J'étais un peu triste », avoue-t-il.

Quel est donc la raison de son succès, à un âge où il est rare de franchir un cap? « Je ne sais pas pourquoi ça marche aussi bien », admet le joueur, ajoutant qu'il essaie toujours d'apporter des améliorations à son jeu, qui « parfois marchent et parfois pas ».

Contre Raonic, 9e mondial, le seul gaucher en lice en deuxième semaine, au jeu classique de terrien, a réussi le match parfait, dans des conditions, terrain lourd et atmosphère humide, idéales pour lui.

« Ça m'a aidé à retourner son service, qui est son meilleur coup. Ça m'a tranquillisé et j'ai vu que je pouvais rivaliser et pourquoi pas gagner. J'ai joué intelligemment; j'ai tapé tous mes coups avec un but précis; j'ai très bien joué les points importants », a-t-il commenté.

Raonic n'a frappé que sept as, très peu pour lui, et a été complètement déstabilisé par la régularité de son adversaire : en trois sets, Ramos-Vinolas n'a fait que onze fautes directes du fond du court, à comparer aux 38 du Canadien.

Il connaissait déjà Raonic pour s'être fait battre par lui en Coupe Davis en 2013, à Vancouver, dans un premier tour galère perdu 3 à 2 par une équipe B espagnole. Marcel Granollers, l'autre sans-grade ibérique encore en course en quarts à Roland-Garros, était du voyage.

En dominant le Canadien, le garçon « calme et discret » décrit par Garbine Muguruza, qui s'entraîne parfois dans le même club que lui à Barcelone, s'est peut-être donné la chance d'aller jouer les Jeux olympiques de Rio pour la sélection espagnole, mais il n'y « pense pas trop encore », tout à sa semaine de rêve à Paris.