"Nous avons réussi à créer un sentiment d'appartenance"
Universitaires mardi, 27 nov. 2001. 16:44 dimanche, 15 déc. 2024. 03:28
(RDS) - Depuis sa conquête de la coupe Vanier en 1999, le club de football du Rouge et Or de l'Université Laval attire des foules record au football universitaire canadien. L'année dernière, quelques 60 000 personnes ont franchi les tourniquets. Cette année, le Rouge et Or a attiré 80 522 spectateurs. Les bonnes performances du club sur le terrain sont-elles les seules raisons qui expliquent ce succès?
Oui et non répondra Jacques Tanguay, président du club depuis sa fondation en 1995. "La reconnaissance du club a été quintuplée quand on a gagné la coupe Vanier, mais les bonnes foules ne sont pas uniquement dues aux bonnes performances de l'équipe sur le terrain. Nous avons rencontré notre objectif de base, c'est-à-dire créer un sentiment d'appartenance entre les étudiants et leur club", croit Monsieur Tanguay.
"Notre principe est simple. Nous voulons amener le plus de gens possibles, et surtout les étudiants, à s'identifier à leur club de football. Nous ne voulons par contre pas que l'attachement soit uniquement relié à la victoire et la défaite, mais bien à l'enthousiasme d'encourager un club universitaire. Quand tu étudies à Laval, tu dois t'impliquer sur ton campus si tu veux avoir du plaisir. C'est ce que nous avons voulu créer et je crois que depuis trois ou quatre ans, nous avons réussi notre objectif de base. L'équipe "appartient" aux étudiants et ils en sont fiers. Tant et aussi longtemps que l'on pourra garder cette fièvre, le Rouge et Or sera un succès", poursuit-il.
La contribution des athlètes
Pour contribuer aux succès de l'équipe de football, Jacques Tanguay compte également sur la collaboration des autres athlètes du programme sportif du Rouge et Or : "À chaque partie de football, plus de 250 athlètes des autres programmes - soccer, natation, basketball, volleyball, baseball, etc. - agissent comme bénévole. Ils peuvent travailler à la sécurité, dans les différents kiosques, à l'accueil etc. Ils ne sont pas payés mais chaque athlète en profite puisque les recettes sont redistribuées aux autres équipes sportives du Rouge et Or. Ici, le football n'est pas plus important que les autres sports. Il ne reçoit que plus de visibilité, de notoriété et de spectateurs. Le club de football doit devenir une locomotive pour tout le développement du programme sportif du Rouge et Or. D'ailleurs je crois que cette synergie s'installe puisque les autres équipes du programme sportif voient plus de personnes assister à leurs matchs à domicile", pense le président du Rouge et Or.
L'implication des partenaires financiers
Les athlètes du Rouge et Or ne sont pas les seuls à aider l'équipe de football. En fait, la communauté des affaires de la région de Québec s'est grandement impliquée dans le projet dès les premiers balbutiements de l'équipe. "Nous avons des partenaires, et non des commanditaires, qui sont là depuis la première heure et qui se sont joints à nous sur un geste de foi. Pourtant à l'époque, nous n'avions rien : pas de terrain, pas d'équipe. Le développement de l'équipe s'est fait selon nos moyens année après année. L'entreprise privée a investi beaucoup au niveau des infrastructures et l'Université, par le truchement de Gilles d'Ambroise, directeur du Peps, a également été d'un support extraordinaire pour créer un environnement où l'on pourrait installer des installations permanentes pour le football", explique Jacques Tanguay.
Dans les premières années, Tanguay comptait dans ses rangs quatorze partenaires corporatifs, un nombre qui atteint maintenant 24, limite maximale fixée par Tanguay. Pour ce dernier, l'implication, financière et autre, des partenaires dans le Rouge et Or doit être une implication sociale intéressante, un loisir et non un fardeau. L'équipe doit être leur bébé et les partenaires doivent nécessairement se sentir impliqués dans l'équipe pour que l'objectif soit atteint. D'ailleurs, les dirigeants des 24 compagnies impliquées dans l'équipe siègent au conseil d'administration. Selon Tanguay, cet objectif a été bel et bien atteint et c'est une autre des raisons qui expliquent les succès de l'équipe.
