RDS présentera ce soir à 19 h, dans le cadre de la série 25 ans d'émotions, Felipe Fierté Dominicaine.

 

Fierté. C'est le mot qui me revient en grosses lettres après la lecture de la biographie de Felipe Alou, sortie en anglais au début du mois d'avril.

 

Fier de ses racines dominicaines, fier de ses réalisations, que ce soit au niveau sportif ou personnel, fier d'avoir la conviction d'avoir fait les choses de la bonne façon tout au long de son parcours dans le monde du baseball, que ce soit comme joueur ou gérant.

 

Personnage passionnant, l'auteur Peter Kerasotis a eu l'idée d'une biographie en apprenant que c'est dans son coin de pays, dans le région de Cocoa en Floride, que Felipe Alou a fait ses débuts dans le baseball professionnel. Après quelques interventions du gérant Bruce Bochy, des Giants de San Francisco, pour lesquels travaille toujours Felipe à titre de consultant, le travail a véritablement commencé. Il s'agit de la deuxième biographie de Felipe, la première étant sortie en 1967. Cinquante ans plus tard, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et une mise à jour était certes de mise.

 

Sur près de 300 pages, l'ouvrage en consacre environ le tiers sur son passage avec les Expos de Montréal. Il lui a fallu 15 ans, principalement dans les ligues mineures, avant qu'on lui confie l'équipe en 1992, des années pendant lesquelles il a élevé plusieurs espoirs des Expos. Il a été gérant surtout avec West Palm Beach, au niveau A. Il peut sembler surprenant que ce soit par choix (à défaut d'être avec la grande équipe bien sûr!) mais cela permettait à Felipe de jumeler ses deux passions, le baseball et la pêche, et pas nécessairement dans cet ordre, diront certains! Plusieurs de ses joueurs lui ont rendu hommage au fil des ans, dont David Palmer, Scott Sanderson et Pedro Martinez, qui d'ailleurs y va d'un témoignage fort touchant en ouverture du livre.
 

À propos de son embauche en remplacement de Tom Runnells à la tête de l'équipe en 1992, Felipe donne beaucoup de crédit au directeur général de l'équipe, Dan Duquette. C'est sous sa gouverne que les Expos ont été fort compétitifs de 1992 à 1994, année de la tristement célèbre grève qui a forcé l'annulation de la Série mondiale.

 

Il est évident à la lecture du bouquin qu'il demeure encore amer lorsqu'il est question du démantèlement de l'équipe qui a suivi en avril 1995. Il remet d'ailleurs sérieusement en question le jugement et les motivations derrière les décisions de Claude Brochu, allant même jusqu'à se demander si la haute direction désirait vraiment gagner. Il n'est pas très tendre non plus à l'endroit de Jeffrey Loria, prévenant même un journaliste de ne pas lui faire confiance peu de temps après son entrée en scène.

 

Mais si l'intérêt pour les amateurs d'ici se situe sur son séjour comme gérant à Montréal, le reste de son parcours demeure fascinant, que ce soit son enfance au sein d'une famille ayant peu de moyens dans une République dominicaine dominée par une dictature, ou encore de sa découverte d'une dure réalité aux États-Unis face aux gens de couleur, et de son arrivée dans le baseball majeur avec les Giants à la fin des années 1950.