La tenue des Blue Jays de Toronto, une équipe bâtie par le Montréalais Alex Anthopoulos, a soulevé l’intérêt des amateurs de baseball à travers le pays cette saison. Et si parfois certains dirigeants connaissent du succès grâce à leurs prédécesseurs, cette équipe est vraiment la sienne, lui qui est en poste depuis l’automne 2009. Voyons les décisions qui ont été prises dans la construction de ce qui est considéré actuellement comme la meilleure équipe du baseball majeur.

D’abord, Anthopoulos mérite tout le crédit pour les succès des Jays. Au baseball comme au hockey, il faut attendre au moins cinq ans pour vraiment évaluer le travail d’un directeur général. Pourquoi cinq ans? C’est ce qu’il faut pour bâtir (ou rebâtir) une organisation par sa base en commençant par le réseau de filiales et le développement des joueurs, et éventuellement fournir les éléments essentiels au succès à long terme d’une équipe. Les deux premières décisions importantes d’Anthopoulos impliquent deux joueurs acquis dans des transactions complétées par l’administration précédente, Jose Bautista et Edwin Encarnacion. Vrai que J.P. Ricciardi est celui qui est responsable de leur venue, mais Anthopoulos s’est chargé de conservé leurs services pour plusieurs saisons en concluant des contrats à long terme avec ces deux frappeurs de puissance qui se sont pleinement réalisés à Toronto. Par la suite, on a assisté à l’éclosion du système de filiales, permettant à Anthopoulos de compléter de spectaculaires transactions, notamment avec les Mets de New York pour R.A. Dickey et les Marlins de la Floride pour Mark Buehrle et Jose Reyes.

En 2014, on a commencé à voir les fruits du travail réalisé depuis 2009. Ils ont occupé le premier rang de la section Est de la Ligue américaine jusqu’en juillet. On a aussi assisté à l’émergence de plusieurs jeunes lanceurs dans un réseau de filiales qui faisait l’envie des autres organisations.

Après la saison, Anthopoulos a donné deux grands coups : il acquiert Josh Donaldson des A’s d’Oakland et Russell Martin comme joueur autonome. La tenue de Donaldson ne devrait pas surprendre : il passait d’un stade favorisant largement les lanceurs à un environnement offensif. Ses statistiques, déjà excellentes à Oakland, étaient vouées à augmenter de façon sensible. Quant à Martin, sa venue visait plusieurs objectifs. D’abord, strictement à titre de joueur, Martin a une feuille de route impressionnante offensivement à une position difficile. Ensuite, Martin a gagné partout où il est passé : avec les Dodgers, les Yankees et les Pirates. Un autre élément important de l’arrivée de Russell Martin : l’éclosion imminente des principaux espoirs des Jays au monticule. La recrue Marcus Stroman venait de connaître une bonne saison et on comptait sur Aaron Sanchez et Daniel Norris pour occuper deux autres places au sein de la rotation des partants. L’expérience de Martin avec les lanceurs (il a toujours soutiré le maximum de ceux-ci selon les statistiques avancées) devenait donc un autre facteur en faveur de sa venue à Toronto. Et finalement, l’aspect patriotique est un élément à ne pas négliger. Bref, toutes les raisons au monde justifiaient l’embauche du receveur québécois.

Le sport professionnel n’étant pas une science exacte, les Jays ont pris du temps à se mettre en marche en 2015. Au cours des trois premiers mois de la saison, ils ont occupé le troisième rang de la section Est de la Ligue américaine, une situation extrêmement frustrante pour les Jays et Alex Anthopoulos. Non pas que les Jays jouaient mal, mais le dossier de l’équipe ne reflétait en aucun cas la qualité des performances des joueurs : c’est que Toronto détenait le meilleur différentiel de la Ligue et de loin!! Ce fameux différentiel est souvent considéré comme un meilleur évaluateur du rendement d’une équipe que la fiche victoires-défaites.

Anthopoulos savait qu’il avait la meilleure équipe de sa section, loin devant les Yankees, les Orioles et les Rays. Devant cet état de fait, il s’est convaincu de ne pas laisser filer cette occasion. Nul doute que ce différentiel largement favorable à son équipe a influencé sa décision d’acquérir David Price, Troy Tulowitzki, Ben Revere, LaTroy Hawkins et Mark Lowe. Ce n’est pas un hasard si les Jays ont une fiche aussi spectaculaire depuis l’arrivée de ces nouveaux joueurs : ils sont venus ajouter à une équipe qui était déjà bien pourvue! De plus, ces acquisitions ont permis de retourner Aaron Sanchez pour lancer la huitième manche de sorte que les Jays n’ont rien à envier à qui que ce soit en relève depuis un mois et demi.

Tous ces changements n’auraient pas été possibles si le réseau de filiales n’avait pas été aussi garni, un réseau bâti et développé sous la haute direction d’Alex Anthopoulos.

Comme on peut le constater, l’édition 2015 des Blue Jays a été un travail de longue haleine et on peut lever notre chapeau au travail du directeur général des Jays.