Un succès collectif
Depuis 1995, Tanguay et son équipe de partenaires semblent avoir réussi à développer, en plus d'un succès sur le terrain, un succès communautaire dans la région de Québec. L'entraide entre les gens de Québec contribue également au succès du Rouge et Or. Tanguay illustre cet esprit communautaire avec un exemple frappant : "Nous avons attendu la construction du stationnement du Centre hospitalier de l'Université Laval (CHUL) pour construire la dernière partie de notre stade. Nous avons pris la terre du stationnement et nous en avons fait notre butte. Tout le monde a été gagnant dans ce projet. Le CHUL a sauvé beaucoup d'argent en n'envoyant pas cette terre à l'extérieur de Québec. De notre côté, si nous n'avions pas pris la terre du CHUL et si nous avions demandé à un contracteur de nous construire un stade, la facture aurait probablement grimpé à trois ou quatre millions de dollars. Nous avons un magnifique stade de 10 200 places assises et le club n'a pas de dette puisque nous avons reçu l'aide de tous pour le construire. De plus, tout ce qui est construit ici reste en patrimoine à l'Université et pourra servir pendant des années. Avec un peu d'effort et en s'impliquant, pas juste au niveau monétaire, on peut faire quelque chose de bien", raconte Tanguay.
"Nous avons construit ce stade pour la communauté. Ç'aurait été irréaliste pour nous de construite un tel stade pour six parties de football du Rouge et Or. Nous avons construit ce stade pour que plusieurs équipes autres que l'équipe de football puissent pratiquer leur sport préféré. Les équipes de soccer de l'Université, l'équipe de football du Cégep FX Garneau jouent sur ce terrain. Il y a également une foule d'activités estivales qui sont organisées sur le terrain", indique Tanguay.
Implication naturelle
Pour ce dernier, l'implication du monde des affaires était toute naturelle : "L'université voulait une équipe de football, mais ses priorités financières étaient ailleurs. Mais d'un autre côté, l'université ne voulait pas laisser tomber l'aspect sportif. Les installations sportives du Peps sont parmi les meilleures dans l'est du Canada. C'est naturel que les gens d'affaires dans une ville comme Québec s'impliquent dans leur centre universitaire et les gens de Laval ont très bien accueilli cette implication. Mais l'équipe demeure propriété de l'université et ça ne doit pas devenir une entreprise. On s'est donc assuré d'avoir les personnes les plus responsables à l'université pour encadrer le club. Gilles d'Ambroise s'implique au maximum dans le club de football, comme il le fait avec les autres équipes du programme. Gilles s'assure de garder cet esprit universitaire autour de l'équipe. C'est également ma volonté", raconte Tanguay.
L'influence sur les autres équipes
Pendant que le Rouge et Or évolue devant des foules de plus de 10 000 personnes, les autres équipes du Québec attirent beaucoup moins de spectateurs à leurs matchs locaux. Jacques Tanguay refuse de comparer les Laval et les autres : "Je ne dirais pas que McGill, Concordia et Bishop's sont moins bien supportées que nous. Ces équipes le sont autant mais ils sont plutôt aidés par les anciens de l'équipe, qui font des dons. C'est le principe américain. Nous n'avions pas cette tradition à Laval. Nous avons dû partir sur d'autres bases et nous sommes partis sur celles que l'on connaît à l'heure actuelle. Dans 20 ans, probablement que les anciens du Rouge et Or vont s'impliquer plus activement dans l'équipe, mais on va toujours essayer de conserver ce coté "merchandising" autour de l'équipe. Les autres équipes s'adaptent également à la nouvelle réalité. Il y a plus de monde maintenant à Mcgill et Concordia. Avant, ils jouaient devant 1000 personnes et ils se contentaient de ça. Je suis convaincu qu'ils aimeraient jouer devant des foules de 10 000 personnes et ils vont travailler en conséquence", croit le président du Rouge et Or.
"Nous n'avons pas inventé la roue, nous sommes partis d'une base qui existait depuis longtemps et on y a apporté quelques améliorations. La pensée de base était : comment faire une activité qui sera soutenue beau temps mauvais temps par le milieu des affaires pendant des années. Si on avait voulu maximiser les commanditaires, aujourd'hui ce club vaudrait sûrement une fortune pour les commanditaires. Nous avons donc réussi à assurer la stabilité et non la fortune", affirme M. Tanguay.
Les Carabins
Les Carabins de l'Université de Montréal feront leur entrée dans le circuit universitaire québécois la saison prochaine. Les Carabins imiteront-ils le "modèle" développé par Tanguay et son équipe? "Tout comme nous, les gens des Carabins veulent de bien-être de leur équipe. Ils sont venus nous voir à quelques reprises pour voir nos méthodes. Je suis sûr qu'on va s'aider, hors du terrain bien sûr, car nous avons le même objectif. Si les Carabins décident que nos idées sont également bonnes pour eux, nous en seront très fiers", conclut Jacques Tanguay.
