« Je n’ai jamais dit que c’est facile de jouer pour une équipe championne! » En une seule phrase lancée à ses joueurs, l’entraîneur David Lessard a résumé les ambitions du Vert & Or qui veut trôner au sommet de la section québécoise.

Même si le terrain de la formation sherbrookoise ne se retrouve qu’à quelques kilomètres de celui des Gaiters de Bishop’s, on a l’impression de se présenter dans un environnement fort différent.

La confiance émane de cette organisation qui a levé la barre encore plus haute en 2012 en atteignant la finale québécoise grâce à un gain de 42-24 sur le terrain des Carabins de l’Université de Montréal. Le temps est venu d’atteindre la prochaine étape selon l’équipe menée par l’impressionnant quart-arrière Jérémi Roch.

L’étudiant en administration a dominé ses pairs du Québec en 2012 alors qu’il n’en était qu’à sa deuxième saison au niveau universitaire. L’admirateur de Tom Brady pourrait produire des flammèches sur les terrains cette année.

« Je veux continuer de m’améliorer, maîtriser l’attaque plus précisément, prendre de meilleures décisions et mieux exécuter le plan de match des entraîneurs. Mon rôle de meneur s’accroît aussi chaque année et je veux donner l’exemple aux autres par rapport à la préparation et l’attention aux détails », a raconté le numéro 12.

Inutile de patienter longtemps près des lignes de côté pour écarquiller les yeux devant quelques-unes de ses longues passes d’une précision chirurgicale. Roch semble démontrer que sa progression s’est poursuivie durant la saison morte et son entraîneur le confirme.

« On oublie souvent qu’il est arrivé très jeune, à 18 ans, au football universitaire et on lui a confié les rênes de l’attaque. Il a gagné en maturité physique étant plus en forme, plus puissant, plus fort et plus explosif. Il a toujours été précis, mais il possède maintenant plus de vélocité donc c’est de bon augure pour la saison », a confié Lessard annonçant une mauvaise nouvelle à ses adversaires.

L’attaque du Vert & Or pourrait causer des maux de tête à certaines équipes surtout que Roch profitera d’une stabilité chez les receveurs avec Sébastien Blanchard, Francis Lapointe et Vincent Cléroux.

Un gros morceau à remplacer

Si la stabilité règne offensivement, la défense aura le lourd mandat de combler la perte du secondeur Nicolas Boulay qui s’est taillé une place avec les Alouettes de Montréal.

« On parle d’un joueur d’exception. Dès qu’il a mis le pied sur le terrain avec nous, il a été une machine à plaquer et ça constitue toujours un défi de taille d’en remplacer un. Sauf que ça fait longtemps que je travaille dans le football universitaire et on a perdu d’autres bons éléments dans le passé comme Pascal Fils et Pierre-Luc Labbé. On est convaincu d’avoir ce qu’il faut à l’interne pour tenir le fort en défense », a commenté l’entraîneur.

À l’approche de la saison, l’imposant mandat revient à Dempsey Jutras qui a assisté à l’un des matchs de son bon ami avec les Oiseaux.

« Mes responsabilités ont augmenté et je veux encore plus assimiler le cahier de jeux pour bien remplir mon rôle. Je dois diriger le front défensif et je commence à être à l’aise grâce aux répétitions », a mentionné Jutras qui a confié que Boulay était la plus grande motivation de l’équipe en raison de son ardeur au jeu et à l’entraînement. 

Après le sentiment du devoir accompli contre les Carabins en éliminatoires, le Vert & Or a subi un dur retour à la réalité, étant écrasé 40 à 17 contre Laval à la Coupe Dunsmore. L’éternelle énigme de la troupe de Glen Constantin tenaille autant le Vert & Or que les Carabins. Selon Lessard, la réponse ne peut pas être obtenue dans le cadre d’un match.

