PARIS, France - À 20 ans à peine, la Lettone Jelena Ostapenko a tout renversé à Roland-Garros, même la Roumaine Simona Halep, pourtant plus expérimentée, créant ainsi l'une des plus grosses surprises de l'histoire du tournoi.

La jeune Balte au jeu explosif est devenue la première joueuse non tête de série à s'imposer à Paris depuis 1933 et le triomphe de la Britannique Margaret Scriven.

« Je ne peux pas croire que j'ai gagné Roland-Garros, je n'ai que 20 ans, j'ai joué un tournoi incroyable, je vous aime, c'est incroyable d'être là », a savouré la 47e mondiale (12e ce lundi) qui s'est imposée 4-6, 6-4, 6-3 et a marché sur les traces de Gustavo Kuerten. Le 8 juin 1997, le jour de sa naissance, le Brésilien, remportait lui aussi le premier titre de sa carrière sur le court Philippe-Chatrier.

À 6-4, 3-0 en sa défaveur, Ostapenko semblait pourtant se diriger tout droit vers une défaite, mais trois balles de bris écartées et des coups gagnants en rafale (54 dont 12 retours), qu'elle n'a cessé de faire pleuvoir sur le Central, ont eu raison de la défense adverse.

Halep a raté une belle occasion de s'offrir son premier titre majeur et de se s'emparer de la place de no 1 mondiale, alors que le tournoi était bien moins relevé en l'absence de Serena Williams (enceinte) et de Maria Sharapova (privée d'invitation).

Comme un ouragan

« C'est un jour dur, mais continuons à travailler et à y croire. J'ai eu mal au ventre avant la finale, ça veut peut-être dire que je n'étais pas prête à la jouer », a expliqué la joueuse de Constanta, 25 ans, sous les yeux de son manager Virginia Ruzici, seule Roumaine titrée en Grand Chelem, à Paris en 1978.

Ostapenko, une étoile est née à Roland-Garros

Halep avait pour elle l'expérience de sa finale perdue en 2014 contre Sharapova et la confiance emmagasinée lors de ses 17 derniers matchs (une seule défaite). Après avoir sauvé une balle de match en quarts de finale contre l'Ukrainienne Elina Svitolina, elle semblait avoir échappé au pire.

Mais c'était avant d'être emportée par « l'ouragan » Ostapenko, une jeune femme insouciante qui frappe sur tout ce qui bouge et qui a tout fait samedi: les coups gagnants et les fautes directes (54 aussi).

Halep a pourtant enlevé la première manche en ne frappant qu'un seul coup gagnant (23 pour Ostapenko). Après avoir laissé passer une belle opportunité dans la deuxième manche, elle a eu une seconde chance en servant pour mener 4-1 dans le set décisif.

Le président au bout du fil

Mais Ostapenko a redoublé de puissance, a sorti deux aces à des moments cruciaux et s'est imposée en trois manches, pour la quatrième fois d'affilée. « Simona est une grande joueuse, elle jouait très bien, j'ai essayé de rester agressive, de jouer mon jeu, puis les choses ont tourné en ma faveur », a expliqué la Lettone qui avait déjà perdu, par deux fois, le premier set, en huitièmes de finale face à une ancienne finaliste, l'Australienne Samantha Stosur, et en quarts de finale contre une ex-no 1 mondiale, la Danoise Caroline Wozniacki.

Plus forte que la Suissesse Timea Bacsinszky en demie, Ostapenko croisait pour la première fois une membre du top-10 lors de cette édition.

Mais la pression d'une première finale majeure n'a pas tétanisé cette jeune femme robuste (1,77 m, 68 kg), entraînée par sa mère et l'Espagnole Anabel Medina, deux fois lauréate en double dames à Paris (2008, 2009).

Elle est devenue le premier représentant de la Lettonie (2 millions d'habitants) à remporter un trophée majeur et ne devrait pas tarder à recevoir un nouveau coup de fil du président Raimonds Vējonis. Ostapenko est aussi la plus jeune joueuse couronnée à Paris depuis la Croate Iva Majoli, âgée de 19 ans en 1997, qui n'a plus rien gagné ensuite en Grand Chelem. Une trajectoire que la Balte espère ne pas suivre.