UTICA, New York – Le père a joué 14 saisons dans la Ligue nationale. Ses deux plus jeunes fils ont été sélectionnés en première ronde au repêchage de la LNH tandis que l’autre est entraîneur dans un programme AAA de la région de Chicago. Et voilà que l’unique fille de la fratrie, après cinq saisons en NCAA, tente de faire sa place dans la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin.

À quel point les Perreault aiment-ils le hockey? L’été dernier, Liliane et ses frères Gabriel et Jacob, qui appartiennent respectivement aux Rangers de New York et aux Ducks d’Anaheim, sont venus passer de courtes vacances en Estrie pour visiter la famille élargie. Ils ont meublé leur horaire en s’inscrivant dans un tournoi de style « À bout de souffle ».

« C’est juste ça qu’on fait! », s’esclaffe Liliane Perreault en secouant la tête quand on lui demande s’il leur arrive, à ses frères et à elle, de décrocher et de faire autre chose de leur vie.

Perreault est née à l’époque où son père Yanic jouait pour les Maple Leafs de Toronto, mais elle a grandi en banlieue de Chicago. Elle a commencé son parcours athlétique en s’initiant au patinage artistique, puis s’est laissée attirer vers le hockey en voyant ses frères suivre les traces du paternel.

« Il y a une année où j’ai fait les deux, mais à un moment donné mon père m’a demandé de choisir parce que ça commençait à être difficile de ne rien manquer avec quatre enfants. J’ai choisi le hockey. »

Les Perreault sont un clan tissé serré. Les plus vieux souvenirs que Liliane garde de sa relation avec ses frères n’en sont pas de bisbille et de jalousie, mais d’entraide et d’encouragement. À ce jour, les quatre s’entraînent ensemble entre leurs saisons respectives. Sur la glace, pas de passe-droit ni de tricherie. « Ça m’aide à rester dans le beat », apprécie la grande sœur.

En saison, les retrouvailles sont plus difficiles. Liliane a passé les cinq dernières années à l’Université Mercyhurst, en Pennsylvanie. Quand Gabriel évoluait au programme de développement américain, elle prenait régulièrement la route pour lui rendre visite, ce qu’elle n’a pas encore eu l’occasion de faire depuis qu’il est entré à Boston College. Sans se faire prier, elle a aussi profité de la présence de Jacob avec le club-école des Ducks pour visiter la Californie.

Yanic, qui a joué pour le Canadien de 2001 à 2004, a été son mentor sportif. « Tous mes trucs, tout ce que j’ai appris, c’est mon père, dit l’attaquante de 23 ans. Après mes matchs, j’aime l’appeler et lui demander du feedback parce que je sais qu’il va être honnête avec moi. En même temps, il n’est jamais too much, il ne me met jamais trop de pression. »

Dans l’ombre, il y a July, la matriarche. Les grands yeux verts de Liliane s’illuminent lorsqu’elle parle de l’implication de sa mère dans son parcours athlétique et celui de ses frères.

« Ma mère nous suit partout et elle s’occupe de nous. Elle vient toujours voir nos matchs. Elle cuisine toujours nos repas d’avant-match, prépare nos boissons protéinées, s’assure qu’on prenne nos vitamines. Sans elle, ça n’aurait pas tenu. C’est elle qui a rendu ça possible. » 

Liliane Perreault a disputé 160 matchs pour les Lakers de Mercyhurst. Elle a joué sa dernière saison avec le « C » du capitaine brodé sur son maillot et a quitté le campus avec deux diplômes, le premier en médecine sportive et l’autre en leadership organisationnel. Elle n’est toutefois pas pressée de tester leur valeur sur le marché du travail. Tant qu’elle le pourra, c’est au hockey qu’elle veut d’abord faire carrière.

Durant l’été, elle s’est notamment entraînée avec Savannah Harmon, Jesse Compher et Kendall Coyne Schofield, des joueuses de l’équipe nationale américaine qui compteront parmi les têtes d’affiche de la LPHF. Quant à elle, après avoir été ignorée au repêchage, elle a accepté une invitation pour participer au camp de l’équipe d’Ottawa. C’est là qu’elle sentait qu’elle aurait les meilleures chances de survivre aux coupes.

On l’a vu dans les premiers matchs préparatoires organisés cette semaine à Utica, l’écart peut être grand entre une recrue qui sort des rangs universitaires et une joueuse plus expérimentée qui a l’expérience au niveau international. Mais Perreault assure qu’elle se sent à sa place. « Honnêtement, avec ma vitesse, je trouve que l’ajustement s’est fait facilement. Mes mains, tout ça, c’est quelque chose que je pratique beaucoup et c’est important à ce niveau-là. Je travaille fort pour prendre mes décisions plus rapidement, mais avec le temps ça va venir plus naturellement. » 

Si elle arrive à s’accrocher, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle y reçoive la visite. Même la famille au Québec pourra plus facilement se déplacer.

On vous l’a dit, les Perreault sont un clan tissé serré.