Nous sommes dimanche en fin d'après-midi et vous remportez plus de 200 000 $ CAD. Que faites-vous? L'heure est à la fête? On s'assure de prendre congé pour le lendemain, et pourquoi pas toute la semaine? Pas si vous vous appelez Jean-Pascal Savard! Même un cinquième de million plus riche en l'espace d'une journée, ce dernier est catégorique. Le plaisir attendra, car «j'ai un élève de poker en soirée, puis de l'école demain». Quand on dit que le succès au poker arrive aux plus sérieux et disciplinés, on peut vite comprendre celui connu par Savard ces derniers mois!

Le nom vous dit quelque chose? C'est certainement le cas si vous avez suivi nos rapports quotidiens sur les séries mondiales de poker lors des deux derniers étés.  Savard s'est d'abord illustré avec trois scores plutôt qu'un en 2013, alors qu'il était jusque-là inconnu du grand public. Mieux encore, il y est allé de cinq performances dans l'argent lors de la plus récente édition. Seul Jason Hallée a connu un nombre aussi élevé de performances dans l'argent parmi la délégation québécoise.

PrincePoker a eu l'opportunité de s'entretenir avec Jean-Pascal suite à son plus large gain en carrière. Voici ce qu'il avait à nous partager.

«C'est une victoire qui fait beaucoup de bien, surtout je sortais d'une mauvaise semaine... Depuis mon retour de Vegas, je joue des buy-ins beaucoup plus élevés et les swings sont plus intenses, mais j'aime beaucoup cela. J'en étais à environ 50 000 $ de downswing, ce qui n'est vraiment pas 'énorme' en réalité pour moi, dont presque 30 000 $ perdus juste mardi et mercredi dernier, qui étaient mes deux dernières sessions avant samedi (jour 1). Jeudi, aux petites heures du matin, ma sœur a accouché d'une petite fille dont je suis le parrain, je me disais que peut-être cela allait changer ma luck, malgré que je ne sois pas vraiment superstitieux..! Malgré que je sois très content, je n'ai pas le temps de célébrer tout de suite, j'ai des élèves à coacher pour le restant de la soirée et de l'école demain.. »

Ces tournois font la plupart du temps l'objet d'ententes avant l'obtention d'un vainqueur. Pourtant, cette fois, Savard profite de la totalité de la somme du vainqueur. Une entente a-t-elle été discutée?

«[Oui.] Moment plutôt cocasse lorsqu'on a commencé à parler de deal, 3-handed. Le gars à ma droite voulait donner de l'argent à l'autre pour arriver à un deal mais pas à moi. Je me suis vite interposé pour demander qu'il me donne la même somme qu'à l'autre. Il a refusé en disant que l'autre était meilleur.. Je ne sais pas quelle table il a regardée, car j'étais hyper agressif et en plein contrôle de la table. Bref, j'ai refusé tout deal qui ne me donnait pas 5% de plus que le chop, et le jeu a repris. J'ai fini heads-up contre le joueur plus faible et malgré que ça ait duré un petit bout (je jouais assez exploitable et gardais les pots petits considérant mon avantage, donc le small-ball se traduit toujours par de plus longs duels). ».

Un tournoi s'accompagne généralement d'au moins un point tournant marquant. Qu'en fut-il pour Jean-Pascal? Ce dernier se souvient de cette main précise qui l'a propulsé au classement:

«Vers la table finale, j'ai call un squeeze du chip-leader. Le joueur au hijack ouvre, je flat, le gros blind squeeze, le hijack fold, et je call avec 44 car on est super deep et son sizing est small. Flop dix high arc-en-ciel et je m'attends à ce qu'il C-bet fréquemment donc je le call sur sa petite mise. Le tournant me donne une gutshot et il check. Je mise environ 20-25% du pot pour protéger ma main contre AK et m'assurer de pouvoir check back river et moins perdre contre des mains comme JJ+. De plus, je ne m'attends pratiquement jamais à me faire check-raiser étant donné que j'ai tous les sets dans mon range et pas lui. J'ai complété la gutshot sur la rivière et il a checké, ce qui m'a permis d'y aller pour une thick-sized value bet qu'il a payé avec JJ.»

Est-ce que cette victoire signifie des changements importants pour le jeune homme, dans sa vie comme aux tables? Il affirme que non. «Cette victoire est simplement un bonus pour moi, mon but était d'ici la fin de 2014 de continuer de grinder les 6-max hyper high stakes pour atteindre supernova elite, ce que je devrais accomplir assez aisément.»

Côté finance, Savard désire acquérir une première propriété à l'été prochain, alors il vient surtout de trouver des liquidités importantes pour le faire. Pas de dépense folle majeure à l'horizon donc!

Félicitations à Jean-Pascal. Parions que nous n'avons pas terminé d'entendre parler de lui parmi la communauté québécoise de joueurs.

Les WCOOP  de PokerStars se poursuivent jusqu'à dimanche prochain, alors que plus de vingt tournois restent encore à être disputés! Voyez le calendrier complet ici.