(RDS) - Pour la troisième année d'affilée, les équipes de football du Québec affrontaient celles de l'Atlantique, le week-end dernier. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les équipes du Québec ont nettement dominé celles de l'Est, remportant les quatre affrontements. Même les Gaiters de Bishop's ont gagné… c'est tout dire.

Oui, notez la date et l'heure, les Gaiters, une équipe en perdition depuis quelques années, ont remporté un match de football, 25-13, contre les Mounties de Mount Allison, un club qui a gagné une seule partie depuis la saison 2002 (1-18). On peut se consoler, la pire équipe au Québec est meilleure que la pire équipe dans l'Atlantique.

Sérieusement, ce balayage contre les équipes de l'est montre à quel point le football ne se porte pas très bien dans ce coin de pays.

La démonstration de football des X-Men de StFX au CEPSUM montre bien à quel point ça va mal dans les Maritimes. La victoire de 56-16 des Carabins de Montréal contre les X-Men indique très bien l'allure du match. Mais si les Carabins l'ont emporté par 40 points, ce n'est pas tant qu'ils ont joué un match extraordinaire. Sans rien enlever à la performance des Carabins, les X-Men ont été franchement mauvais. Et mauvais est un mot faible. Dans le cas des X-Men, il faudrait plutôt dire qu'ils ont été pitoyables.

Rarement a-t-on vu une équipe aussi désorganisée sur un terrain de football. Quand une équipe écope de quatre ou cinq pénalités pour avoir eu trop de joueurs sur le terrain (il est même arrivé qu'il manquait un joueur sur le terrain), c'est qu'il y a un problème. Quand le joueur qui s'occupe des remises peine à rendre le ballon au botteur au moins cinq fois dans un match, c'est qu'il y a un problème. Quand une équipe gagne sept verges sur trois retours de botté de dégagement, c'est qu'il y a un problème.

Donc, pour les X-Men, la préparation semble être un problème. Mais le manque de préparation n'est pas l'unique problème des équipes des Maritimes. Peut-être qu'une équipe peut battre les Mounties sans se préparer, mais c'est une toute autre paire de manches lorsqu'on s'attaque aux équipes de Glen Constantin, Jacques Dussault et Gerry McGrath.

Éric Lapointe, détenteur du record du football universitaire canadien pour le plus grand nombre de verges au sol lors de la même saison, me confiait il y a quelques semaines qu'après son départ de Mount Allison, l'entraîneur de l'époque avait arrêté de recruter des joueurs pendant près de deux ans!

On comprend mieux pourquoi les Mounties (qui ont déjà perdu un match 105-0) sont la risée des Maritimes depuis le départ du porteur de ballon des Alouettes. Une ou deux saisons sans recruter peuvent affecter un programme de football pendant près de cinq ans.

La taille du bassin de joueurs de football dans l'Atlantique nuit sérieusement à ces formations (on retrouve quelque 7100 étudiants masculins dans les quatre universités de l'Atlantique contre 15 157 pour la seule Université Laval, donc pas mal moins de joueurs de football qu'au Québec). Avant l'arrivée triomphale du Rouge et Or, le problème ne se posait pas puisque les quatre formations venaient chercher plusieurs joueurs au Québec, Éric Lapointe étant probablement le meilleur exemple.

Maintenant, avec trois équipes francophones, peu de joueurs du Québec veulent s'expatrier dans les Maritimes ou ailleurs au Canada. Les équipes des Maritimes doivent maintenant se tourner vers les autres provinces, dont l'Ontario, où l'on retrouve déjà dix équipes universitaires.

Des quatre quarts-arrières partants des formations de l'Atlantique, trois viennent de l'Ontario -- Steve Panella (SMU), Eric Morris (Mount Allison) et Davin Corbett (StFX). L'autre, Chris Judd (Acadia), vient d'aussi loin que la Californie. Pour ce qui est des quarts substituts, ils proviennent en grande partie d'ailleurs que des Maritimes. En d'autres mots, les quarts originaires des Maritimes ne sont pas assez bons pour jouer au niveau universitaire. Tant qu'à y être, si les quarts ontariens s'expatrient dans les Maritimes, est-ce parce qu'ils ne sont pas de calibre pour jouer en Ontario? Pas tous, mais il y a fort à parier que certains ont quitté l'Ontario pour avoir une chance de jouer à l'université.

Et Saint-Mary's? Les Huskies terrorisent les autres équipes de l'Altantique et du Canada avec deux conquêtes de la coupe Vanier et deux présences en finale au cours des cinq dernières années. C'est justement ça le problème. Pendant quatre ou cinq ans, tous les bons joueurs sont allés étudier à SMU, les trois autres institutions s'arrachant les joueurs qui ne veulent pas aller à SMU.

Mais cette situation ne dure jamais éternellement. Que se passe-t-il quand les jeunes pensent être incapables de percer l'alignement d'une équipe comme les Huskies? Ils vont ailleurs. Pour le monent, Acadia a recommencé à recruter les meilleurs joueurs. Dans une ou deux saisons, ils seront au sommet dans l'Atlantique, les trois autres vont s'arracher les autres joueurs. Ensuite, ce sera au tour de Mount Allison… et ensuite au tour de StFX. Etc, etc, etc.