MONTRÉAL - Grâce à des commanditaires majeurs et un succès monstre aux guichets, le Rouge et Or de l’Université Laval est l'équipe la mieux nantie financièrement au Québec. Pourquoi ne pas tout simplement copier la recette?

« J'ai eu la visite d'au moins une dizaine de responsables ailleurs au pays qui sont venus me voir pour savoir quel est le secret du Rouge et Or », souligne le directeur du programme d’excellence de l’Université Laval, Gilles Lépine.

« Chaque université est libre de dépenser son budget. Ce ne sont pas toutes les universités qui ont ce potentiel commercial », fait toutefois remarquer Benoît Doloreux, directeur des programmes universitaires au Réseau du sport étudiant québécois (RSEQ).

« Il y a une limite au nombre de personnes qui sont prêtes à investir 5000, 10 000 ou 20 000 $ par année, ajoute Patrick Boivin, directeur du département sportif à l’Université Concordia. Il y a un alignement circonstanciel à Québec qu'on ne retrouve pas ailleurs. Tu ne peux pas le leur enlever, mais tu ne peux pas le donner à Montréal, Sherbrooke ou Bishop's. »

S'il est impossible pour les autres programmes de générer autant de revenus, faudrait-il alors imposer un plafond des dépenses à chaque programme?

« Est-ce que ça pourrait être une solution? C'est sûr et certain que ça pourrait en être une », s’avance M. Doloreux.

« Des ligues professionnelles ont imposé un plafond salarial. Ainsi, tous les clubs ont une chance de gagner le championnat à chaque année », fait remarquer l’entraîneur des Gaiters de Bishop’s, Kevin Mackey.

« C'est difficile à faire, interrompt toutefois Manon Simard, directrice du sport d’excellence à l’Université de Montréal. Comment tu contrôles certains éléments d'un plafond? »

« Il va falloir que les membres se donnent des moyens de gérer ces règles-là, ce qui ne sera pas nécessairement facile », répond en partie M. Doloreux.

Mieux répartir le talent

« Une équipe universitaire peut avoir 48 joueurs en uniforme pour un match. Pourtant, l'Université Laval compte plus de 90 joueurs dans son équipe. Limiter le nombre de joueurs par programme pourrait être un moyen de redistribuer le talent.

L'objectif de rééquilibrer

« Au niveau collégial division 1, il y a un maximum de 60 joueurs. Dans les division 2 et 3, c'est 55 joueurs », expose M. Doloreux.

« En faisant ça, ça va permettre à d'autres équipes d'avoir accès à des joueurs de qualité qui seront partants chez eux », raisonne l’entraîneur des Carabins Danny Maciocia.

La domination du Rouge et Or au Québec est peut-être préoccupante, mais elle n'engendre pas que des effets négatifs. Le football québécois n'a jamais autant rayonné au niveau canadien et de plus en plus de programmes scolaires et collégiaux voient le jour dans l'Est du Québec, un phénomène qui n'existait pas avant l'arrivée d'une équipe à l'Université Laval.