Oui et non répondra Jacques Tanguay, président du club depuis sa fondation en 1995. "La reconnaissance du club a été quintuplée quand on a gagné la coupe Vanier, mais les bonnes foules ne sont pas uniquement dues aux bonnes performances de l'équipe sur le terrain. Nous avons rencontré notre objectif de base, c'est-à-dire créer un sentiment d'appartenance entre les étudiants et leur club", croit Monsieur Tanguay.
"Notre principe est simple. Nous voulons amener le plus de gens possibles, et surtout les étudiants, à s'identifier à leur club de football. Nous ne voulons par contre pas que l'attachement soit uniquement relié à la victoire et la défaite, mais bien à l'enthousiasme d'encourager un club universitaire. Quand tu étudies à Laval, tu dois t'impliquer sur ton campus si tu veux avoir du plaisir. C'est ce que nous avons voulu créer et je crois que depuis trois ou quatre ans, nous avons réussi notre objectif de base. L'équipe "appartient" aux étudiants et ils en sont fiers. Tant et aussi longtemps que l'on pourra garder cette fièvre, le Rouge et Or sera un succès", poursuit-il.
La contribution des athlètes
Pour contribuer aux succès de l'équipe de football, Jacques Tanguay compte également sur la collaboration des autres athlètes du programme sportif du Rouge et Or : "À chaque partie de football, plus de 250 athlètes des autres programmes - soccer, natation, basketball, volleyball, baseball, etc. - agissent comme bénévole. Ils peuvent travailler à la sécurité, dans les différents kiosques, à l'accueil etc. Ils ne sont pas payés mais chaque athlète en profite puisque les recettes sont redistribuées aux autres équipes sportives du Rouge et Or. Ici, le football n'est pas plus important que les autres sports. Il ne reçoit que plus de visibilité, de notoriété et de spectateurs. Le club de football doit devenir une locomotive pour tout le développement du programme sportif du Rouge et Or. D'ailleurs je crois que cette synergie s'installe puisque les autres équipes du programme sportif voient plus de personnes assister à leurs matchs à domicile", pense le président du Rouge et Or.
L'implication des partenaires financiers
Les athlètes du Rouge et Or ne sont pas les seuls à aider l'équipe de football. En fait, la communauté des affaires de la région de Québec s'est grandement impliquée dans le projet dès les premiers balbutiements de l'équipe. "Nous avons des partenaires, et non des commanditaires, qui sont là depuis la première heure et qui se sont joints à nous sur un geste de foi. Pourtant à l'époque, nous n'avions rien : pas de terrain, pas d'équipe. Le développement de l'équipe s'est fait selon nos moyens année après année. L'entreprise privée a investi beaucoup au niveau des infrastructures et l'Université, par le truchement de Gilles d'Ambroise, directeur du Peps, a également été d'un support extraordinaire pour créer un environnement où l'on pourrait installer des installations permanentes pour le football", explique Jacques Tanguay.
Dans les premières années, Tanguay comptait dans ses rangs quatorze partenaires corporatifs, un nombre qui atteint maintenant 24, limite maximale fixée par Tanguay. Pour ce dernier, l'implication, financière et autre, des partenaires dans le Rouge et Or doit être une implication sociale intéressante, un loisir et non un fardeau. L'équipe doit être leur bébé et les partenaires doivent nécessairement se sentir impliqués dans l'équipe pour que l'objectif soit atteint. D'ailleurs, les dirigeants des 24 compagnies impliquées dans l'équipe siègent au conseil d'administration. Selon Tanguay, cet objectif a été bel et bien atteint et c'est une autre des raisons qui expliquent les succès de l'équipe.
