« Ce qui est difficile à avaler aussi, c’est l’incohérence »
Universitaire mardi, 15 sept. 2020. 08:00 mardi, 15 sept. 2020. 12:16MONTRÉAL – Les mois d’incertitude reliés à la pandémie avaient déjà fait perdre une poignée de joueurs à Glen Constantin. Le pilote du Rouge et Or de l’Université Laval craint malheureusement d’en échapper quelques autres avec la dernière pilule à avaler.
Disons-le tout de suite, elle passe de travers dans la gorge de l’entraîneur d’expérience. Après s’être accrochées à l’espoir, les équipes universitaires québécoises ont appris que les efforts avaient été vains. La saison 2020 a été rayée du portrait puisque trop d’enjeux compliquaient sa tenue.
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« Beaucoup de déception évidemment. Pour nous, les entraîneurs, et encore plus pour les joueurs. Ils ont travaillé très fort cet été malgré l’incertitude. La déception est aussi grande ou plus grande même étant donné qu’on y a cru jusqu’à la fin », a réagi Constantin à quelques médias dont RDS.
« Ce qui est difficile à avaler aussi, c’est l’incohérence dans le sens que le football civil qui pouvait jouer et le football collégial aussi. Je ne pense pas que la COVID-19 peut discriminer entre le collégial et l’université, le civil et le scolaire. Pour moi, c’est la chose un peu frustrante. Mais on va respecter la décision », a-t-il ajouté alors que sa frustration était palpable.
Le grand manitou du Rouge et Or était persuadé qu’un compromis aurait tenu la route.
« Je pense que, au minimum, on aurait pu jouer des matchs hors-concours ou même des pratiques simulées. Ce qui est ironique, c’est que le reste du Canada a pris la décision de ne pas jouer (plus rapidement), mais ils vont jouer des matchs hors-concours, c’est un peu le monde à l’envers », a-t-il tenu à préciser.
Pendant que Constantin se préparait – en dépit de restrictions - à diriger le Rouge et Or pour une énième saison, Marco Iadeluca devait vivre sa première année aux commandes des Carabins de l’Université de Montréal. Sans même être dans ses souliers, on s’imagine avoir la mine basse pendant au moins une soirée ou deux.
« C’est sûr que c’est extrêmement décevant de ne pas pouvoir participer à des matchs. On s’entraîne pendant une année pour ça. Mais on vit une situation hors de l’ordinaire et un peu nouvelle pour tout le monde. C’est un enjeu médical et la santé de nos athlètes passera toujours en premier. Si notre équipe de direction et de médecins a décidé que ce n’était pas sécuritaire de le faire, on respecte la décision », a commenté le nouveau pilote des Bleus.
Une crainte au sujet de quelques joueurs
Pour plusieurs étudiants-athlètes, l’attachement sportif accomplit de petits miracles académiques. Certes, la COVID-19 bouscule tout sur son passage, mais on ne peut s’empêcher de songer aux conséquences néfastes de la perte du sport pour quelques joueurs.
« C’est sûr qu’il y a une petite inquiétude. Le football aide les gars à rester motivés dans leurs études, mais la plupart des joueurs prennent leurs études au sérieux. Il y a toujours une crainte que des gars trouvent des temps libres pour faire autre chose en l’absence d’une saison. Ils perdent un peu l’intérêt pour le sport. C’est pour cette raison qu’à partir de ce soir (lundi soir), on va commencer à discuter avec eux pour voir quels plans on peut mettre en place pour s’assurer qu’ils ne perdent pas la motivation et qu’ils restent attachés au football et à notre équipe en gardant les études en tête », a témoigné Iadeluca avec franchise.
Ce sujet a également touché une corde sensible chez Constantin, ce ne sera pas évident de maintenir l’intérêt de ses protégés.
« Ce sera le plus grand défi pour moi, on en a parlé avec les entraîneurs. On s’attendait au moins aux pratiques et aux matchs simulés. On avait songé à un calendrier avec des activités en milieu de semaine pour permettre aux joueurs de retourner à la maison le week-end », a décrit Constantin.
Les prochains jours et prochaines semaines permettront d’élaborer de petites consolations.
« Il faut que les gars gèrent leur déception. On va les rencontrer ensuite pour savoir ce qu’ils sont prêts à faire. On a déjà perdu quatre ou cinq joueurs en raison de l’incertitude. Certains ont choisi de plus s’investir dans le travail ou les études et il y en aura sûrement d’autres », a ciblé Constantin.
Dans le camp des Carabins, quelques scénarios ont été soulevés depuis deux semaines.
« On a l’intention de continuer à pratiquer, c’est certain. Est-ce qu’on va créer des compétitions dans nos pratiques comme des matchs intra-équipes ? On va en discuter », a noté Iadeluca.
Transmettre sa passion aux jeunes
L’injustice aurait été encore plus grande si cette décision avait mené à la fin de la carrière des joueurs qui écoulent leur dernière année d’admissibilité. Le mécontentement manifesté publiquement a poussé USports à accorder une année supplémentaire à ces athlètes.
Cela dit, bien des joueurs risquent de ne pas se prévaloir de cet ajustement pour de multiples motifs comme celui de ne pas échapper une ouverture sur le marché du travail. On doit aussi se demander ce qui adviendra des joueurs qui devaient être admissibles au repêchage de la LCF après la saison 2020.
Redha Kramdi, un prometteur demi défensif, appartient justement à cette catégorie.
« C’est sûr qu’on est déçus de la décision qui a été prise, c’est difficile à avaler, mais je crois qu’ils ont pris le temps de prendre la décision adéquate par rapport à la situation actuelle. Je suis quand même compréhensif », a-t-il d’abord prononcé.
« Avec l’annulation de la saison, il faudra évaluer de nouveau la situation. Mon but premier demeure de jouer professionnel. Après, il faut savoir ce qui se passera avec le repêchage de la LCF, on ne sait pas s’il sera repoussé... », a ajouté Kramdi qui ne peut pas déterminer s’il utilisera cet amendement.
Alors que la pandémie a frappé très fort à plusieurs niveaux, elle a également provoqué quelques initiatives positives. Ainsi, Kramdi a ajouté un cinquième cours à sa session aux HEC et il partagera sa passion aux plus jeunes.
« Le directeur des sports m’a engagé à mon ancienne école secondaire, Dalbé-Viau (à Lachine). Je suis surveillant et je vais coacher au niveau cadet. Je pourrai transposer ma passion dans le coaching et je vais m’assurer qu’ils comprennent qu’ils sont chanceux d’être sur le terrain », a dit Kramdi avec une conclusion à propos.