Depuis l’annonce de sa retraite en 2006, Marquis Grissom se dédie principalement à insuffler confiance aux jeunes défavorisés par l’entremise de son association de baseball. C’est avec autant d’optimisme qu’il se présentera sous peu à Montréal où il croit que l’amour de sa vie peut renaître.

D’aussi loin que le sympathique voltigeur de centre puisse se rappeler, son existence a toujours été associée au baseball. Il n’a donc pas été difficile de le convaincre de revenir à Montréal pour mousser l’intérêt de la ville à un retour éventuel du baseball majeur et à un hommage de l’édition 1994 des Expos.

« J’ai vraiment hâte d’être de retour et je suis excité à l’idée de revoir le groupe dont Felipe (Alou) et Pedro (Martinez) en particulier. Ce sera aussi merveilleux de pouvoir remercier les partisans une fois de plus pour tout leur support au fil des années », a confié Grissom avec enthousiasme pendant un généreux entretien avec le RDS.ca.

Au fil des années, Grissom est revenu en sol montréalais – où il a entamé sa carrière professionnelle - à quelques occasions et cette cérémonie à l’équipe qui est considérée comme la plus puissante de l’histoire des Expos le ravit.

Marquis Grissom« C’est génial parce que ça fait déjà 20 ans. C’est excitant qu’on se souvienne d’une équipe qui n’a pas remporté la Série mondiale après une si longue période. Je perçois cela comme un hommage à Montréal en entier et à l’organisation des Expos en général. Il faut aussi penser au directeur général Kevin Malone et aux autres personnes qui ont construit cette équipe », a-t-il pris le temps de souligner.

Cette reconnaissance, qui sera tenue samedi le 29 mars au lendemain de l’honneur à Gary Carter, se veut aussi une façon de rappeler aux bonzes du baseball majeur que ce sport a déjà été très florissant dans la métropole québécoise.

Pour ces deux rencontres préparatoires des Blue Jays de Toronto face aux Mets de New York, plus de 80 000 amateurs pourraient se donner rendez-vous dans le Stade olympique qui essaiera de se montrer sous un jour intéressant.

Dans ses rêves les plus fous, Grissom voudrait encore davantage afin que le message soit aussi puissant que les relais de Larry Walker ou les rapides de Pedro Martinez et John Wetteland.

« J’aimerais voir deux salles combles et une longue file à la billetterie pour que tout le monde comprenne que Montréal est une ville de baseball. Si Montréal pouvait obtenir une deuxième chance, on verrait vraiment un support encore plus grand derrière l’équipe. C’est dommage, mais on ne réalise jamais à quel point on aimait quelque chose avant de le perdre », a affirmé celui qui se situe derrière nul autre qu’Andre Dawson comme meilleur voltigeur de centre de l’histoire de l’organisation.

« Les amateurs de Montréal ont été d’un grand appui, mais je crois qu’ils doivent être encore plus nombreux pour ces matchs surtout car ils ont lieu au Canada. Ça permettrait de ravoir une équipe plus facilement et il n’y a aucun doute dans ma tête que le baseball doit revivre à Montréal », a-t-il poursuivi.

Reconnu pour son sourire et sa joie de vivre, Grissom soutient qu’il ne se fie pas sur sa nature positive pour croire en cette renaissance, mais bien sur le côté réaliste du projet.

« Oh oui, c’est possible, mais ça prend un mouvement important et nous devons être nombreux à cogner aux portes pour finalement ouvrir les portes. Le baseball y était présent et connaissait du succès. Dans la vie, tu apprends de tes erreurs et toutes les villes qui ont perdu des formations de sport professionnel feraient des choses autrement si elles pouvaient ravoir une équipe », a visé Grissom avec justesse. Marquis Grissom

Cette initiative a pris davantage d’ampleur depuis l’implication de Warren Cromartie et Grissom ne déclinerait pas une participation éventuelle dans cette aventure.

« Je pourrais me joindre à lui. J’adorerais être l’entraîneur! », a ajouté en riant celui qui a mis cette deuxième carrière de côté pour se dédier à son association de baseball mineur.

