Ce sera le même saladier d'argent, mais son contenu aura un tout autre goût que celui dégusté depuis 119 ans : 18 nations se disputent à partir de lundi à Madrid la Coupe Davis nouvelle formule, qui se veut un championnat du monde à grand spectacle.

Le spectacle débute comme il se doit par une cérémonie d'ouverture lundi avec en vedette la chanteuse Shakira, compagne du joueur de soccer Gerard Piqué dont la société d'investissement Kosmos a racheté les droits de la compétition pour 3 milliards de dollars sur 25 ans.

Mais sur les terrains, pour succéder à la Croatie qui a remporté en 2018 la dernière Coupe Davis dans son format historique, le casting risque d'être bien moins flamboyant que celui rêvé par Piqué.

La densité de l'équipe de France, finaliste l'an dernier et emmenée par Gaël Monfils (10e mondial), Benoît Paire (24e), Jo-Wilfried Tsonga (29e), et le double Nicolas Mahut - Pierre-Hugues-Herbert, vainqueur du Masters, en fait un candidat logique à la victoire finale... tout comme l'Italie de Matteo Berrettini (8e) et Fabio Fognini (12e).

Sauf que les cartes ont été complètement rebattues par le nouveau format de la vénérable compétition qui regroupe désormais 18 pays en un championnat du monde étalé sur une semaine dans une seule ville (appelée à tourner).

Et surtout, les matchs ramassés en trois parties d'affilée (2 simples et 1 double) au lieu de cinq en trois jours (4 simples et 1 double), avec pour commencer une phase de groupes où chaque set et même chaque jeu comptera pour départager les équipes, pourraient favoriser celles ayant à leur tête une locomotive surpuissante.

« La meilleure équipe »

À cet égard, la paire Mahut-Herbert a de quoi jouer ce rôle pour la France.

« Lorsqu'ils sont à leur meilleur niveau, ils sont la meilleure équipe », s'est félicité le capitaine français Sébastien Grosjean.

L'Espagne de Rafael Nadal et la Serbie de Novak Djokovic ont également de quoi jouer les épouvantails.

Encore faut-il que les no 1 et 2 mondiaux, qui se sont livré une bataille à couteaux tirés toute la saison et jusqu'aux Finales ATP à Londres pour le titre de meilleur joueur de l'année (finalement arraché par le Majorquin), ne soient pas à plat physiquement.

Leur parcours à Londres (élimination dès la phase de groupes) tendrait à laisser penser qu'ils ne sont plus en pleine possession de leurs moyens.

Nadal enchanté

Le capitaine espagnol Sergi Bruguera s'est voulu très optimiste quant à la forme de Nadal.

« Honnêtement, il est dans une des meilleures périodes de sa carrière, il est enchanté de disputer cette Coupe Davis, il va bien et a très envie de jouer! »

En l'absence de Roger Federer (la Suisse n'est pas qualifiée et le no 3 mondial n'a plus joué la Coupe Davis depuis qu'il l'a remportée en 2014), Daniil Medvedev (no 4 et épuisé après une saison particulièrement éreintante) ou encore Alexander Zverev (no 6), des performances décevantes de Rafa et Djoko pourraient porter un tort considérable à la compétition auprès du public.

Chez les joueurs et entraîneurs, l'avis est mitigé.

« Ça n'a plus rien à voir. On a plus l'impression d'être aux Jeux olympiques qu'à la Coupe Davis », a déclaré le Belge Steve Darcis.

Au contraire, « revoir tout le monde sur le même site, avec chacun le survêtements de son pays, c'est quelque chose de différent, quelque chose que j'apprécie », a commenté Paire.

Le capitaine russe Shamil Tarpischev, qui se dit lui-même partisan de la « tradition », regrette la réforme. « C'est un peu comme aux échecs où il y a les parties classiques (qui durent des heures pour des championnats qui s'étalent sur plusieurs jours voire semaines, ndlr) et les parties blitz (éclair, ndlr) » qui favorisent le spectacle et les erreurs.