NEW YORK (AP) - Carlos Delgado s'oppose avec ferveur à la guerre et discrètement, cette saison, il a fait valoir sa prise de position en refusant de se lever pendant l'interprétation du "God Bless America" dans les divers stades du baseball majeur.

Peu de spectateurs l'ont vu se dissimuler dans le tunnel menant au vestiaire ou encore rester dans l'abri des joueurs. Même des coéquipiers qui désapprouvent ses vues politiques ont accepté son opinion à l'effet que l'invasion américaine de l'Irak était "la guerre la plus stupide jamais déclenchée".

Cette semaine, toutefois, un peu plus de gens ont remarqué.

Pour la première fois de la saison, mercredi, les Blue Jays se sont arrêtés au Yankee Stadium, le seul stade des majeures où on a fait jouer le "God Bless America" à chaque match depuis les événements du 11 septembre 2001.

"Je ne crois pas que ce sera bien accepté", a opiné le gérant des Yankees, Joe Torre, avant l'ouverture de la série de deux matchs face aux Blue Jays.

A sa première présence au bâton, mercredi, Delgado a été accueilli par quelques huées. On ignore si ces chahutements étaient reliés à ses convictions politiques ou au fait qu'il est un joueur étoile au sein d'une équipe rivale.

Si la plupart des joueurs des majeures montent sur la première marche de l'abri, ou sur le terrain, pendant l'interprétation du "God Bless America", Delgado n'affiche pas sa position au grand public.

En fait, jusqu'à ce qu'il s'exprime sur la question lors d'une entrevue accordée au Toronto Star, au début du mois, personne ne savait à quel point le joueur de premier but des Blue Jays avait des opinions bien arrêtées sur le sujet.

"Ce qui s'est passé le 11 septembre est tragique. Mais ce qui s'est produit en Afghanistan et en Iraq est également tragique, avait alors déclaré Delgado. Je me sens très triste pour les familles qui ont perdu des proches et des êtres chers durant la guerre.

"Mais je crois qu'il s'agit de la guerre la plus stupide de l'histoire, a répété Delgado. Contre qui vous battez-vous? A l'heure actuelle, vous êtes pris dans une embuscade. Nous avons perdu plus de gens depuis la fin de la guerre que pendant. Je n'approuve pas ce qu'ils font. C'est tout simplement stupide."

Delgado, qui est natif de Porto Rico, s'oppose également à la pratique américaine de longue date d'utiliser l'île de Vieques pour ses tests militaires.

Poliment, Delgado a refusé d'élaborer avant le match de mercredi soir, bien qu'il ait fait savoir qu'il n'avait pas changé d'idée.

Mais les New-Yorkais ont pu prendre connaissance de ses opinions dans un article publié dans le New York Times, mercredi.

Delgado y est cité ainsi: "Il faut être un homme pour se tenir droit et avoir des principes.

"Je ne suis pas pro-guerre, je suis anti-guerre, a-t-il aussi mentionné. Je prône la paix."

Selon J.P. Ricciardi, le directeur général des Blue Jays, la direction de l'équipe n'a reçu aucun commentaire, ni réaction de la part d'amateurs au sujet de la prise de position de Delgado.

Paul Godfrey, le président de l'équipe, dit respecter l'opinion de Delgado, mais il ne partage pas ses convictions.