En 2009, Grissom s’était joint au personnel d’entraîneurs des Nationals de Washington, mais il a refusé les invitations reçues à la suite de cette expérience. Même si ses qualités de leadership ainsi que ses aptitudes défensives et offensives semblent faire de lui un entraîneur de choix, il ne pense pas relancer cette avenue.

« Je reçois encore des offres, mais je dirige ma propre organisation qui regroupe six équipes présentement. Nous avons déjà eu 11 équipes et c’est exigeant de bien gérer tout cela », a expliqué Grissom qui supervise aussi le travail des entraîneurs.

« Je ne dis pas jamais, mais j’adore ce que je fais sauf que je suis comblé par mes responsabilités. Pour partir du niveau mineur et atteindre les majeures, il faut être dévoué et je ne veux pas m’impliquer avec une organisation sans être dédié à 100 % », a enchaîné celui qui s’occupe aussi de ses enfants et ses parents avec sa femme.

Le projet d’une vie

Né dans le chaud climat d’Atlanta dans une famille pauvre où ses parents ne pouvaient pas lui acheter un gant de baseball, un bâton ou balle, Grissom s’est rapidement senti investi d’une mission quand il a atteint le niveau supérieur et les millions reliés.

L’ancien numéro 9 des Expos a commencé par récompenser ses parents. Dès ses débuts à Montréal, il a payé pour l’installation d’un système d’air climatisé au domicile familial qui avait été construit 20 ans plus tôt par les mains de son père.

Peu de temps après avoir abandonné le baseball après des séjours avec les Expos, les Braves, les Indians, les Brewers, les Dodgers et les Giants, Grissom a fondé son projet visant à aider les enfants démunis à terminer au minimum leur école secondaire via un attachement au baseball.

Marquis Grissom avec des joueurs de son association« J’ai décidé de redonner à la communauté pour toutes les choses dont j’ai pu bénéficier en grandissant et grâce à ma carrière professionnelle. Je veux inculquer aux jeunes les valeurs de l’effort et les inciter à bien faire tout ce qu’ils entreprennent dans la vie », a-t-il raconté.

« Le nombre de joueurs noirs est en déclin au baseball aux États-Unis et je veux relancer ces statistiques et leur apprendre les principes de ce sport. Je veux former de bons athlètes, mais surtout de bonnes personnes qui feront une différence dans le monde. J’ai eu la chance de connaître une superbe carrière donc je sens que j’ai le devoir de redonner aux autres », a confié l’homme de 46 ans qui a produit 967 points et volé 429 buts en 17 saisons.

La MGBA (Marquis Grissom Baseball Association) récolte des résultats inspirants qui lui donnent le goût de poursuivre et d’améliorer son programme.

« Nous avons envoyé 141 jeunes à l’université depuis le début et nous avons généré plus de 2,4 millions en bourses scolaires depuis six ans. Nous avons aussi plusieurs jeunes qui ont accédé aux ligues mineures et on verra ensuite », s’est félicité Grissom avec raison.

Celui qui a capté le dernier retrait du match parfait de Dennis Martinez le 28 juillet 1991 considère que les athlètes professionnels doivent utiliser leur notoriété pour redonner aux autres.

« Je savais que c’était ma mission et ma récompense est de voir les jeunes revenir en tant qu’entraîneur ou obtenir de bons emplois dans des compagnies d’envergure. En bout de ligne, 99 % de nos jeunes complètent leur école secondaire et deviennent de bons citoyens. »

Échangé en 1995 par les Expos aux Braves, il a savouré son seul championnat avec cette organisation et ils ont conservé des liens étroits. Grissom travaille donc de concert avec les Braves pour amener des milliers de jeunes à des matchs.

« Je dois assister à 30 matchs ou plus et nous permettons à un total variant entre 10 000 à 20 000 jeunes par année de venir à des parties des Braves. Il faut dire que les Braves sont très gentils avec moi. Tout ça est merveilleux parce que la plupart de ces jeunes ne pourraient jamais aller dans un stade de baseball professionnel. C’est tellement beau de voir l’expression sur leur visage », a conclu celui qui organise depuis 15 ans un tournoi avec John Smoltz dont les finales sont disputées au Turner Field.

Deuxième partie le mardi 25 mars : Des souvenirs précieux avec les Expos