MONTRÉAL – Un nouveau départ avec une organisation qui le désirait, voilà peut-être ce dont avait besoin Phillippe Aumont pour atteindre sa véritable valeur dans l’exigeant monde du baseball professionnel.

À 27 ans, le lanceur québécois se retrouve déjà associé à une quatrième équipe avec laquelle il espère trouver les réponses aux questions qui l’ont empêché de s’établir dans les majeures.

Pour le moment, Aumont ne se retrouve pas en position de force puisqu’il a accepté un contrat des ligues mineures avec les White Sox de Chicago. Cependant, il se sent mieux outillé que jamais pour franchir le dernier pas, celui de gagner son poste à temps plein au niveau supérieur.

Au cours des dernières semaines, le grand droitier a mis toutes les chances de son côté autant physiquement que mentalement. D’ailleurs, le déclic qu’il recherche depuis quelques années pourrait provenir de l’accent accordé à soigner son trouble déficitaire de l’attention.

À la suite d’un processus de perfectionnement auprès d’Éric Gagné en compagnie d’autres joueurs comme Kevin Young et Jesen Therrien, Aumont entend donner raison à ses nouveaux patrons.

« Je veux arriver en leur montrant que je suis capable de m’améliorer et démontrer que je travaille tous les jours sur la constance. Il arrivera ce qui arrivera, mais en tant que joueur, je vais faire ma part », a proposé Aumont.

Jusqu’à présent, le droitier de six pieds sept pouces a surtout eu l’occasion de s’entretenir avec Don Cooper, l’entraîneur des lanceurs qui lui fournira le chemin à suivre à partir de maintenant.

« On a eu une bonne discussion, ils veulent du bien pour tous leurs lanceurs. Il pense seulement au positif et il laisse le négatif de côté. Sa vision, c’est qu’on travaille sur nos forces et encore plus sur nos faiblesses », a révélé Aumont avec enthousiasme.

Le Gatinois l’a souvent répété, il a peiné à développer son arsenal avec les Phillies puisque l’organisation a modifié sans cesse son approche avec lui. Par conséquent, il souhaite avant tout trouver une direction plus constante sous la supervision de Cooper qui encadre les lanceurs des White Sox depuis plus de 12 ans.

« C’est exactement ça. J’aimerais qu’on travaille sur des points précis et constants dans ma technique, ça va m’aider à me placer sur la bonne voie et aller chercher le meilleur chez moi », a confirmé Aumont tout en comprenant qu’un changement d’organisation rime avec une autre vision.

Mais la technique ne fait pas le tour du sujet, Aumont doit également savoir s’il sera utilisé dans la fonction de partant ou releveur. Bien sûr, dans sa situation, Aumont ne peut guère faire la fine bouche, mais on sent sa préférence pour la mission de lui confier la balle dès la première manche.

« C’est certain que j’aimerais être partant. J’ai bien aimé mon début d’année l’an passé dans ce rôle. Ensuite, je suis sorti un peu de la bonne voie. Mais je vais faire ce que les White Sox voudront. Je suis prêt pour ça, je vais aller m’amuser avec ma nouvelle organisation », a répondu l’artilleur.

Son travail comme partant en 2015 l’avait mené à son tout premier départ dans le baseball majeur. Malheureusement pour lui, ce chapitre ne s’est pas déroulé comme il le souhaitait et il s’est par la suite séparé de l’organisation des Phillies.

Par la suite, son chemin s’est arrêté avec les Blue Jays, mais son expérience dans les mineures n’a pas été fructueuse avec eux. L’occasion avec les White Sox peut donc être perçue comme celle de la dernière chance pour celui qui a été échangé des Mariners aux Phillies en 2009.

« Je préfère aborder les choses une année à la fois. C’est certain que c’est plate d’être coincé entre le niveau AAA et les majeures. Si tu t’investis à 100 %, l’opportunité sera là. Mais si tu te traînes les pieds et que tu leur démontres que tu n’es pas là entièrement, les portes vont commencer à se fermer. Je reste le gars terre à terre et respectueux avec tout le monde », a indiqué Aumont.

« Que je réussisse une bonne ou une mauvaise année, je crois que ce sera une bonne expérience de plus. Je ne m’attarde pas aux choses négatives, je veux aller travailler fort et participer éventuellement à une saison gagnante avec les White Sox. »

Le simple fait de pouvoir relancer sa carrière aurait été suffisant pour égayer son état d’esprit, mais Aumont se rapportera également à une formation qui convoitait ses services depuis un certain temps.

« C’est toujours intéressant d’aller dans une organisation qui s’intéresse à toi. Tu ne veux pas être simplement une roue de secours. […] Ils veulent travailler avec moi et je suis prêt pour ça. Je veux leur prouver que je n’ai pas fini de lancer des balles », a-t-il témoigné.

« Ils ont poussé pour venir me chercher, ce qui a joué un grand rôle dans ma réflexion. »

Aumont a opté pour l’offre des White Sox alors que quelques équipes s’étaient ajoutées dans le portrait. Comme n’importe quel athlète, il a hâte de voir où il parviendra à se classer dans la hiérarchie du club dominée par les partants Chris Sale, Jose Quintana et Carlos Rodon.

« J’ai un peu regardé comment leur formation était structurée, mais pas tant que ça. J’ai une occasion pour aller au camp et, dans mon monde, c’est la seule chose dont j’ai besoin pour essayer de me démarquer. Je vais me battre pour gagner une place qu’il y ait 20 ou 50 lanceurs au camp d’entraînement », a évalué Aumont qui a adoré représenter le Canada à deux autres reprises lors des Jeux panaméricains et le tournoi Premier 12.

Le Québécois entamera le camp d’entraînement avec l’état d’esprit désiré malgré la fin décevante après quelques années à bûcher avec les Phillies.

« Je suis en paix avec ça. Je me devais de tourner la page et c’était la même chose pour eux. J’ai décidé de partir même si j’ai grandi avec eux. Ils m’ont donné une chance sans que ça fonctionne et ça arrive dans le monde du sport. Je n’ai aucun regret ou mauvais sentiment envers eux. Quand j’ai eu le dernier appel avec Ruben (Amaro fils, qui était le directeur général), je l’ai remercié pour l’occasion et les dernières années », a confié Aumont.

Au lieu de se rapporter aux White Sox, le droitier aurait pu s’exiler jusqu’en Asie, mais les éléments n’étaient pas réunis pour ce déménagement plus drastique.

« J’ai mis ça de côté pour cette année pour rester en Amérique du Nord », a conclu Aumont qui essaiera de donner raison à son choix et celui des White Sox.