Marc Santerre peut maintenant pousser un énorme soupir de soulagement. Les Carabins de l'Université de Montréal ont finalement battu le Rouge et Or de l'Université Laval sur leur terrain pour la première fois de leur histoire.

Il y a quelques années, lorsque les Carabins avaient vaincu le Rouge et Or sur leur terrain par la marque de 14-13, quelques amateurs avaient relativisé la victoire des Bleus en raison de la nette domination du Rouge et Or au niveau statistique. Et avec raison.

Cette fois, il sera difficile de dire qu'il ne s'agit pas d'une vraie victoire. Certes, le Rouge et Or n'est pas allé à la guerre avec tous ses éléments (dont Pierre-Luc Yao). Et si Yao avait joué, Laval aurait peut-être gagné. Et si Benoît Groulx avait joué tout le match, Laval aurait peut-être gagné. Et si le vent n'avait pas soufflé aussi fort, Laval aurait peut-être gagné.

Ah, les fameux SI. Les SI, c'est pour les journalistes et les amateurs. Les joueurs de football n'utilisent pas les SI pour expliquer une victoire ou une défaite.

On dit souvent qu'au football, un seul jeu peut changer l'allure d'un match. Surtout quand l'écart entre les deux équipes est de cinq points.

Ce jeu, il est survenu à la fin du quatrième quart, un jeu qui a fait en sorte que le match voulait soudainement dire quelque chose. Et soudainement, tout ce qui s'était passé auparavant avait été oublié.

Rappelons les faits. Avec un peu plus d'une minute à faire, Joseph Mroué est victime d'un échappé à sa ligne de 26, permettant au Rouge et Or de reprendre le ballon en excellente position. Déjà assuré du championnat, le Rouge et Or, comme je l'ai indiqué un peu plus haut, n'a pas utilisé tous ses éléments. Donc, pour le Rouge et Or, le résultat du match était beaucoup moins important que celui contre les Stingers il y a deux semaines.

Mais tout a changé quand Mroué a perdu possession du ballon. Dans les circonstances, le Rouge et Or a tout tenté pour gagner le match et porter un autre solide coup à la mâchoire des Carabins. Quand l'occasion se présente ainsi sur un plateau d'argent, on ne peut pas ne pas vouloir en profiter.

Le Rouge et Or a bougé le ballon jusqu'à la porte des buts. Mais il s'est buté à la défensive des Carabins lors de leurs trois essais suivants. Quand Jean-François Vibert a rabattu Samuel Fournier au sol sur le troisième essai, on a senti qu'une tonne de pression venait de s'envoler des épaules des joueurs des Carabins.

Sur les lignes de côté, la tension était palpable. Lors de cette poussée de dernière minute du Rouge et Or, Olivier Pellerin et Yves Bériault ne voulaient même pas regarder le jeu, demandant même un confrère journaliste de leur décrire ce qui se passait sur le terrain.

« Pour le moment, j'estime qu'il s'agit du plus gros jeu de ma carrière avec les Carabins. Mais il reste encore les éliminatoires. Donc, j'espère avoir la chance d'en réaliser d'autres gros jeux de la sorte », a déclaré Vibert après la victoire.

« Cette victoire est des plus importantes pour nous. Si vous avions perdu, nous aurions peut-être entamé les éliminatoires avec un niveau de confiance inférieur. Là, nous pouvons bâtir sur cette victoire pour augmenter la confiance. On vient de battre la meilleure équipe au Canada à domicile tout juste avant le début des séries et dans les circonstances que l'on connaît. Je l'avais dit il y a quelques semaines, mais je vais le répéter : le train est en marche et il n'arrêtera pas », de poursuivre le joueur de ligne défensive.

S'il avait fallu que la défensive des Carabins permette au Rouge et Or de profiter de cette chance et de se sauver avec la victoire avec 14 secondes à écouler au cadran, le coup aurait fait mal, très mal. Surtout entre les deux oreilles. Échapper la victoire quand on est aussi près du but, c'est difficile à oublier. Pis encore, ça laisse un doute dans la tête. Dans le sport, il ne faut jamais douter. Maintenant, le doute est dissipé.

Pour le Rouge et Or, cette défaite ne changera probablement pas grand-chose. Les joueurs de Glen Constantin savent qu'ils peuvent battre les Carabins (ils l'ont fait si souvent).

Mais pour les hommes de Marc Santerre, ce gain pourrait faire toute la différence du monde.

En terminant, je souhaite bonne chance aux quatre équipes du Québec qui amorceront la ronde éliminatoire la semaine prochaine.