Un succès collectif
Depuis 1995, Tanguay et son équipe de partenaires semblent avoir réussi à développer, en plus d'un succès sur le terrain, un succès communautaire dans la région de Québec. L'entraide entre les gens de Québec contribue également au succès du Rouge et Or. Tanguay illustre cet esprit communautaire avec un exemple frappant : "Nous avons attendu la construction du stationnement du Centre hospitalier de l'Université Laval (CHUL) pour construire la dernière partie de notre stade. Nous avons pris la terre du stationnement et nous en avons fait notre butte. Tout le monde a été gagnant dans ce projet. Le CHUL a sauvé beaucoup d'argent en n'envoyant pas cette terre à l'extérieur de Québec. De notre côté, si nous n'avions pas pris la terre du CHUL et si nous avions demandé à un contracteur de nous construire un stade, la facture aurait probablement grimpé à trois ou quatre millions de dollars. Nous avons un magnifique stade de 10 200 places assises et le club n'a pas de dette puisque nous avons reçu l'aide de tous pour le construire. De plus, tout ce qui est construit ici reste en patrimoine à l'Université et pourra servir pendant des années. Avec un peu d'effort et en s'impliquant, pas juste au niveau monétaire, on peut faire quelque chose de bien", raconte Tanguay.
"Nous avons construit ce stade pour la communauté. Ç'aurait été irréaliste pour nous de construite un tel stade pour six parties de football du Rouge et Or. Nous avons construit ce stade pour que plusieurs équipes autres que l'équipe de football puissent pratiquer leur sport préféré. Les équipes de soccer de l'Université, l'équipe de football du Cégep FX Garneau jouent sur ce terrain. Il y a également une foule d'activités estivales qui sont organisées sur le terrain", indique Tanguay.
Implication naturelle
Pour ce dernier, l'implication du monde des affaires était toute naturelle : "L'université voulait une équipe de football, mais ses priorités financières étaient ailleurs. Mais d'un autre côté, l'université ne voulait pas laisser tomber l'aspect sportif. Les installations sportives du Peps sont parmi les meilleures dans l'est du Canada. C'est naturel que les gens d'affaires dans une ville comme Québec s'impliquent dans leur centre universitaire et les gens de Laval ont très bien accueilli cette implication. Mais l'équipe demeure propriété de l'université et ça ne doit pas devenir une entreprise. On s'est donc assuré d'avoir les personnes les plus responsables à l'université pour encadrer le club. Gilles d'Ambroise s'implique au maximum dans le club de football, comme il le fait avec les autres équipes du programme. Gilles s'assure de garder cet esprit universitaire autour de l'équipe. C'est également ma volonté", raconte Tanguay.
L'influence sur les autres équipes
Pendant que le Rouge et Or évolue devant des foules de plus de 10 000 personnes, les autres équipes du Québec attirent beaucoup moins de spectateurs à leurs matchs locaux. Jacques Tanguay refuse de comparer les Laval et les autres : "Je ne dirais pas que McGill, Concordia et Bishop's sont moins bien supportées que nous. Ces équipes le sont autant mais ils sont plutôt aidés par les anciens de l'équipe, qui font des dons. C'est le principe américain. Nous n'avions pas cette tradition à Laval. Nous avons dû partir sur d'autres bases et nous sommes partis sur celles que l'on connaît à l'heure actuelle. Dans 20 ans, probablement que les anciens du Rouge et Or vont s'impliquer plus activement dans l'équipe, mais on va toujours essayer de conserver ce coté "merchandising" autour de l'équipe. Les autres équipes s'adaptent également à la nouvelle réalité. Il y a plus de monde maintenant à Mcgill et Concordia. Avant, ils jouaient devant 1000 personnes et ils se contentaient de ça. Je suis convaincu qu'ils aimeraient jouer devant des foules de 10 000 personnes et ils vont travailler en conséquence", croit le président du Rouge et Or.
"Nous n'avons pas inventé la roue, nous sommes partis d'une base qui existait depuis longtemps et on y a apporté quelques améliorations. La pensée de base était : comment faire une activité qui sera soutenue beau temps mauvais temps par le milieu des affaires pendant des années. Si on avait voulu maximiser les commanditaires, aujourd'hui ce club vaudrait sûrement une fortune pour les commanditaires. Nous avons donc réussi à assurer la stabilité et non la fortune", affirme M. Tanguay.
Les Carabins
Les Carabins de l'Université de Montréal feront leur entrée dans le circuit universitaire québécois la saison prochaine. Les Carabins imiteront-ils le "modèle" développé par Tanguay et son équipe? "Tout comme nous, les gens des Carabins veulent de bien-être de leur équipe. Ils sont venus nous voir à quelques reprises pour voir nos méthodes. Je suis sûr qu'on va s'aider, hors du terrain bien sûr, car nous avons le même objectif. Si les Carabins décident que nos idées sont également bonnes pour eux, nous en seront très fiers", conclut Jacques Tanguay.