D'un côté Naomi Osaka et sa combativité retrouvée, animée d'un surcroit de motivation qu'elle puise dans le mouvement antiraciste Black Lives Matter, de l'autre Victoria Azarenka et son plaisir recouvré, après une traversée du désert: la finale dames de l'US Open s'annonce aussi relevée qu'indécise samedi.

La Japonaise et la Bélarusse devaient déjà en découdre, il y a deux semaines, en finale du tournoi de Cincinnati délocalisé dans la bulle de Flushing Meadows. Mais Osaka avait déclaré forfait, blessée à une cuisse, préférant se préserver en vue du tournoi new-yorkais du Grand Chelem.

Bien lui en a pris. Quatorze jours et six tours passés sans trop d'encombres plus tard, la voilà de retour en finale d'un rendez-vous majeur pour tenter d'ajouter un troisième Grand Chelem à son palmarès après l'US Open 2018 et l'Open d'Australie 2019.

Grâce à cet enchaînement, Osaka était alors devenue N.1 mondiale. Un statut qu'elle a eu du mal assumer par la suite.

« Je sens que mon état d'esprit est vraiment différent à présent. J'ai l'impression d'avoir appris beaucoup des hauts et des bas que j'ai eus. Mentalement je me sens plus forte et physiquement plus en forme », a confié la joueuse de 22 ans, désormais 9e au classement WTA, après sa difficile victoire en demi-finale contre l'Américaine Jennifer Brady 7-6 (7/1), 3-6, 6-3.

Porte-voix

Pour la Japonaise, le confinement imposé par le coronavirus a été l'occasion de repartir du bon pied. « J'ai voulu sortir de cette période en étant positive, peu importe que je perde ou gagne, mais en sachant que je ferais 100% d'efforts » sur les courts.

Celle qui dit aussi avoir "voulu grandir", a pris aussi une autre dimension en dehors des courts. Résidant en Californie, elle a été très affectée par la mort de George Floyd après son interpellation le 25 mai. Elle fut avec LeBron James et Coco Gauff une des premières à crier sa colère face à cet acte de violence raciale, allant même manifester à Minneapolis où eut lieu le drame.

Puis survint l'épisode de son boycott de la demi-finale de Cincinnati, suivant le mouvement initié par l'équipe NBA des Milwaukee Bucks après l'affaire Jacob Blake. Ce qui a poussé les organisateurs à observer une pause de 24h en signe de solidarité.

La si timide Naomi, dont les origines sont aussi haïtiennes, est alors soudainement devenue la porte-voix du tennis dans la lutte contre l'injustice raciale. Rôle qu'elle a continué d'endosser à l'US Open, en pénétrant sur les courts à chaque match avec un nom différent de victime inscrit sur son masque.


« Je veux vraiment que plus de gens en parlent. Essayer de faire connaître leurs noms au plus grand nombre est un très gros facteur de motivation pour moi », a-t-elle assuré.

4e maman sacrée ?

Sa propre motivation, Victoria Azarenka la nourrit d'une joie de jouer qui l'avait quittée ces dernières années et qui est apparue éclatante tout au long du tournoi. Particulièrement face à Serena Williams (1-6, 6-3, 6-3) en demi-finale, prenant ainsi une douce revanche face à celle qui la priva de sacre en finales de l'US Open 2012 et 2013.

Des neuf mamans en lice au début du tournoi, la 27e mondiale est celle qui peut rejoindre Margaret Court, Evonne Goolagong et Kim Clijsters dans le club très fermé des mères de famille titrées en Grand Chelem.

Mais que le chemin fut tortueux depuis la naissance de son fils en 2016 ! Elle a dû mener en effet un combat pour en obtenir la garde qui l'a tenue à l'écart du circuit jusqu'à la mi-saison en 2018. Elle aura mis deux ans pour redevenir cette joueuse si redoutable qui domina le tennis mondial en 2012.

« Je crois avoir toujours été passionnée. Mais la joie de jouer, je ne l'ai jamais vraiment connue avant... Même quand j'étais N.1 et que je gagnais en Grand Chelem (Open d'Australie 2012 et 2013). Je n'ai jamais pu atteindre ce niveau de bonheur sur le court", a affirmé la joueuse aujourd'hui âgée de 31 ans, se disant "très excitée de rencontrer Naomi ».

« Il faudra que je sois forte, mais que je prenne surtout du plaisir », a-t-elle résumé.

La finale Osaka-Azarenka samedi pas avant 16h00           

La finale dames de l'US Open entre Naomi Osaka (9e mondiale) et Victoria Azarenka (27e) est programmée samedi pas avant 16h00 (20h00 GMT) sur le court Arthur-Ashe.

Le programme de la 13e journée, samedi (finale dames):

Court Arthur-Ashe. Pas avant 16h00 (20h00 GMT) Finale  dames:

Naomi Osaka (JPN/tête de série N.4) - Victoria Azarenka (BLR)