« Je crois sincèrement que l'Association du Québec est la plus compétitive au Canada. Tu ne peux pas arriver le jour du match et penser que tu seras champion. Il faut que tu sois champion 365 jours par année et ça débute en janvier quand les caméras ne sont pas là et qu’il y a de la neige. Tu dois te présenter, aller au gymnase, faire de la vidéo et des réunions avec les entraîneurs pour récolter ce que tu as semé le jour du match », a avancé l’entraîneur.

« Je ne veux pas parler pour eux, mais je suis certain qu’ils sont champions à l’année dans leur tête. Il faut prendre exemple sur cette organisation et effectuer les bons choix 365 jours par année », a ajouté celui qui voudra donner le ton dès la première partie dimanche, un duel estrien contre les Gaiters de Bishop’s.

Les adjoints de Lessard ont adopté la philosophie de l’entraîneur qui entame seulement sa deuxième année aux commandes du Vert & Or. Jean-Vincent Posy-Audette (coordonnateur défensif) et Guillaume Boucher (entraîneur de la ligne défensive) épient toutes les actions de leurs joueurs et les conseils et remontrances ne se font pas attendre si nécessaire.

Le premier quart partant canadien dans la LCF?

Le portrait reste à raffiner, mais le potentiel de Roch laisse croire à certains observateurs qu’il pourrait s’établir comme premier quart partant canadien dans la LCF. Avec la riche histoire de ce circuit, l’accomplissement serait de taille, mais la mission n’effraie pas le principal intéressé.

Ce privilège aurait pu revenir à Kyle Quinlan, mais le quart des Marauders de McMaster a renoncé à un parcours professionnel. Pour le moment, Roch semble convaincu que l’univers professionnel lui conviendra.

« Les détails seront très importants pour y arriver, comme la compréhension des systèmes. C’est un peu pour cela que je suis venu jouer à Sherbrooke, notre entraîneur accorde beaucoup de temps à ses quarts, à l’attaque et au développement des joueurs. Je veux aussi m’améliorer mécaniquement et tous les éléments sont là pour que je puisse réussir », a évalué Roch avec assurance.

Le quart-arrière soucieux des détails a découvert le football grâce à son frère aîné.

« J’étais un joueur de baseball, mais mon frère avait commencé le football et il adorait ce sport. Je voyais sa passion et c’est pourquoi j’ai voulu découvrir ce plaisir », a confié l’athlète originaire de Montréal qui a rapidement découvert des atomes crochus avec la position de quart-arrière.

« Dès mon premier entraînement atome, l’entraîneur a demandé si quelqu’un savait lancer un ballon et j’ai levé la main et je me disais que je pourrais me débrouiller vu que je savais lancer une balle. »

Pendant qu’il gravissait les échelons avec succès, il a été charmé par Brady qui brillait dans la NFL. Le quart-arrière des Patriots de la Nouvelle-Angleterre est devenu l’inspiration de son développement.

« Je me suis accroché à lui, j’aimais comment il procurait de l’énergie et de la passion à son équipe, mais tout en restant calme et en contrôle. Je veux essayer d’en faire autant à mon niveau. »

Mais les joueurs de football ne regardent pas les matchs professionnels du même œil que les amateurs.

« C’est vrai que mon regard est différent. En fait, je n’aime pas trop regarder du football avec des distractions et d’autres personnes parce que j’observe cela avec un côté critique. Je me demande ce que j’aurais fait à la place du quart ou ce que je pourrais transposer dans mon jeu. Même quand je suis avec ma copine et qu’elle me pose des questions, je n’embarque pas trop », a-t-il confié en souriant.

L’exception s’avère les rencontres des Patriots où il se fait un devoir de savourer ce divertissement.

« J’analyse moins les Patriots parce que c’est mon équipe préférée et ça m’arrive parfois de juste apprécier le tout pour m’amuser avec mes amis comme tout le monde », a noté celui dont le rendement sera épié par plusieurs équipes de la LCF jusqu’à son repêchage.